de retrouver ses instructions et sa force
dans l' accomplissement de la plus
sage loy qui fût jamais ; parce que
dans cet accomplissement seul réside
cette plénitude de satisfaction que
ne connoissent pas ceux qui vivent au
hazard ou dans le désordre ; les desirs
inquiets, les craintes serviles, les dépits
secrets du merite personnel ou de
l' avancement des autres, les emportemens
féroces, l' odieuse inhumanité,
les attentats à l' innocence, ne sont
point le partage des hommes vertueux.
La vraie vertu est donc un composé
d' honneur, de raison, de religion ;
mais ici je dois remarquer que la plûpart
des hommes, au lieu d' acquerir
la vraie vertu, ne prennent que le faux
de chaque vertu. Tel passe pour homme
d' honneur qui n' en a que l' apparence ;
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tel passe pour un homme raisonnable,
pour un sage, qui dans le
vrai est un bizarre, un homme insupportable,
un fou ; et tel passe pour
très-fidele aux devoirs de la religion,
qui dans le fond n' est qu' un superstitieux,
un visionaire, et qui peut-être
n' a eu que le secret de bien cacher ses
vices. Combien de gens nous ébloüissent
par des dehors brillans, par des
biens immenses, par de grands postes,
et souvent par de fausses vertus qui
nous feroient pitié, si moins susceptibles
de prévention nous voulions
bien nous donner la peine de les approfondir
et de les examiner par les
moeurs, par le coeur, par l' esprit !
On voit des hommes qui se piquent
d' une excessive délicatesse en fait
d' honneur, qui ne connoissent pas le
véritable honneur ; qui toujours guindez
sur des échasses, toujours hérissez,
prêts à s' offenser de tout et contre
tout le monde, donnent une fausse interprétation
à tout procedé, à tout discours,
dont ils s' imaginent avoir lieu
de se plaindre. Tout merite, autre que
le leur, qui se trouve placé, leur paroît
une injustice monstrueuse. Ils se