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Langue Française (InaLF)
Traité de mécanique [Document électronique]. Tome second / par S. D.
Poisson,...
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Ier mesure des forces en ayant égard aux masses des mobiles.
3 io la masse d' un corps est la quantité de matière dont
il est composé. Dans les corps homogènes, la masse est
proportionnelle au volume ; mais les corps formés de différentes
substances, comprennent, ennéral, sous le même volume, des
quantis de matière plus ou moins grandes. Nous nous
représentons les parties intimes de tous les corps de la nature,
séparées les unes des autres par des espaces vides, que nous
appelons les pores
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de la substance ; et c' est en élargissant ou en diminuant ces
espaces, que nous concevons des nombres plus petits ou plus
grands de parties matérielles, renfermées sous des volumes égaux.
La connaissance de la masse des corps nous est done par cette
propriégénérale de la matière qu' on appelle l' inertie .
En effet, concevons un corps posé sur un plan horizontal
parfaitement poli, de manière qu' il n' éprouve aucun frottement
contre ce plan ; son poids ne s' opposera pas non plus à ce qu'
il puisse glisser le long d' un plan qu' on suppose horizontal ;
cependant, si nous voulons le mouvoir sur ce même plan, il nous
faudra, pour parvenir à le déplacer, faire un effort quelconque,
uniquement à ce que la matière dont ce corps est composé, ne
saurait se mouvoir d' elle-même et sans l' action d' une force,
c' est-à-dire, uniquement dû à l' inertie de la matière. Si à ce
corps on en ajoute un second, l' effort cessaire pour les
mouvoir ensemble, devra être évidemment plus grand que pour en
déplacer un seul ; et en général, cet effort sera d' autant plus
grand, que la masse qu' on veutplacer, sera elle-même plus
considérable. Ainsi, lorsqu' on essaie de mouvoir différens corps
sur un plan horizontal, la grandeur des efforts que l' on est
obligé de faire, pour leur imprimer le même mouvement, peut
donner l' idée de leurs masses respectives ; et quand on trouve
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que deux corps de même volume exigent des efforts différens, on
doit les regarder comme contenant, sous ce volume, des quantités
différentes de matière inerte. Mais le phénomène
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le plus propre à donner une idée précise de leurs masses, et qui
peut même servir à en déterminer numériquement le rapport, c' est
le choc des corps dénués d' élasticité ; nous allons donc
analyser un cas très-simple de ce phénomène, sur lequel nous
reviendrons dans un des chapitres suivans. 3 ii les mobiles
dont il va être question, seront des sphères homogènes, formées
de différentes matières compressibles, mais dépourvues d'
élasticité ; nous mettrons leurs centres en mouvement sur une
même droite, et nous supposerons que tous les points de chaque
sphère crivent des parallèles à cette droite, avec une vîtesse
commune. Si deux de ces sphères, égales en volume et de me
matière, viennent à se rencontrer avec des vîtesses égales et
contraires, il est évident qu' elles se comprimeront l' une
contre l' autre, jusqu' à ce que leurs mouvemens soient détruits
et qu' elles soient réduites au repos. On conçoit encore que si
la vîtesse de l' une est plus grande que celle de l' autre, la
plus petite vîtesse sera seule détruite, et la plus grande sera
diminuée d' une quanti égale à la plus petite. Appelons donc A
l' une des sphères, et B l' autre ; soient Aetb leurs tesses,
et supposons (..) : à l' instant du choc A sera réduite au repos,
et B conservera la vîtesse (..) ; par conséquent si l' on
enlevait la sphère A, aussitôt après le choc, B continuerait à
se mouvoir dans le même sens qu' auparavant, avec une vîtesse (..)
. Supposons que B rencontre une seconde sphère (..) , égale à la
première,
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et animée de la même vîtesse A ; si (..) surpasse encore A, (..)
sera réduite au repos, et la vîtesse de B deviendra (..) .
Supprimons (..) aussitôt après le second choc ; imaginons ensuite
que B rencontre successivement une série de sphères (..) , et
animées de la vîtesse A : après un nombre quelconque N de
semblables chocs, la vîtesse de B sera réduite à (..) ; de sorte
que si la vîtesse B est un multiple de A et égale à Na, elle
se trouvera entièrement épuisée, et le corps B seraduit au
repos. Cela posé, si les corps (..) , qui sont en nombre N,
forment une série de sphères juxtaposées / Figire /, et que
cette série, animée de la vîtesse A, vienne choquer la sphère B
, la vîtesse Na de celle-ci, sera détruite comme précédemment.
En effet, nous pouvons supposer entre les spres (..) , des
intervalles infiniment petits ; et alors tout se passera dans ce
cas, comme dans le précédent : A perdra d' abord sa vîtesse A,
et celle de B sera duite à (..) ; (..) agissant sur B, par l'
intermédiaire de la sphère A qui reste interposée entre ces deux
corps, perdra sa vîtesse A, et réduira celle de B à (..) ; (..)
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agissant sur B, par l' interdiaire des deux sphères (..) ,
perdra de même sa vîtesse A, et celle de B sera encore diminuée
de A, ouduite à (..) ; et ainsi de suite, jusqu' à la dernière
sphère de la série, qui épuisera le dernier degré de vîtesse de
B. En général, il est aisé de voir que si deux séries de sphères
juxtaposées, égales en volume et de même
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matière, viennent à se rencontrer, elles se feront équilibre,
lorsque dans chaque série la vîtesse sera en raison inverse du
nombre des sphères.
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3 i 4 il suit de là que la densité relative de deux corps,
exprime également le rapport de leurs poids et celui de leurs
masses, sous le même volume ; en prenant donc pour unité de
densité, celle d' une substance convenue, par exemple la densité
de l' eau, au maximum de condensation / N 93 /, et en
choisissant pour unité de masse, celle de la même substance sous
l' unité de volume, on aura (..) ; M, V, D désignant la masse,
le volume et la densité
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d' un corps quelconque. Si l' on joint à cette équation celle du
N 94, savoir : (..) , on aura toutes les relations qui existent
entre la pesanteur, le poids, la masse, le volume et la densi
d' un même corps. 3 i 5 en partant de ce principe, que les
forces qui produisent le même mouvement sont proportionnelles aux
masses des mobiles, et sachant, en outre, que leurs intensités
sont entre elles comme les vîtesses qu' elles impriment à un même
corps, il nous sera aisé d' exprimer ces intensités par des
nombres, dans le cas général où les vîtesses et les masses sont
différentes. Supposons d' abord qu' on veuille comparer les
intensités de deux forces de l' espèce de celles qui agissent
instantanément sur les mobiles ; on trouvera qu' elles sont entre
elles, en raison composée des masses auxquelles ces forces sont
appliquées, et des vîtesses qu' elles leur impriment, en
supposant, toutefois, que ces vîtesses sont les mêmes en grandeur
et en direction pour tous les points d' un même corps. En effet,
soient (..) les forces, (..) les masses, (..) les vîtesses ;
considérons un troisième corps dont la masse arbitraire sera
représentée par M ; signons par (..) la force qui lui
imprimerait la vîtesse (..) , et par (..) celle qui lui imprimerait
la vîtesse (..) . Puisque les forces F et (..) font prendre le
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même mouvement uniforme, aux masses M et M, elles sont entre
elles comme ces masses ; on a donc (..) ; et, par une semblable
raison, (..) ; d' ailleurs (..) agissant sur un même corps, sont
entre elles comme les vîtesses (..) , qu' elles lui impriment / Ni
95 / : donc (..) ; or, de ces trois proportions, on conclut celle-
ci : (..) . On appelle quantité de mouvement d' un corps, le
produit de sa masse par sa vîtesse. Ainsi les forces dont l'
action est instantae, ont pour mesure la quantité de mouvement
qu' elles produisent. Une même force imprime la même quantité de
mouvement à tous les corps ; mais il en résulte, pour ces corps,
des vîtesses qui sont en raison inverse de leurs masses ; de
sorte que la force qui serait capable d' imprimer une vîtesse (..)
, à une masse M, communiquera unetesse égale à (..) , à une
autre masse M.
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Ii attraction universelle ; masses des planètes. 3 i 9
toutes les molécules de la matière s' attirent mutuellement en
raison directe des masses et inverse du carré des distances.
cette grande loi de la nature, découverte par Newton, est une
conséquence nécessaire du calcul et des faits observés. Si l' on
admet, par exemple, le mouvement elliptique des planètes autour
du soleil et la loi des aires, comme des données de l'
observation, le calcul démontre que ces corps sont
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retenus dans leurs orbites par une force dont l' intensité suit
la raison inverse du carré des distances à cet astre / N 24 o /.
En partant ainsi des résultats de l' expérience, on peut voir,
dans l' exposition du système du monde de M Laplace,
comment on est conduit, sans hypothèses et par une suite de
raisonnemens rigoureux, au principe de l' attraction
universelle : nous le regarderons ici comme une vérité
démontrée, et nous nous bornerons à en déduire quelques
conséquences relatives à la pesanteur terrestre et à la force qui
agit sur les planètes, qui nous feront mieux connaître la nature
de ces deux forces. 32 o celle qui retient les planètes dans
leurs orbites, n' est autre chose que la résultante des
attractions de toutes les molécules solaires, sur toutes les
molécules de chaque planète ; vu la petitesse des dimensions du
soleil et des planètes, relativement aux distances qui séparent
ces corps, on conçoit que ces attractions pourront être regardées
, sans erreur sensible, comme des forces parallèles et égales,
dans toute l' étendue d' une même planète ; leur résultante est
donc égale à leur somme, et l' on en peut conclure que la
distance restant la même, la force motrice de chaque planète est
proportionnelle au produit de sa masse multipliée par celle du
soleil. Supposons donc, pour exprimer numériquement l' intensité
de cette force, que l' on prenne une certaine distance, par
exemple celle du soleil à la terre, pour unité liaire ;
choisissons aussi une masse et un intervalle de tems déterminés
pour unité
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de ces deux espèces de quantités, et prenons enfin pour unité de
force, comme dans le Ni 98, la force accélératrice constante qui
produit dans l' unité de tems une vîtesse égale à l' unité de
longueur ; concevons maintenant deux corps, dont les masses
soient égales entre elles et à celle qu' on a prise pour unité,
et qui soient placés à une distance l' un de l' autre, égale à l'
unité linéaire ; soit F la force attractive de l' un de ces deux
corps sur l' autre, c' est-à-dire le rapport numérique de son
intensité à celle de la force prise pour unité ; soient aussi M
et M, les masses du soleil et de la planète, et R, leur
distance mutuelle : la force motrice de la planète sera exprimée
par Mmf, à l' unité de distance, et elle deviendra (..) , à la
distance quelconque R. La grandeur de la quantité que nous
désignons par F, pend du pouvoir attractif dont la matière a
été douée ; ce pouvoir est le même, à égalité de masse et de
distance, pour tous les corps de la nature ; rien, jusqu' à
présent, ne nous a appris qu' il augmente ou qu' il diminue avec
le tems ; et nous avons lieu de penser qu' il a été et qu' il
restera constamment le même.
