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heterotopias that create a space of illusion which turns every real space in human life even
more illusory – some kind of fulfilled utopias, condensed real spaces, somehow inverted,
places without places. From the beginning, we are aware that the room is unfamiliar, the
scene is unfamiliar, and even the Isle of Swans that really exists in Paris, located between the
fifteenth and sixteenth arrondissement (Plate 25), gives us a sense of unfamiliarity, as if it
belonged to another space or time, an aura of haunted space, of time outside time. Actually, in
his third principle
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, Foucault relates the theater, cinema, garden, and even carpets and rugs to
what he calls “sacred space”, a sacred rectangle that, like the Persian rugs that always
represented gardens, is supposed to bring together within it four parts representing the four
parts of the world. According to Foucault, the garden is a rug onto which the whole world
comes to enact its symbolic perfection, and the rug is a sort of garden that can move across
space, like the Isle of Swans that had its site changed, like its replica of the Statue of Liberty
that had its position altered and its cultural reference crossed over, superposed. The urban
space of the sad tale reveals itself empty, not the expectation of an encounter, but the desire to
believe in that possibility, the longing for a name, a dear face. “Unfamiliar room. Unfamiliar
scene. Out to where nothing ever shared. Back to where nothing ever shared. From this he had
once half hoped some measure of relief might flow” (OI, p. 12). A sacred rectangle, like the
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Troisième principe. L'hétérotopie a le pouvoir de juxtaposer en un seul lieu réel plusieurs espaces, plusieurs
emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles. C'est ainsi que le théâtre fait succéder sur le rectangle de la
scène toute une série de lieux qui sont étrangers les uns aux autres; c'est ainsi que le cinéma est une très curieuse
salle rectangulaire, au fond de laquelle, sur un écran à deux dimensions, on voit se projeter un espace à trois
dimensions; mais peut-être est-ce que l'exemple le plus ancien de ces hétérotopies, en forme d'emplacements
contradictoires, l'exemple le plus ancien, c'est peut-être le jardin. Il ne faut oublier que le jardin, étonnante
création maintenant millénaire, avait en Orient des significations très profondes et comme superposées. Le jardin
traditionnel des persans était un espace sacré qui devait réunir à l'intérieur de son rectangle quatre parties
représentant les quatre parties du monde, avec un espace plus sacré encore que les autres qui était comme
l'ombilic, le nombril du monde en son milieu, (c'est là qu'étaient la vasque et le jet d'eau); et toute la végétation
du jardin devait se répartir dans cet espace, dans cette sorte de microcosme. Quant aux tapis, ils étaient, à
l'origine, des reproductions de jardins. Le jardin, c'est un tapis où le monde tout entier vient accomplir sa
perfection symbolique, et le tapis, c'est une sorte de jardin mobile à travers l'espace. Le jardin, c'est la plus petite
parcelle du monde et puis c'est la totalité du monde. Le jardin, c'est, depuis le fond de l'Antiquité, une sorte
d'hétérotopie heureuse et universalisante (de là nos jardins zoologiques).
Available at : http://www.foucault.info/documents/heterotopia/; site visited on January 5
th
2009.