isérables jouets de notre vanité,
Faisons au moins l'aveu de notre infirmité.
A quoi bon, quand la fièvre en nos artères brûle,
Faire de notre mal un secret ridicule ?
Le feu sort de vos yeux pétillants et troublés,
Votre pouls inégal marche à pas redoublés :
Quelle fausse pudeur à feindre vous oblige ?
Qu'avez−vous ? − Je n'ai rien. − Mais... − Je n'ai rien, vous dis−je.
Répondra ce malade à se taire obstiné.
ais cependant voilà tout son corps gangrené
Et la fièvre, demain se rendant la plus forte,
Un bénitier aux pieds va l'étendre à la porte.
Prévenons sagement un si juste malheur.
Le jour fatal est proche, et vient comme un voleur.
Avant qu'à nos erreurs le ciel nous abandonne,
Profitons de l'instant que de grâce il nous donne,
Hâtons−nous ; le temps fuit, et nous traîne avec soi,
Le moment où je parle est déjà loin de moi.
ais quoi ! toujours la honte en esclaves nous lie,
Oui, c'est toi qui nous perds, ridicule folie:
C'est toi qui fis tomber le premier malheureux,
Le jour que, d'un faux bien sottement amoureux,
Et n'osant soupçonner sa femme d'imposture,
Au démon, par pudeur, il vendit la nature. Hélas ! avant ce jour qui perdit
ses neveux,
Tous les plaisirs couraient au−devant de ses voeux.
La faim aux animaux ne faisait point la guerre ;
Le blé, pour se donner, sans peine ouvrant la terre,
N'attendait point qu'un boeuf, pressé de l'aiguillon,
Traçât à pas tardifs un pénible sillon ;
La vigne offrait partout des grappes toujours pleines,
Et des ruisseaux de lait serpentaient dans les plaines.
ais dès ce jour Adam, déchu de son état,
D'un tribut de douleurs paya son attentat.
Il fallut qu'au travail son corps rendu docile
A M. Arnauld
A M. Arnauld 3