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325 observons maintenant que si le point A est placé dans la
partie vide du corps / Fig 4 /, on a (..) , relativement à tous
ses élémens ; il faut donc alors prendre le signe inférieur, ce
qui réduit à zéro la quantité précédente ; d' où l' on conclut
que l' attraction d' une sphère creuse, homogène et d' une
épaisseur constante, sur un point matériel pladans son
intérieur, est toujours nulle . Ainsi, quel que soit le lieu
l' on place un corps de figure quelconque dans l' intérieur de
cette spre, il y restera en équilibre ; car la résultante des
attractions que chaque point du corps éprouve, étant nulle, le
corps ne sera sollicité par aucune force. Si le point A est
placé hors du corps attirant / Fig 3 /, on aura (..) ; prenant
donc le signe surieur, dans la formule pcédente, on a (..) ,
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et, en intégrant par rapport à R, (..) ; C étant la constante
arbitraire. Soient donc (..) les rayons des surfaces extérieure et
intérieure du corps attirant ; l' intégrale définie, prise depuis
jusqu' à (..) , sera (..) . Cette quantité exprime la force
attractive qui agit sur le point A, suivant la droite Ac. Or,
si l' on désigne par M la masse du corps attirant, ou le produit
de son volume par sa densité, et si l' on fait attention que ce
volume est la différence de deux sphères dont les rayons sont (..)
, on aura (..) ; par conséquent la force attractive deviendra (..) .
Elle est la même que celle d' un point matériel dont la masse
serait M, et qui serait placée au point C ; il en faut donc
conclure que l' attraction d' un corps sphérique et homogène,
sur un point extérieur, est la me que si la masse entière de
ce corps était réunie à son centre . Ce théorème subsisterait
encore, si le corps attirant, au lieu d' être entièrement
homogène, était seulement composé de couches homogènes,
sphériques et concentriques ; car l' attraction de chaque couche
est la même que si la masse était réunie au
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centre commun, et l' attraction du corps entier est égale à la
somme des attractions de toutes ses parties. 326 la pesanteur
des corps placés à la surface de la terre, est due à l'
attraction du sphéroïde terrestre, un peu modifiée par la force
centrifuge de ces corps / N 262 / ; elle est donc un cas
particulier de l' attraction universelle, et pour cette raison on
appelle aussi cette attraction, la pesanteur ou la
gravitation universelle . Si la terre était formée de couches
sphériques homogènes, et qu' elle n' t pas de mouvement de
rotation, l' intensité de la pesanteur à sa surface serait
constante ; mais les couches homogènes dont elle est composée,
sont aplaties vers les pôles, et cet aplatissement, joint à la
force centrifuge qui provient de la rotation, produit, comme nous
l' avons jà dit / N 264 /, l' accroissement de pesanteur que
l' on observe, en allant de l' équateur aux pôles. Cependant,
comme cet aplatissement est peu considérable, l' attraction de la
terre sur les corps placés à sa surface, diffère peu de celle d'
une sphère de même masse et d' un rayon égal à son rayon moyen ;
en appelant donc L, ce rayon, et M, la masse de la terre, cette
attraction sera dirigée vers son centre, et à peu près égale à
. La force centrifuge diminue la pesanteur d' environ (..) à l'
équateur, et d' une moindre quantité en tout autre lieu ; si donc
on néglige cette petite diminution, et qu' on appelle G, la
pesanteur, on aura, par approximation, (..) .
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On pourrait même rendre cette valeur de G rigoureuse, en prenant
pour L, non pas le rayon moyen de la terre, mais un certain
rayon que la théorie détermine, et qui répond à un angle de
latitude dont le sinus est égal à (..) . Si l' on appelle (..) , la
densité moyenne de la terre, on aura aussi (..) . Lorsqu' on s'
élève au-dessus de la surface de la terre, la pesanteur, toujours
dirigée vers son centre, varie en raison inverse du carré de la
distance à ce point, du moins quand on fait abstraction de l'
aplatissement et de la force centrifuge ; car alors l' attraction
de la terre est la même que si la masse entière de cette sphère
était réunie à son centre. Dans l' intérieur de la terre, la
pesanteur suit une loi différente. En effet, si l' on considère
un point d' un corps composé de couches sphériques et homogènes,
ce point n' éprouvera aucune attraction de la part de toutes les
couches qui lui sont extérieures ; il ne sera donc attiré que par
une sphère dont la surface passe par ce point, et dont le rayon
est égal à sa distance au centre ; donc, en appelant (..) , cette
distance, et (..) , la densité moyenne des couches intérieures qui
forment cette sphère, l' attraction sera égale à (..) , et dirigée
vers le centre.
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C' est l' expression de la pesanteur dans l' inrieur de la
terre, supposée sphérique, etduction faite de la force
centrifuge. On voit qu' elle serait proportionnelle à la distance
au centre, si la densité (..) était constante, ou si toutes les
couches étaient de même densi; mais la densi des couches de
la terre décroît, suivant une loi inconnue, en allant du centre à
la surface, et pour cette raison, la loi de la pesanteur est
également inconnue. Ainsi l' hypothèse du N 2 o 2, appliquée à
une grande profondeur et jusqu' au centre même, ne doit être
regardée que comme un exemple de calcul ; cette hypothèse n' est
exacte que près de la surface de la terre, et dans une étendue
la densité ne varie pas sensiblement.
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33 o cette moyenne densité de la terre, conclue de la déviation
du fil à-plomb que produit l' attraction des montagnes, a é
évale à quatre ou cinq fois la densité de l' eau. Cavendish l'
a trouvée égale à environ cinq fois et demie cette densité, en la
terminant d' après l' attraction de deux globes de plomb, qu'
il a su rendre sensible au moyen de la balance de torsion .
Sans entrer ici dans tous les détails de cette belle expérience,
des diverses précautions qu' elle exige, et des calculs qu' il
faut faire pour
p35
en déduire un résultat exact, je vais seulement indiquer les
points principaux de ces calculs. La balance de torsion est l'
instrument le plus exact que nous ayons, pour servir à la mesure
des forces très-petites. Coulomb, à qui l' invention en est due,
l' a surtout employée à mesurer les forces d' attraction et de
répulsion des corps électrisés ; et pour cette raison, elle est
aussi connue en physique sous le nom de balance électrique .
Elle consiste principalement en un fil métallique, très-délié,
attacà un point fixe, et à l' extrémité duquel est suspendu un
levier horizontal. Supposons ce levier formé d' une tige très-
mince (..) , partae en deux parties égales à son point d' attache
B, et terminée par deux sphères d' un petit diamètre à ses
extrémités (..) ; du point B comme centre et d' un rayon égal à
Ba, décrivons, dans un plan horizontal, un cercle (..) , dont nous
diviserons la circonférence en un grand nombre de parties égales.
Lorsque le levier tournera autour du point B, ses extrémités (..)
parcourront cette circonférence, et les points de division
auxquels ils correspondront à chaque instant, feront connaître
les arcs qu' ils auront décrits. Tant que le fil de suspension n'
est point tordu, le levier reste en repos dans une certaine
position ; je suppose qu' alors il réponde à la ligne (..) , qu' on
pourra appeler la ligne de repos . Si l' on vient à l' écarter
de cette ligne, pour le mettre
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dans une autre position quelconque (..) , le fil de suspension sera
tordu sur lui-même, et cette torsion tendra à faire revenir le
levier vers la ligne de repos ; pour le retenir dans cette
position, supposons qu' on applique à ses deux extrémités, des
forces égales et contraires, dirigées dans le plan horizontal et
perpendiculaires à sa longueur ; la valeur commune de ces deux
forces sera la mesure de la force de torsion qui leur fait
équilibre : or, les expériences de Coulomb ont prouvé que le fil
de suspension restant le même, cette force de torsion est
proportionnelle à l' angle Abd ; en prenant donc l' angle droit
pour unité, appelant H la force de torsion qui répond à cet
angle, et désignant par (..) , l' angle Abd, la force de torsion,
dans la position (..) , sera égale à (..) . Ainsi, quand le levier
est dans cette position, la torsion de son fil de suspension
équivaut à deux forces égales à (..) , qui seraient appliquées aux
deux extrémités du levier, perpendiculairement à sa longueur et
en sens contraire l' une de l' autre, et qui tendraient à le
ramener vers la ligne (..) . Cela posé, approchons du levier deux
sphères homogènes, d' une même matière, d' un même diamètre, et
symétriquement placées de part et d' autre de la ligne (..) ;
soient (..) leurs centres, situés dans le plan horizontal qui
contient ce levier, à égale distance du point B, et sur une
droite (..) menée par ce point ; l' attraction de ces deux corps
va écarter le levier de la ligne de repos, et, à cause que tout
est semblable autour du point B, la droite (..) tournera autour
de ce point qui restera immobile. à
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mesure que le levier s' écarte de la ligne de repos, la force de
torsion augmente ; il existe une position dans laquelle cette
force ferait équilibre à l' attraction des deux sphères ; mais
comme le levier atteint cette position avec une vîtesse acquise,
il la dépasse et il oscille, de part et d' autre, à la manière d'
un pendule horizontal. L' observation fait conntre la durée des
oscillations ; en comparant la longueur de ce pendule à celle d'
un pendule ordinaire, qui ferait ses oscillations dans le même
tems, on en conclut le rapport de la force d' attraction de
chaque sphère, à la pesanteur, et par suite, on a le rapport de
la masse de cette sphère à celle de la terre. L' équation qui
sert à déterminer ce rapport, est facile à former, ainsi qu' on
va le voir.
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Principe général de dynamique. 332 la partie de la dynamique
qui va maintenant nous occuper, a pour objet de déterminer le
mouvement d' un corps ou d' un sysme de corps, dont les
différens points sont sollicités par des forces données en
grandeur et en direction. Ces points matériels, en vertu de leur
liaisonciproque, modifient l' action des forces qui leur sont
directement appliquées ; de sorte qu' ils ne se meuvent, en
général, ni avec les vîtesses que ces forces leur impriment, ni
dans les directions de ces vîtesses, et le plus souvent il serait
très-difficile d' assigner, à priori, lestesses et les
directions qu' ils doivent prendre. Heureusement cette difficulté
disparaît au moyen d' un principe général, que l' on doit à D'
Alembert, et d' après lequel on ramène toutes les questions de
dynamique à de simples questions d' équilibre. Voici l' énonde
ce principe : considérons un système de points matériels, liés
entre eux d' une manière quelconque, et dont les masses soient
; supposons qu' on applique à ces mobiles des forces qui
imprimeraient la vîtesse V, à la masse M, la vîtesse (..) , à la
masse (..) , la vîtesse (..) , à la masse (..) , etc., si chacune de
ces masses était isolée ; en vertu de la liaison des points
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du système, les vîtesses (..) , seront altérées dans leurs
grandeurs et dans leurs directions ; or, si l' on désigne par (..)
, les vîtesses inconnues que les masses (..) , prendront, suivant
des directions également inconnues, et si l' on appelle (..) , les
vîtesses qui seront perdues ou gagnées par ces mêmes masses, de
manière que Uetp soient les composantes de (..) , celles de (..) ,
celles de (..) , etc. : je dis qu' il y aura équilibre dans le
système, entre les quantités de mouvement perdues ou gagnées
; car si ces forces ne se faisaient pas équilibre, (..) , ne
seraient plus les vîtesses qui ont effectivement lieu ; ce qui
serait contre l' hypothèse.
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335 ces formules contiennent la théorie de la machine d' Athood
, dont on se sert en physique pour démontrer
p47
les lois du mouvement des corps graves. Cette machine consiste en
une tige verticale Ab / Fig 7 /, divie en parties égales par
des traits marqués sur sa longueur. Une poulie fixe est plae à
la partie supérieure ; on suspend à cette poulie un fil vertical,
aux extrémités duquel on attache deux poids égaux ; le fil peut
glisser sans frottement contre la gorge de la poulie ; et quand
on veut mettre les deux corps en mouvement, il suffit d'
augmenter la masse de l' un d' eux. Les divisions de la tige font
connaître les espaces parcourus par chaque mobile ; on a près de
la machine un pendule qui bat les secondes, et en comparant les
tems écoulés aux espaces parcourus, on détermine la loi du
mouvement. On reconnaît, de cette manière, que les espaces
parcourus croissent comme les carrés des tems écoulés. On
parvient aussi, par un moyen très-simple, à rendre sensible la
vîtesse acquise, à un instant déterminé, par le mobile qui
descend. Pour cela, on attache un anneau en un point C de la
tige ; la masse qu' on a ajoutée à celle de ce mobile, est un
barreau d' une longueur plus grande que le diamètre de cet anneau
, de manière que le barreau est retenu quand le mobile arrive au
point C et traverse l' anneau ; les masses des deux corps
redeviennent donc égales, comme elles l' étaient avant l'
addition du barreau ; par conséquent leur force accélératrice est
nulle et leur mouvement se change subitement en un mouvement
uniforme, à la vîtesse acquise au point C. En plaçant l'
anneau en différens points de la tige, on fait voir que
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la vîtesse acquise est proportionnelle au tems écoulé, ou à la
racine carrée de la hauteur parcourue. Il est évident que ce
mouvement est un cas particulier de celui que nous venons d'
examiner ; c' est le cas où les deux plans dons sont verticaux,
et, par conséquent, leurs longueurs (..) sont égales à leur
hauteur H ; en faisant donc (..) , et supposant nulle la vîtesse
initiale A, on aura, d' après les formules du N précédent, (..) .
Au moyen de ces valeurs de V et de X, on pourra comparer la
théorie à l' expérience. Le mouvement sera d' autant plus lent
que la différence (..) des deux masses, sera plus petite par
rapport à leur somme (..) . En ralentissant ainsi le mouvement des
corps graves, sans en changer la loi, il devient plus facile de
mesurer les espaces parcourus et de découvrir cette loi. D'
ailleurs la vîtesse devenant plus petite, la résistance de l' air
devient aussi moins sensible, et l' on peut faire ensorte que ce
mouvement soit à peu près le même que dans le vide. 336 s' il
s' agissait d' une chaîne pesante, posée sur les deux plans
inclinés que nous venons de considérer, le principe de D'
Alembert conduirait encore à l' équation / I / du N 334 ; mais
dans cette équation, M représente alors la masse de la partie de
la chaîne, posée sur le plan dont la longueur est L, et (..) , la
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masse de l' autre partie ; ces deux quantités sont donc variables
pendant le mouvement ; et en prenant le cas le plus simple, celui
d' une chaîne homogène et d' égale épaisseur dans toute son
étendue, les masses (..) sont entre elles comme les longueurs des
deux parties. Soit X la longueur de la première partie, C la
longueur constante de la chaîne entière, et par conquent (..) la
longueur de la seconde partie ; comme la valeur de Dv du N
précédent ne renferme que les rapports des masses (..) , à la masse
, on pourra y substituer X à la place de M, (..) à la place de
, et C à la place de (..) . De cette manière, on aura (..) ; V
est la vîtesse commune à tous les points de la chaîne, qui sont
posés, à un instant quelconque, sur le plan incliné dont la
longueur est L ; la distance variable du dernier de ces points,
au sommet du plan, étant X, la vîtesse de ce point est (..) ;
donc (..) , et (..) . En faisant, pour abréger, (..) , l' équation
précédente devient (..) . Si l' on intègre cette équation linéaire,
par les règles
p50
connues, on trouve (..) ; E étant la base des logarithmes dont le
module est égal à l' unité, et Aetb, les deux constantes
arbitraires. Onterminera facilement ces constantes, d' après
la vîtesse et la position de la chaîne à un instant déterminé.
Pour que la chaîne restât en repos, il faudrait qu' on eût (..) ;
donc alors (..) . On aurait en même tems (..) ; ce qui fait voir que
dans l' état d' équilibre, les deux parties de la chaîne sont
entre elles comme les longueurs (..) , des plans sur lesquels elles
sont posées, ou autrement dit, les deux extrémités de la chaîne
sont dans une même droite horizontale. Réciproquement, si cette
condition est remplie, et que les points de la chne ne
reçoivent aucune vîtesse, l' équilibre aura lieu ; car la
proportion (..) , donne (..) ; donc on a, à un instant déterminé,
; mais on a en général (..) ;
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égalant donc à zéro cette valeur de la vîtesse, on aura aussi (..)
; or, cette équation, et l' avant-dernière, ayant lieu à un même
instant, ou pour une même valeur de T, on en conclut (..) ; par
conséquent la chaîne ne prendra aucun mouvement.
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338 je choisis maintenant une application du principe de D'
Alembert, dans laquelle nous combinerons ce principe, avec celui
des vîtesses virtuelles , et qui sera très-propre à montrer l'
avantage de cette manière de résoudre les problèmes de dynamique.
On cooit, en effet, que les quantités de mouvement perdues ou
gagnées à chaque instant par les différens points d' un système
de corps, devant se faire équilibre, il n' y a qu' à appliquer à
ces forces le principe général des vîtesses virtuelles, pour
avoir les équations du mouvement du système. C' est la marche que
M Lagrange a suivie dans la mécanique analytique . Par ce
moyen, toute la mécanique est ramenée à un seul principe, celui
des vîtesses virtuelles ; les lois de l' équilibre et du
mouvement sont renfermées dans l' équation générale que ce
principe fournit / Ni 63 / ; et il ne s' agit que de les en
déduire, dans chaque question particulière, par des procédés
purement analytiques, auxquels M Lagrange a dontoute l'
uniformité et la simplicité qu' on peut désirer. Il s' agit de
déterminer le mouvement de plusieurs corps, attachés en différens
points d' un fil inextensible, et forcés de se mouvoir sur des
courbes données ; mais pour ne pas avoir des calculs trop longs à
écrire, nous considérerons seulement deux mobiles,
p54
et nous supposerons que les courbes qu' ils sont astreints à
décrire, sont situées dans unme plan : on verra, sans peine,
que la même analyse s' étend à un nombre quelconque de corps, et
à des courbes données dans l' espace et situées dans des plans
différens. Soient donc (..) les masses de deux points matériels
attachés l' un à l' autre par un fil inextensible, de manière que
leur distance mutuelle reste constamment la même. Supposons que
le point M soit forcé de se mouvoir sur la courbe Amb / Fig 8
/, et le point (..) , sur la courbe (..) , située dans le même plan
que la première ; menons, dans le plan de ces deux courbes, par
un point O choisi arbitrairement, deux axes rectangulaires
Oxetoy, qui seront ceux des coordonnées ; soient Xety, les
coordonnées du point M, (..) , celles du point (..) ; en appelant
A, la distance constante des deux mobiles, nous aurons d' abord
l' équation de condition : (..) . Réduisons toutes les forces
accélératrices qui agissent sur le point M, à deux : l' une
parallèle à l' axe Ox, et que nous désignerons par X ; l' autre
parallèle à l' axe Oy, et qui sera repsentée par Y. Désignons
de même par (..) , les forces accélératrices, parallèles aux mêmes
axes, qui agissent sur le point (..) . Au bout d' un tems T
quelconque, les vîtesses du point M, suivant les deux axes, sont
; l' instant d' après,
p55
elles deviennent (..) ; leurs accroissemens pendant l' instant Dt
, sont donc (..) ; mais si le point M était libre, les forces
accélératrices Xety, lui imprimeraient, dans l' instant Dt, les
vîtesses Xdtetydt ; les tesses perdues par ce point,
parallèlement aux axes des X et des Y, sont donc (..) . Les
vîtesses perdues au même instant par le point (..) , sont (..) ;
ainsi, d' après le principe de D' Alembert, l' équilibre doit
avoir lieu dans le système, entre les forces motrices (..) ,
appliquées aux masses (..) . Supposons donc, conformément à l'
énoncé du principe des vîtesses virtuelles, que l' on transporte
, en des points (..) , infiniment voisins de leurs positions
actuelles, pris sur les courbes (..) , et tels que la distance (..)
soit égale à la distance (..) . Appelons (..) , les variations de (..)
, dues à ceplacement ; il est aisé de voir que ces variations
sont les vîtesses virtuelles des points (..) , estimées suivant les
directions des quatre forces qui leur sont appliquées : (..) , par
exemple, exprime la vîtesse virtuelle du point M, estimée
p56
suivant la direction de la force (..) ; on aura donc, en vertu de
ce dernier principe, l' équation d' équilibre / Ni 63 /, (..) .
Puisque la distance des mobiles est invariable, les coordonnées
des points (..) , doivent satisfaire à l' équation / I / ; en la
différentiant donc, par rapport à la caractéristique (..) , on aura
. De plus, lorsque les équations des courbes (..) seront données
, elles fourniront une équation entre (..) , et une autre entre (..)
; en les joignant à l' équation / 3 /, on pourra donc
déterminer trois des quatre quantités (..) , au moyen de la
quatrième ; si l' on substitue leurs valeurs dans l' équation /
2 /, cette quatrième quantité disparaîtra, et il restera une
équation différentielle du second ordre, qui, jointe à l'
équation / I / et à celles des courbes (..) , suffira pour
déterminer les quatre coordonnées (..) , en fonction du tems. Si un
seul des deux points (..) , était assujéti à demeurer sur une
courbe donnée, il n' y aurait que deux des quatre variations des
coordonnées qui fussent déterminées ; en les éliminant dans l'
équation / 2 /, il en resterait encore deux qui seraient
indépendantes
p57
l' une de l' autre ; et en égalant à zéro les coefficiens de ces
deux indéterminées, on formerait deux équations différentielles
du second ordre, qui serviraient, avec l' équation / I / et avec
celle de la courbe donnée, à déterminer les valeurs de (..) , en
fonction de T. On voit de même que si les deux mobiles sont
seulement attachés l' un à l' autre, par un fil inextensible, et
qu' ils ne soient point astreints à se mouvoir sur des courbes
données, on aura une seule équation de condition, savoir, l'
équation / 3 /, entre les quantités (..) ; on ne pourra donc
éliminer qu' une seule de ces quantités dans l' équation / 2 /
; les trois autres resteront indétermies, et en égalant à zéro
leurs coefficiens, on aura les trois équations nécessaires pour
déterminer, avec l' équation / I /, les valeurs de (..) . Enfin,
si les deux points (..) , sont libres et indépendans l' un de l'
autre, les variations de leurs coordonnées seront aussi
indépendantes entre elles ; leurs coefficiens dans l' équation /
2 / devront donc être séparément nuls ; ce qui donne, pour
chaque mobile, les équations connues du mouvement d' un point
matériel libre et isolé / N 2 i 9 /. On voit par là comment l'
équation / 2 / renferme la solution complète du problème qui
nous occupe, et comment elle servira à déterminer le mouvement du
système que nous considérons, dans tous les cas que ce système
peut présenter. Il ne sera pas inutile, pour en éclaircir l'
usage, de faire une hypothèse particulière sur les courbes (..) .
p62
Du mouvement d' un corps solide autour d' un axe fixe. 34 i
nous avons donné dans le cours de la première année, les
équations d' équilibre d' un corps solide de figure quelconque,
entièrement libre, ouné par des obstacles fixes ; il nous sera
donc facile de former les équations de son mouvement, au moyen du
principe de dynamique que l' on vient d' exposer ; et ces
équations seront toujours en même nombre que celles de l'
équilibre. Nous examinerons d' abord le cas le plus simple, l'
on n' a qu' une seule équation à considérer, et qui a lieu
lorsque le corps est retenu par un axe fixe, autour duquel il est
forcé de tourner. Pour plus de clarté, substituons au corps
solide un système de points matériels, liés entre eux d' une
manière invariable, par des droites inflexibles. Quelles que
soient les forces qui agissent sur un pareil système, chacun des
points qui le composent se mouvra dans un cercle perpendiculaire
à l' axe fixe, et qui aura pour rayon la distance de ce point à
cet axe ; de plus, les arcs de cercle décrits dans le même tems,
seront d' un même nombre de degrés pour tous ces points ; d' où
l' on peut conclure que si l' on divise la vîtesse de chaque
point, par sa distance à l' axe fixe, on aura un quotient qui ne
changera
p63
pas, en passant d' un point à un autre du système. Ce quotient
est ce qu' on appelle la vîtesse angulaire du mobile. Ainsi
, dans un système de forme invariable, tournant autour d' un axe
fixe, tous les corps ont, à chaque instant, la même vîtesse
angulaire qui peut, d' ailleurs, être constante ou variable, d'
un instant à un autre. En général, cette vîtesse sera une
fonction du tems qui dépendra des forces appliquées au système,
et qu' il s' agira de déterminer quand ces forces seront données.
Nous allons examiner, en premier lieu, le cas particulier d' une
vîtesse angulaire constante.
p67
344 notre système de forme invariable se changera en un corps
solide continu, quand les masses (..) , deviendront infiniment
petites, et qu' en même tems elles se rapprocheront jusqu' à ce
qu' elles soient juxtaposées. Ces masses seront alors les élémens
matériels du corps ; en désignant par Dm, l' expression
différentielle de l' un quelconque de ces élémens, et par R, sa
distance à l' axe fixe, la somme (..) , se changera dans l'
intégrale (..) , qui devra être étendue à la masse entière du corps
. L' équation / 2 / donnera alors (..) . Cette valeur de (..) est
la vîtesse angulaire que prend un corps solide autour d' un axe
fixe, lorsqu' on imprime, par un moyen quelconque, à tous les
points d' une certaine portion (..) de la masse entière, une
vîtesse V dont la direction est comprise dans un plan
perpendiculaire à l' axe. La quantité F représente la
perpendiculaire abaissée du centre de gravité de la masse (..) ,
sur le plan mené par l' axe fixe, parallèlement à la direction
donnée de la vîtesse V. Si l' on veut avoir un exemple d' un
semblable mouvement, prenons deux corps de forme quelconque, dont
l' un soit retenu par un axe fixe, et
p68
l' autre entièrement libre ; supposons que celui-ci se meuve dans
l' espace, et que les vîtesses de tous ses points soient égales
et parallèles ; soient (..) la masse de ce corps, et V sa vîtesse
, dont la direction sera perpendiculaire à l' axe fixe ;
concevons que ce mobile vienne choquer l' autre corps, et qu'
après le choc, il lui reste attac, de manière que les deux
masses n' en forment plus qu' une seule : cette masse totale
tournera autour de l' axe fixe, et sa tesse angulaire sera
donnée par l' équation précédente, dans laquelle on mettra pour
F, la distance du centre de gravité de la masse (..) , à un plan
mepar l' axe fixe, parallèlement à la direction de la vîtesse
V. Mais si les deux corps ne restaient point attachés l' un à l'
autre après le choc, la question serait différente, et nous ne
nous occuperons pas maintenant de la résoudre. On pourrait encore
supposer que le corps retenu par l' axe fixe, est choqué
simultanément par plusieurs masses qui lui restent attachées
après le choc ; dans ce cas, il est aisé de voir que la vîtesse
angulaire serait donnée par cette formule (..) , etc. Sont les
masses des corps choquans ; (..) , leurs vîtesses avant le choc ;
les directions de ces vîtesses peuvent être différentes, mais on
les suppose toutes comprises dans des plans perpendiculaires à l'
axe fixe ; les lettres (..) , etc. signent les distances des
centres de gravité des masses (..) ,
p69
à des plans menés par l' axe fixe et respectivement parallèles
aux directions des vîtesses (..) ; enfin, l' intégrale (..) doit
être étendue à la masse totale, formée par launion des masses
, et de celle du corps choqué. Si le choc d' une ou de
plusieurs des masses (..) , par exemple celui de (..) , tendait à
faire tourner le corps en sens contraire du choc des autres
masses, il faudrait prendre avec le signe (..) , dans le numérateur
de la valeur de (..) , le terme (..) relatif à cette masse (..) .
Quand ce nurateur, en ayant égard à ce changement de signe, se
trouvera égal à zéro, il n' y aura pas de mouvement de rotation
produit ; de sorte que les quantités de mouvement (..) , se feront
équilibre autour de l' axe fixe. 345 lorsqu' un corps retenu
par un axe fixe, est mis en mouvement autour de cet axe, par un
choc, ou de toute autre manière, l' axe fixe éprouve, à l'
instant où le mouvement commence, une percussion qu' il est
important de connaître. Elle est due aux quantis de mouvement,
perdues ou gagnées à cet instant, par les différentes parties du
corps : ces forces se font équilibre au moyen de l' axe fixe, de
manière qu' elles se réduisent à d' autres forces qui coupent l'
axe ou qui lui sont parallèles, et qui produisent la percussion
que cet axe éprouve ; ainsi, on la déterminera, dans chaque cas,
en cherchant la résultante des quantités de mouvement perdues ou
gagnées, ou leurs résultantes, si ces forces ne peuvent pas être
duites à une seule.
p70
Pour fixer les idées, supposons que le mouvement est produit par
le choc d' une seule masse (..) , anie de la vîtesse V, et qui
reste attachée au corps choqué, après le choc. Soit G, le centre
de gravité de cette masse, et Gh, la direction de la vîtesse V,
comprise dans le plan Acb perpendiculaire à l' axe fixe Cd :
les quantités de mouvement des élémens de la masse entière,
prises en sens contraire de leurs directions, doivent faire
équilibre à la force (..) , dirigée suivant la force Gh ; par
conséquent il s' agit de trouver la résultante de toutes ces
forces. Appelons M, la masse totale, formée de la masse (..) et
de celle du corps choqué ; désignons par Dm, un élément
quelconque de cette masse totale, et par X, Y, Z, les
coordones rectangulaires de cet élément, rapportées à l' axe
Cd que nous prendrons pour l' axe des Z, et aux deux axes
Cxetcy, menés arbitrairement dans le plan Acb. La vîtesse
angulaire étant toujours (..) , et la distance de l' élément Dm à
l' axe Cd, étant R, sa quantité de mouvement sera (..) ; la
direction de cette force est tangente au cercle dont le rayon est
R et dont le plan est perpendiculaire à l' axe Cd ; si donc on
la compose en trois forces parallèles aux axes des X, Y, Z,
la composante parallèle à l' axe des Z, sera nulle. Pour obtenir
les deux autres, soit P la projection de l' élément Dm, sur le
plan des X, Y ; décrivons un cercle du point C comme centre et
d' un rayon égal à Cp, ou à R ; menons par le point P la
tangente (..) au cercle décrit, qui coupe les axes des X et des
Y aux points (..) : si le mouvement de rotation a lieu dans le
sens Pn, il faudra prendre la force
p71
, dans la direction contraire (..) ; de manière que pour la
composer suivant ces axes, il faudra la multiplier par les
cosinus des angles (..) étant le prolongement de (..) ; or, en
observant que la tangente (..) est perpendiculaire au rayon Cp,
il est aisé de trouver (..) ; donc les composantes de la force (..)
, parallèles aux axes des X et des Y, seront (..) . Je décompose
de la même manière les quantités de mouvement de tous les élémens
de M ; je prends ensuite la résultante ou la somme des forces
parallèles à chaque axe. Celle des forces parallèles à l' axe des
Y est donnée par l' intégrale (..) , qui est la même chose que (..)
; et l' on doit prendre cette intégrale (..) , dans toute l'
étendue de la masse M. Mais, si l' on désigne par X, la valeur
de X qui répond au centre de gravide cette masse, et si l' on
fait attention que les masses sont proportionnelles aux poids, on
aura / N 99 /, (..) ; la valeur de la résultante parallèle à l'
axe des Y, devient donc (..) . On trouvera de même (..) , pour la
sultante des forces parallèles à l' axe des X, en désignant
par (..) , la valeur de Y, qui répond au centre de gravité de M.
Les momens des forces (..) , par rapport au plan des X, Y, sont
; les sommes des momens des forces parallèles à chaque axe, sont
donc (..) ;
p72
les intégrales (..) étant prises dans toute l' étendue de M. Si
donc on représente par (..) les distances des résultantes (..) , au
plan des X, Y, ces sommes de momens seront égales aux
sultantes, multipliées par les distances (..) / N 39 / ; donc,
en supprimant le facteur commun (..) , on aura ces deux équations
, qui serviront à déterminer (..) . Ainsi, toutes les forces qui
se font équilibre autour de l' axe fixe, sont maintenant réduites
à trois, savoir : (..) , dont la première est dirigée dans le plan
Cab, et les deux autres parallèles à ce plan. Or, il se présente
deux cas à examiner : I lorsque les deux intégrales (..) seront
nulles, on aura aussi (..) ; par conséquent les deux dernières
forces se trouveront dans le plan des X, Y, ainsi que la
première. Ces trois forces étant en équilibre dans ce plan,
autour du point fixe C, leur résultante doit passer par ce point
; on l' obtiendra donc en transportant en ce point chacune des
trois forces, parallèlement à elle-même et sans changer sa
grandeur, et en les réduisant ensuite en une seule, par les
règles de la composition des forces. Cette résultante sera, dans
ce premier cas, la seule percussion qu' éprouve l' axe fixe.
p73
2 si les deux intégrales (..) ne sont pas nulles, les forces (..) ,
tomberont hors du plan X, Y. On les ramènera dans ce plan sans
changer ni leurs grandeurs, ni leurs directions, par le moyen que
nous avons employé dans le N 59 ; mais alors on aura, outre les
forces dirigées dans le plan des X, Y, quatre forces parallèles
à l' axe des Z, qu' il sera facile de réduire à deux, égales
entre elles, dirigées en sens contraires, mais non directement
opposées. Ces deux forces seronttruites par la résistance de
l' axe fixe, et elles produiront sur cet axe une percussion d'
une esce particulière. L' axe éprouvera de plus, comme dans le
cas précédent, une percussion perpendiculaire à sa longueur,
passant par le point C, et exprimée par la résultante des forces
dirigées dans le plan des X, Y.
p75
Ii propriétés des momens d' inertie et des axes principaux.
347 avant de passer au cas général où la vîtesse angulaire
est variable, il est nécessaire d' expliquer comment on calcule
l' ingrale (..) , qui entre dans les différentes formules que
nous venons de donner, et qui se retrouvera encore dans celle du
mouvement varié. Cette intégrale représente la somme des élémens
matériels du mobile que l' on considère, multipliés
respectivement par le carré de leur distance à l' axe de rotation
. On appelle cette somme le moment d' inertie du corps, pris
par rapport à cet axe. Quand l' équation de la surface du mobile
et la loi de la densité dans son intérieur, seront données, on
obtiendra la valeur de (..) par une triple intégration analogue à
celles que l' on ferait pour trouver le volume,
p76
ou la position du centre de gravité de ce corps. Les exemples
suivans suffiront pour éclaircir ce procédé.
p82
35 i le calcul du moment d' inertie d' un corps homogène,
termi par une surface de révolution, se réduit à une seule
intégration, dépendante de la nature de la courbe gératrice,
quand on prend ce moment par rapport à l' axe de figure. Pour le
prouver, divisons ce corps en anneaux circulaires, d' une
épaisseur et d' une largeur infiniment petites, dont chacun ait
son centre dans l' axe et soit compris entre deux plans
perpendiculaires à cet axe. Soit Enf / Figii /, une
p83
section d' un de ces anneaux, P son centre, Cpd l' axe de
figure, Cmd la courbenératrice, dont le plan est
perpendiculaire à cet anneau. Appelons R le rayon intérieur (..)
le rayon extérieur (..) , de manière que Dr soit la largeur (..) de
l' anneau ; appelons aussi X, la distance Cp du centre P, à un
point fixe C, pris arbitrairement sur l' axe Cd ; et soit enfin
Dx, l' épaisseur de l' anneau, ou la distance mutuelle des deux
plans perpendiculaires à l' axe, qui le comprennent. Cet anneau
est évidemment la difrence de deux cylindres, dont la hauteur
commune est Dx, et qui ont pour rayon, (..) ; son volume, en
représentant par (..) le rapport de la circonférence au diamètre,
sera donc égal à (..) , quantité qui se réduit à (..) , en négligeant
le terme infiniment petit du 3 e ordre : la masse de cet anneau
sera donc (..) étant la densité du corps. Tous les points de l'
anneau sont à des distances de l' axe Cd, qui sont égales à R,
ou qui n' en diffèrent que d' une quantité infiniment petite ; on
aura donc son moment d' inertie, en multipliant sa masse, par le
carré de R ; ce qui donne (..) . Si l' on intègre cette formule
par rapport à R, et depuis (..) , jusqu' à (..) , on aura le moment
d' inertie d' une tranche du corps, dont l' épaisseur est Dx, et
comprise entre deux plans perpendiculaires à l' axe Cd, c' est-à
-dire, la somme des momens d' inertie de tous les anneaux compris
entre ces deux plans ; soit donc Y l' ordone Pm de la courbe
p84
génératrice, qui répond à l' abscisse quelconque Cp ou X, nous
aurons, en effectuant cette intégration, et observant que la
densité est supposée constante, (..) . Lorsque l' équation de la
courbe génératrice sera donnée, on en tirera la valeur de Y en
fonction de X ; en la substituant dans cette dernière formule,
il ne restera plus ensuite qu' à l' intégrer par rapport à X,
depuis (..) jusqu' à (..) : cette intégrale définie exprimera la
somme des momens d' inertie de toutes les tranches du corps, ou,
ce qui est la même chose, le moment d' inertie du corps entier.
Si l' on veut seulement avoir le moment d' inertie d' une tranche
du corps, d' une épaisseur finie et comprise entre deux plans
perpendiculaires à l' axe Cd, on donnera pour limites à cette
intégrale, les valeurs de X qui répondent aux deux plans
extrêmes. Quand le corps sera un solide creux, terminé par deux
surfaces de révolution qui ont le même axe, on aura son moment d'
inertie par rapport à cet axe, en regardant ce corps comme la
différence de deux solides devolution, et en retranchant le
moment relatif à l' un, du moment relatif à l' autre. Enfin, si
l' on demandait le moment d' inertie d' un segment de solide de
volution, compris entre deux plans menés par l' axe de figure,
il est évident, d' après la symétrie d' un pareil corps autour de
cet axe, que le moment d' inertie d' un segment quelconque est au
moment d' inertie du solide entier, comme l' angle
p85
des deux plans qui comprennent ce segment, est à la circonférence
entière ; par conséquent le moment d' inertie de chaque segment
se déduira toujours, sans aucune difficulté, de celui du solide.
352 supposons, pour donner un exemple, que la courbe génératrice
Cmd soit une demi-circonférence, dont le diamètre Cd, soit
représenté par 2 a. L' équation de cette courbe, rapportée au
point C comme origine des coordonnées, aura cette forme : (..) ;
la formule à intégrer deviendra donc, en y mettant pour (..) ,
cette valeur (..) ; et en intégrant, on aura (..) . Cette intégrale,
qui s' évanouit au point C, exprime le moment d' inertie de la
portion de sphère engendrée par l' aire Cpm, tournant autour de
la droite Cp. Si l' on veut avoir celui de la sphère entière,
engendrée par le demi-cercle Cmd, il n' y a qu' à supposer (..) ,
et il vient (..) pour la valeur du moment ; résultat qui est le
même que celui du N 35 o.
p86
354 quand on connaît le moment d' inertie d' un corps, par
rapport à un axe passant par le centre de gravité, on en conclut
aisément le moment d' inertie du même corps, rapporté à tout
autre axe parallèle au premier.
p87
En effet, plaçons l' origine des coordones X, Y, Z, au
centre de gravité, et prenons le premier axe, pour celui des Z ;
soient (..) , les coordonnées du point le second axe coupe le
plan des X, Y, auquel ce second axe est aussi perpendiculaire ;
signons par A, la distance du centre de gravité, au second axe
; par R, celle d' un élément quelconque Dm au premier axe ; par
, la distance du même élément au second axe. Le moment d'
inertie connu sera (..) , et celui qu' on demande, sera (..) ; ces
intégrales étant étendues à la masse entière du corps. Or, nous
aurons (..) ; multipliant par Dm, intégrant et observant que (..) ,
il vient (..) ; mais à cause que le centre de graviest sur l'
axe des Z, on a (..) , car ces intégrales, divisées par la masse
du corps, représenteraient en général les distances de ce centre,
aux plans des Y, Z et des X, Z ; de plus (..) est la masse
entière du corps, que je représenterai par M ; l' équation
précédente se réduit donc à (..) . Donc on aura le moment demandé,
en ajoutant à celui qui est donné, la masse du corps, multipliée
par le carré de la distance du centre de gravité au nouvel axe.
p88
D' après cette règle, on aura immédiatement le moment d' inertie
d' une spre homogène, ou composée de couches homogènes
concentriques, par rapport à un axe quelconque, puisque ce moment
est connu par rapport à tous les axes passant par le centre de
figure, qui est aussi le centre de gravité.
p105
366 jusqu' ici les axes principaux ne sont pour nous que des
droites dont la considération est utile dans le calcul des momens
d' inertie d' un corps, parce qu' elle duit ce calcul à former
les valeurs des trois momens d' inertie principaux / N 357 /, d'
l' on déduit ensuite, sans nouvelle intégration, le moment d'
inertie du même corps, rapporté à un axe quelconque. Mais ces
axes jouissent, en mécanique, d' une propriété importante, qui
les a fait nommer axes principaux de rotation , et que nous
allons maintenant exposer. Considérons un corps solide tournant
autour d' un
p106
axe fixe, en vertu d' une impulsion primitive, et sans qu' aucune
force accélératrice ne lui soit appliquée. Soit Oz, l' axe fixe
; désignons toujours par X, Y, Z, les coordones d' un
élément quelconque Dm du corps, respectivement parallèles aux
axes Ox, Oy, Oz ; par R, la distance de cette molécule à l'
axe fixe, ou le rayon du cercle que cette molécule décrit ; enfin
par (..) la vîtesse angulaire, commune à tous les points du corps.
La force centrifuge de l' ément Dm sera exprimée par (..) / N
259 / et dirigée suivant le prolongement du rayon R ; la force
motrice correspondante à cette force accélératrice est égale au
produit (..) ; l' axe fixe est donc tiré perpendiculairement à sa
longueur, par cette force (..) , et par une force semblable pour
chacun des élémens du corps. La résultante de cette infinité de
forces, ou leurs deux résultantes, si ces forces ne sont pas
ductibles à une seule, expriment la pression totale que l' axe
éprouve pendant le mouvement du corps ; pression qu' il est
important de connaître, et qu' on déterminera facilement. En
effet, transportons le point d' application de la force (..) , au
point où sa direction coupe l' axe Oz ; et décomposons-la en ce
point, en deux forces parallèles aux axes Ox, Oy, et dirigées
dans les plans des X, Z, et des Y, Z : la direction de la
force (..) , fait avec les axes des X et des Y, des angles dont
les cosinus sont (..) ; les composantes de cette force, parallèles
à ces axes, sont donc (..) ; donc lasultante ou la somme de
toutes
p107
les composantes parallèles à l' axe des X, est donnée par l'
intégrale (..) ; laquelle intégrale est égale à (..) , Msignant
la masse du corps, et (..) la valeur de X, qui répond à son
centre de gravité. De même la résultante des forces parallèles à
l' axe des Y, et dirigées dans le plan des Y, Z, est égale à
, en signant par Y la distance du centre de gravité au plan
des X, Z. Et si l' on représente par (..) , les distances des
sultantes (..) , au plan des X, Y, on trouvera, d' après la
théorie des momens des forces parallèles, les deux équations (..) ,
dont on se servira pour déterminer (..) . De cette manière, on
connaîtra les intensités des forces dirigées dans les plans des
X, Z, et des Y, Z, qui tirent l' axe fixe perpendiculairement
à sa longueur, et les points de cette ligne où ces forces sont
appliquées. Quand on aura (..) , les deux forces (..) , seront
appliquées au même point ; par conséquent elles se réduiront à
une seule, dont l' intensité sera (..) , et qui exprimera la
pression que l' axe éprouve pendant le mouvement du corps.
p110
Iii mouvement varié ; oscillations du pendule composé. 3
69 après cette digression sur les propriétés des momens d'
inertie et des axes principaux, reprenons le probme du
mouvement d' un corps solide autour d' un axe fixe, et supposons
maintenant que tous les points du mobile sont sollicités par des
forces accélératrices données. Partageons toujours la masse du
corps en élémens infiniment petits : soit Dm un de ces élémens ;
R sa distance à l' axe fixe, ou le rayon du cercle que ce point
matériel décrit dans un plan perpendiculaire à cet axe ; (..) /
Figi 4 / deux élémens consécutifs de ce cercle, et (..) , leurs
prolongemens dans le sens du mouvement du corps. Consirons le
point matériel Dm, à l' instant qu' il parvient au point M de
sa trajectoire ; désignons, à cet instant, par (..) , l' intensité
de la force accélératrice qui agit sur Dm ; par (..) , l' angle
aigu ou obtus, que la direction de cette force fait avec la ligne
Mt ; par (..) , la vîtesse angulaire du corps ; et par T, le tems
écoulé depuis l' origine du mouvement. Si l' on décompose la
force (..) , en trois forces rectangulaires, l' une parallèle à l'
axe fixe, l' autre dirigée suivant le rayon R, et la troisième
dirigée suivant la ligne Mt, les deux
p111
premières seront détruites par la résistance de l' axe : il
serait nécessaire d' y avoir égard dans le calcul de la pression
que cette droite supporte ; mais elles n' ont aucune influence
sur le mouvement du corps, et nous en pouvons faire entièrement
abstraction. La composante de (..) , dirigée suivant Mt, est égale
à (..) ; c' est cette force qui fait varier la vîtesse angulaire
, dont nous nous proposons de déterminer la valeur en fonction
du tems. Or, à la fin du tems T, la vîtesse de Dm est égale à
, et dirigée suivant Mt ; si l' ément Dm se détachoit du
corps et devenait libre, l' action de la force (..) augmenterait
cette vîtesse de (..) , pendant l' instant Dt ; donc à la fin du
tems (..) , la vîtesse de Dm serait encore dirigée suivant Mt, et
égale à (..) . Mais l' élément Dm continuant de faire partie du
corps, sa vîtesse, à la fin du tems (..) , se trouve dirigée
suivant (..) et égale à (..) ; donc, en vertu du principe général
de dynamique / N 333 /, il y aura équilibre dans le système, si
l' on imprime à chaque élément du corps, deuxtesses qui seront
, par rapport à l' élément quelconque (..) : la première, dirigée
suivant Mt, dans le sens du mouvement du corps ; la seconde,
dirigée suivant (..) , en sens contraire de ce mouvement. En
multipliant ces vîtesses par la masse de l' élément, on aura les
quantités de mouvement qui doivent se faire équilibre ; et en
multipliant de nouveau ces produits par la distance de l' élément
à l' axe fixe, on aura les momens de ces forces qui doivent
entrer dans l' équation d' équilibre
p112
autour de cet axe / N 65 /, lesquels momens seront (..) ,
relativement à l' élément Dm. Cette équation se forme en égalant
la somme des momens des forces qui tendent à faire tourner leurs
points d' application, dans le sens du mouvement du corps, à la
somme des momens de celles qui tendent à faire tourner leurs
points d' application en sens contraire de ce mouvement ; la
première somme est donnée par l' intégrale de (..) , prise par
rapport à Dm, et étendue à la masse entière du corps ; la
seconde est donnée par l' intégrale de (..) , prise de la même
manière ; donc l' équation d' équilibre sera (..) ; ou bien, en
duisant, (..) . Cette équation servira à déterminer la vîtesse
angulaire (..) , en fonction du tems, lorsque la force (..) et l'
angle (..) seront donnés pour tous les points du corps.
p161
Du mouvement d' un corps solide libre. 397 pour nous
représenter avec plus de facilité le mouvement d' un corps solide
dans l' espace, nous lui substituerons deux autres mouvemens
simultanées, l' un de rotation , autour d' un point du corps,
regardé comme fixe, l' autre de translation , commun à tous
les points du mobile. Cela revient évidemment à regarder, à un
instant quelconque, la vîtesse de chaque point, comme la
sultante de deux vîtesses, dont l' une soit commune à tous les
points, égale et parallèle à celle du point que l' on choisit
pour centre du mouvement de rotation, et dont l' autre soit
particulière à chaque point : en ayant seulement égard aux
vîtesses particulières, le corps tourne autour du centre comme
autour d' un point fixe ; et en vertu de la vîtesse commune, tous
ses points sont transportés dans l' espace, d' un mouvement
commun qui n' altère, en aucune manière, le mouvement de rotation
. Tant qu' on aura seulement pour but de décomposer le mouvement
du corps en deux mouvemens plus simples et plus faciles à
concevoir, on pourra choisir arbitrairement le centre du
mouvement de rotation ; mais lorsqu' il s' agira de déterminer
ces deux mouvemens, nous prendrons pour ce point, le
p162
centre de gravité du mobile, parce que son mouvement, dans un
grand nombre de cas, peut êtreterminé directement et
indépendamment de celui des autres points du corps : c' est ce
que nous allons d' abord faire voir, en cherchant les équations
du mouvement de ce centre, considéré comme un point matériel.
p165
399 lorsque les forces données qui agissent sur les points du
mobile, seront des attractions dirigées vers d' autres points
fixes ou mobiles, leurs intensités dépendront des distances des
premiers points aux seconds, et les quantités X, Y, Z, seront
des fonctions des coordonnées de tous ces points. Dans ce cas,
les équations / 3 / ne pourront pas servir à déterminer
directement les coordonnées (..) , du point G ; ou, autrement dit,
on ne pourra pas déterminer le mouvement de ce point,
indépendamment de celui des autres points du corps. Mais quand
ces forces seront constantes en grandeur et en direction, comme
la pesanteur dans un corps de dimension ordinaire, les équations
/ 3 / feront connaître imdiatement le mouvement du centre de
gravité : ce centre se mouvra alors comme un point matériel
p166
pesant ; son mouvement horizontal sera uniforme, son mouvement
vertical, uniformément varié, et sa trajectoire, une parabole
dont le sommet et le paratre dépendront de sa position et de sa
vîtesse initiales / N 229 /. 4 oo en général les équations
différentielles secondes du mouvement d' un point matériel,
laissent indéterminées les coordonnées, la vîtesse et la
direction du mobile à l' origine ; ces coordonnées et les
composantes de cette vîtesse, parallèles aux trois axes, sont les
constantes arbitraires qui complètent les intégrales de ces
équations, et qui doivent être déterminées dans chaque cas
particulier. Or, la position initiale du corps étant censée
connue, on aura, sans difficulté, les coordonnées du point de
départ de son centre de gravité ; et quant aux vîtesses initiales
de ce point, suivant les axes, on les déterminera immédiatement,
d' après les intensités et les directions des forces qui ont agi
sur le corps à l' origine du mouvement. En effet, quelles que
soient les vîtesses initiales des différens points du corps, il
faut que leurs quantités de mouvement, prises en sens contraire
des directions de ces vîtesses, fassent équilibre aux forces
appliquées à ces points, et qu' on regarde comme données / N 333
/ ; il faut donc, puisque le corps est entièrement libre, que la
somme de ces quantités de mouvement, suivant chaque axe des
coordonnées, soit égale à la somme des composantes des forces
données, suivant le même axe ; mais, à un instant
p167
quelconque, les quantités de mouvement de l' élément Dm, sont
, parallèlement aux axes des X, Y, Z ; on aura donc, à l'
origine du mouvement, (..) , en prenant ces intégrales dans toute
l' étendue de la masse du mobile, et en représentant par A, B,
C, les sommes des composantes des forces données, respectivement
parallèles aux axes des X, des Y et des Z. Donc, en vertu des
équations / I /, on aura (..) ; et en divisant par M, on en
conclura les valeurs initiales de (..) . 4 oi ces équations
montrent que la vîtesse initiale du centre de gravité, est la
me, en grandeur et en direction, que si la masse entière du
corps y était réunie, et que les forces appliquées en différens
points du mobile, à l' origine du mouvement, fussent transportées
à ce centre, parallèlement à elles-mêmes et sans changer leurs
intensités. Si donc le corps solide (..) / Figi 6 / est
entièrement libre, et qu' on applique en un point A, suivant la
direction quelconque Ba, une force de l' espèce de celles qui
agissent instantanément sur les
p168
mobiles : le centre de gravité G de ce corps se mouvra suivant
la droite Gc, parallèle à Ba ; sa tesse sera égale à l'
intensité de cette force, divisée par la masse du corps ; de
manière que l' intensité de la force étant repsentée par F, la
masse du mobile par M, et la vîtesse de son centre de gravité
par V, on aura (..) . La grandeur de cette vîtesse ne dépend,
comme on voit, ni de la direction, ni du point d' application de
la force F ; la même force, appliquée successivement en
différens points d' un corps, et suivant différentes directions,
imprimera toujours la même vîtesse à son centre de gravité ;
propriété qui distingue ce centre, de tous les autres points du
mobile. On voit aussi que si des forces dont les intensités sont
inconnues, agissent dans des directions quelconques sur des
masses données, ces intensités seront entre elles comme les
produits de ces masses par les vîtesses que prendront leurs
centres de gravité ; par conséquent, quelle que soit la direction
d' une force qui agit instantanément sur un corps solide libre,
et quel que soit aussi le mouvement qu' elle imprime à ses
différens points, son intensité aura pour mesure le produit de la
masse de ce corps, multipliée par la vîtesse de son centre de
gravité. Ce résultat complète ce que nous avons dit, dans le N 3
i 5, sur la mesure des forces qui agissent instantanément sur les
mobiles : nous savions qu' une
p169
force de cette nature a pour mesure la quantité de mouvement qu'
elle imprime à une masse quelconque, en supposant que tous les
points de cette masse prennent des vîtesses égales et parallèles
; mais quand l' action de la force produit un mouvement de
rotation, de manière que les vîtesses des différens points du
mobile ne sont plus les mêmes, il restait à déterminer par
laquelle de ces vîtesses on doit multiplier la masse du corps
pour avoir la mesure de la force qui a produit le mouvement : or,
nous voyons maintenant que l' intensité de cette force sera
toujours égale au produit de la masse du mobile, multipliée par
la vîtesse de son centre de gravité. Le choc d' un corps en
mouvement contre un corps en repos, est une force qui agit
instantanément sur ce second corps, ou du moins, le tems pendant
lequel elle exerce son action est, en général, si petit qu' on en
peut faire abstraction sans erreur sensible ; l' intensité de
cette force devra donc être repsentée dans le calcul, par le
produit de la masse du corps choqué, multipliée par la vîtesse
que le choc imprime à son centre de gravité ; quant à son point
d' application, c' est le point de contact des deux mobiles, et
sa direction est toujours la normale commune en ce point aux deux
surfaces. Lorsqu' un corps en repos sera choqué à la fois par
plusieurs autres corps en mouvement, l' intensité de chaque force
de percussion sera égale au produit de la masse du corps choqué,
multipliée par la vîtesse que prendrait son centre de gravité, si
cette force agissait seule.
p170
4 o 2 après avoir trouvé les équations du mouvement du centre de
gravité, il nous reste maintenant à déterminer le mouvement de
rotation du corps autour de ce point. Pour cela, imprimons à tous
les points de ce mobile un mouvement égal et contraire à celui de
son centre de gravité G ; ce point deviendra immobile ; l' un
des deux mouvemens du corps, celui de translation, sera détruit,
et son mouvement de rotation, autour du point G, ne sera
aucunement altéré. Or, pour produire ce mouvement contraire, il
est évident qu' il faut imprimer à tous les points du corps, I
une vîtesse initiale, égale et contraire à latesse initiale du
centre de gravité ; 2 une force accélératrice variable, égale
et contraire, à chaque instant, à la force accélératrice du point
G. Voyons d' abord ce qui résulte de la première condition. En
imprimant ainsi à tous les points du corps, des vîtesses égales
et parallèles entre elles, il en résultera pour tous ces points,
des quantités de mouvement proportionnelles à leurs masses et de
me direction ; ou bien, si l' on partage le corps en élémens
égaux en masse, tous ces élémens auront des quantités de
mouvement égales ; or, la résultante de ces forces parallèles et
égales, passera toujours par le centre de gravité de la masse
entière ; mais dans tout mouvement de rotation autour d' un point
fixe, on peut négliger les forces dont la sultante passe par ce
point ; on peut donc ici faire abstraction de ces forces
parallèles, puisque le centre de gravité du corps
p171
est supposé être le point fixe. Donc le mouvement de rotation
initial d' un corps solide, autour de son centre de gravité, sera
produit par les forces données qui agissent à l' origine sur
différens points de ce corps, et ce mouvement sera le même que si
le centre de gravité ne prenait lui-même aucunetesse initiale.
Relativement à la seconde condition, j' observe qu' il en
sultera, pour tous les points du corps, des forces motrices qui
seront constamment parallèles entre elles, et proportionnelles
aux masses de ces points ; on pourra donc aussi en faire
abstraction, puisque leur résultante passera à chaque instant par
le centre de gravité ; d' où je conclus que le mouvement de
rotation, autour de ce centre, est produit, à l' origine, et
pendant toute sa durée, par les forces dones qui agissent sur
les points du mobile, et auxquelles on ne doit ajouter aucune
autre force. Connaissant ces forces et leurs directions, dans
chaque cas particulier, on formera les six équations
différentielles du premier ordre, ou les trois équations du
second ordre, dont ce mouvement de rotation dépend / N 384 / ;
en les joignant aux équations / 3 / du N 398, on aura toutes
les équations nécessaires pour déterminer les deux mouvemens du
corps ; mais ce ne sera que dans un très-petit nombre de cas
particuliers qu' on parviendra à les intégrer. 4 o 3 il est
aisé de concevoir, d' après cela, comment on déterminera le
double mouvement de rotation et de translation d' un corps solide
entièrement libre,
p172
produit par l' action simultanée de plusieurs forces données, qui
agissent instantanément sur ce mobile. Supposons, en effet, que
, soient les intensités de ces forces, et qu' elles soient
appliquées aux points (..) , etc., d' un corps solide libre / Figi
6 /, suivant les directions (..) . Puisque ces intensités sont
données, on est censé connaître la vîtesse que chaque force
imprimerait au mobile, si cette force agissait seule ; soit donc
V la vîtesse qui serait due à la force F, (..) celle qui serait
due à (..) , et désignons par M, la masse du mobile : nous aurons
/ N 4 oi / (..) . Or, G étant le centre de gravité du corps, ce
point doit se mouvoir comme si la masse M y était réunie, et que
les forces (..) , y fussent appliquées parallèlement à leurs
directions ; je ne donc, par le point G, des droites (..) ,
parallèles aux directions (..) ; sur ces droites, je porte, à
partir du point G, des parties qui soient entre elles comme les
forces (..) , ou, ce qui est la même chose, comme les vîtesses (..)
; je prends ensuite, par les règles connues, la résultante de ces
vîtesses, et cette résultante sera, en grandeur et en direction,
la vîtesse du point G. Ainsi le centre de gravité du mobile que
nous considérons, se meut d' un mouvement rectiligne et uniforme,
avec une vîtesse égale à la sultante de celles qui lui seraient
communiquées par les forces
p173
, si chacune de ces forces était seule appliquée au mobile.
Maintenant le corps doit tourner autour de son centre mobile,
comme s' il était fixe, et que les mêmes forces données (..) ,
fussent appliquées au mobile, sans rien changer à leurs
directions et à leurs points d' application ; je regarde donc le
centre de gravité G, comme un point fixe ; je détermine, par les
formules du premier livre / N 86 /, le moment principal des
forces (..) , relativement au point G, et la direction du plan
auquel ce moment se rapporte, lequel plan sera celui qui passe
par le point G et par la direction de leur résultante, quand ces
forces auront une résultante unique : le mouvement de rotation
autour du point G, ne pend que de la direction de ce plan et
de la grandeur de ce moment, et connaissant l' une et l' autre,
on peut, dans tous les cas, déterminer ce mouvement d' une
manière complète / N 39 o /. Lorsque les forces (..) , se
duiront à deux, parallèles, égales et dirigées en sens opposés,
la vîtesse du centre de gravité sera nulle, puisqu' en
transportant ces forces au point G, elles s' y feront équilibre.
Dans ce cas, le centre de gravité demeurera immobile, et le corps
aura seulement un mouvement de rotation autour de ce point. Au
contraire, quand les forces (..) , auront une résultante unique,
passant par le point G, il n' y aura pas de mouvement de
rotation ; tous les points du corps seront transportés dans l'
espace, avec une vîtesse commune, égale et parallèle à celle du
point G.
p174
Mais, en général, les deux mouvemens de rotation et de
translation subsisteront ensemble et se détermineront
indépendamment l' un de l' autre, ainsi que nous venons de l'
expliquer. 4 o 4 pour fixer les ies, supposons que le mobile
est mis en mouvement, par l' action de la seule force F, et que
le plan qui renferme à la fois le centre de gravité G et la
direction Ba de cette force, est perpendiculaire à l' un des
trois axes principaux du corps qui se coupent au point G. Cet
axe resterait immobile, et le corps tournerait uniformément si le
point G était réellement un point fixe / Nos 368 et 394 / ;
donc, puisque le mobile doit tourner autour de son centre de
gravité, de la me manière que s' il était fixe, il s' ensuit
que l' axe principal sera transporté dans l' espace,
parallèlement à lui-me, avec le centre de gravité, et que,
pendant ce mouvement, ce corps tournera uniformément autour de
cet axe. En désignant toujours par M, la masse du mobile ; par
V, la vîtesse de son centre de gravité, qui sera parallèle à la
direction Ba de la force F ; par F, la perpendiculaire Gh,
abaissée du point G sur cette direction : le produit Mvf sera
le moment, pris par rapport à ce point, de la force qui produit
le mouvement ; et si l' on représente encore par C, le moment d'
inertie de la masse M, par rapport à l' axe de rotation, et par
, la vîtesse angulaire autour de cet axe regardé comme fixe, on
aura / N 343 / (..) .
p175
Cet exemple est très-propre à montrer comment on parvient à
déterminer complètement, le double mouvement que prend un corps
solide, frappé suivant une direction qui ne passe pas par son
centre de gravité. D' après ce qu' on a démontré dans le N 395,
le mouvement que nous considérons sera dans un état stable, quand
la quantité C sera le plus grand ou le plus petit des trois
momens d' inertie relatifs aux axes principaux qui se coupent au
point G ; au contraire, quand elle ne sera ni le plus grand, ni
le plus petit, ce mouvement manquera de stabilité ; par
conséquent, lorsqu' on voit un corps solide libre tourner autour
d' un axe qui reste parallèle à lui-me, ou qui s' écarte très-
peu du parallélisme, en faisant des oscillations très-petites de
part et d' autre d' une position moyenne, on peut être assuré que
l' axe de rotation est un des axes principaux du mobile, qui se
coupent à son centre de gravité, et que le moment d' inertie
relatif à cet axe, est le plus petit ou le plus grand des trois
momens d' inertie principaux. 4 o 5 lorsque les points du
mobile seront sollicités par la pesanteur ou par d' autres forces
accélératrices, ces forces troubleront, en général, les deux
mouvemens du corps produits par l' impulsion primitive qu' il a
reçue ; mais toutes les fois que les forces accélératrices auront
une résultante qui passera constamment par le centre de gravité
du mobile, elles n' influeront aucunement sur le mouvement de
rotation autour de ce centre, et l' on pourra en faire
p176
abstraction quand il s' agira de déterminer ce mouvement. Ainsi,
en supposant que le mobile que nous avons considéré dans les deux
Nos précédens, soit un corps pesant, son mouvement de rotation
ne sera pas changé : il arrivera seulement que son centre de
gravité, au lieu de se mouvoir en ligne droite, décrira une
parabole dans l' espace. Si, par exemple, le mobile est un boulet
et qu' on le suppose exactement sphérique et homogène, le plan
mené par le centre et par la direction de l' impulsion primitive,
sera toujours perpendiculaire à un axe principal, puisque tous
les diamètres sont des axes principaux ; le boulet tournera donc
uniformément autour du diamètre perpendiculaire à ce plan ; ce
diatre restera constamment parallèle à lui-même, pendant le
mouvement ; et le centre décrira une parabole, contenue dans un
plan vertical et dont la première tangente sera parallèle à la
direction de l' impulsion primitive. 4 o 6 en supposant le
soleil et les planètes spriques et homogènes, ou composés de
couches homogènes, l' attraction du soleil sur chaque planète, et
la réaction de cette planète sur le soleil, sont des forces
constamment dirigées suivant la droite qui joint les centres de
ces deux corps ; donc, dans cette hypothèse, la force motrice qui
retient chaque planète dans son orbite autour du soleil / N 32 i
/, passera rigoureusement par le centre de gravité de la planète
; de sorte qu' elle ne troublera pas son mouvement de rotation.
Ce mouvement aurait donc lieu
p177
autour du diamètre de la planète, perpendiculaire au plan qui
contient le centre et la direction de l' impulsion primitive,
lequel diamètre resterait parallèle à lui-même, tandis que le
centre décrirait une ellipse autour du soleil. Mais les planètes
sont aplaties vers leurs les de rotation ; la résultante des
attractions que le soleil exerce sur toutes leurs molécules, ne
passe pas exactement par le centre de chaque plate, dans toutes
ses positions par rapport au soleil ; et pour cette raison, l'
attraction solaire influe sur les mouvemens de rotation de ces
corps. Relativement à la terre, les perturbations de son
mouvement de rotation sont dues à l' attraction du soleil et à
celle de la lune ; ces forces n' altèrent pas sensiblement la
vîtesse de rotation de la terre, dans laquelle l' observation et
la théorie n' ont fait découvrir aucune variation appciable ;
elles ne déplacent pas non plus les pôles de rotation à la
surface de la terre, c' est-à-dire, que l' axe de rotation et le
plan de l' équateur qui lui est perpendiculaire, rencontrent la
surface de la terre constamment dans les mes points ; mais ces
forces font varier la direction de l' axe et de l' équateur dans
l' espace, de manière que cette droite et ce plan, prolongés
indéfiniment, rencontrent le ciel en des points qui ne sont pas
toujours les mêmes : c' est dans ces variations que consistent le
phénone de la précession des équinoxes et celui de la
nutation de l' axe terrestre .
p178
Du mouvement d' un corps solide sur un plan fixe. 4 o 7
considérons un corps solide, terminé par une surface continue
dont l' équation sera donnée dans chaque cas particulier ;
supposons que tous les points de ce corps sont sollicités par des
forces données en grandeur et en direction, et qu' en vertu de
ces forces, le mobile roule sur un plan fixe, de manière qu' il
le touche constamment en un seul point, dans lequel ce plan est
tangent à la surface du mobile. Les quantités de mouvement
perdues à un instant quelconque, par les différens points du
corps, devront se faire équilibre au moyen du plan fixe ; ces
forces auront donc une résultante unique passant par le point de
contact et perpendiculaire au plan fixe, ou normale à la surface
du mobile ; laquelle résultante sera détruite par la sistance
du plan et exprimera la pression qu' il éprouve. Comme cette
pression devra être telle, qu' elle appuie le mobile sur le plan
fixe, il faudra qu' elle soit dirigée suivant la partie de la
normale à sa surface, qui tombe hors du corps ; la résistance du
plan sera, au contraire, dirigée suivant la partie de cette
normale, comprise dans l' intérieur du corps ; or, si
p179
l' on ajoute aux forces données, qui agissent sur le mobile, une
force agissant suivant cette dernière direction, et qui
représente, à chaque instant, la résistance du plan fixe, on
pourra ensuite faire abstraction de ce plan, et considérer le
mobile comme un corps solide entièrement libre. Ainsi le centre
de gravité se mouvra de la même manière que si la masse entière
du mobile y était réunie, et que toutes les forces, y compris la
sistance du plan, fussent appliquées à ce point parallèlement à
elles-mêmes et sans changer leurs intensités / N 398 /. De plus
on formera les équations du mouvement de rotation autour de ce
centre mobile, en le considérant comme un point fixe, et en ayant
égard aux forces données et à la résistance du plan / N 4 o 2 /
; ces équations contiendront donc quatre quantités inconnues,
savoir, l' intensité de cette résistance dont la direction
seulement est connue, et les coordonnées de son point d'
application qui, en général, change de position, pendant le
mouvement, sur la surface du mobile ; mais on aura quatre autres
équations de condition qui completteront, dans tous les cas, le
nombre des équations nécessaires pour déterminer le double
mouvement de translation et de rotation du mobile. En effet, le
point d' application de la force inconnue, étant le point de
contact de la surface du mobile avec le plan fixe, on a d' abord,
entre ses trois coordonnées, les équations de ce plan et de cette
surface ; et ensuite, on en a deux autres pour exprimer la
condition du contact.
p208
Du choc des corps. Ier choc de deux corps spriques et
homogènes. 42 i tous les corps de la nature sont plus ou
moins compressibles ; et quand une cause quelconque les a
comprimés, ils tendent tous, plus ou moins, à reprendre leur
figure primitive. Cette tendance est ce qu' on appelle l'
élastici. Un corps est parfaitement élastique , lorsqu' il
reprend exactement sa figure primitive, aussitôt que la cause qui
l' a comprimé vient à cesser d' agir sur lui. L' élasticité n'
est point en raison de la compressibilité : l' air et le gaz sont
les corps les plus compressibles, et ils sont aussi parfaitement
élastiques ; mais il y a tel autre corps très-compressible, qui
est à peu prèsnué d' élasticité, et tel autre, très-peu
compressible, dans lequel on observe une élasticité parfaite.
Nous allons exposer les lois de la communication du mouvement, d'
abord entre des corps que nous regarderons comme dénués d'
élasticité, et ensuite entre des corps parfaitement élastiques ;
et pour commencer par le cas le plus simple, les mobiles que nous
considérerons dans ce premier paragraphe, seront des sphères
homogènes, dont les centres se meuvent sur une même droite, et
dont tous les
p209
points décrivent des parallèles à cette droite. Tout étant
semblable autour de cette droite, il est évident que le choc ne
saurait imprimer aucun mouvement de rotation à de semblables
mobiles, de manière qu' aps le choc, leurs différens points
continueront de décrire des droites parallèles, avec une vîtesse
commune qu' il s' agira de déterminer. 422 soient (..) / Fig 2
i / deux sphères homogènes et non élastiques ; (..) leurs centres
; Bd, la droite sur laquelle ces deux points se meuvent. Pour
fixer les idées, supposons que les deux corps s' avancent du
point B vers le point D, et que la vîtesse de A est plus
grande que celle de (..) . Le mobile A finira par atteindre le
mobile (..) ; or, quand deux corps compressibles viennent à se
rencontrer, ils se compriment mutuellement, en vertu de leur
différence de vîtesse ; la compression continue jusqu' à ce que,
pour ainsi dire, leurs vîtesses se soient mises de niveau ; ce
qui arrive dans un tems d' autant plus court, que les corps sont
moins compressibles, ou qu' ils approchent davantage d' être
parfaitement durs. Il faut toujours admettre dans les corps les
plus durs qu' on puisse trouver, un certain degré de
compressibilité, et supposer qu' en se choquant ils se compriment
pendant un tems dont la durée sera quelquefois inappréciable.
Ainsi, dans le choc, la vîtesse de A sera diminuée, et celle de
augmentée, jusqu' à ce qu' elles soient devenues égales ;
alors les deux mobiles cesseront d' agir l' un sur l' autre ;
puisque nous les supposons dénués
p210
d' élasticité, ils conserveront la forme que la compression leur
aura donnée ; ils continueront donc à se mouvoir avec une vîtesse
commune, comme s' ils ne formaient qu' un seul et même corps.
Désignons par U cette vîtesse après le choc ; par V la vîtesse
de A, et par (..) celle de (..) , avant le choc ; par (..) les
masses de ces deux corps. Nous aurons (..) , pour la vîtesse perdue
dans le choc par le corps A, et (..) , pour la vîtesse gagnée par
; donc, d' après le principe de D' Alembert, l' équilibre
doit exister entre les deux masses (..) , animées des vîtesses (..) .
Or, la notion que nous avons de la masse des corps, suppose que
les masses de deux mobiles sont en raison inverse des vîtesses
avec lesquelles elles se font équilibre dans le choc / N 3 i 2 /
; nous aurons donc cette équation (..) , qui servira à déterminer
la vîtesse U, au moyen des vîtesses (..) , et d' où l' on tire (..)
. Par un raisonnement semblable, et que je me dispenserai de
péter, on trouvera, pour la vîtesse après le choc, (..) , dans le
cas où les deux mobiles, au lieu de se mouvoir dans le même sens,
iront au contraire l' un au-devant
p211
de l' autre, avec des vîtesses (..) . Le mouvement des deux masses
unies aura lieu, après le choc, dans le sens du mouvement de M
, ou dans celui du mouvement de (..) , avant le choc, selon qu' on
aura (..) . Au reste, cette seconde valeur de U peut être comprise
dans la première, en convenant de regarder comme positives, les
vîtesses dirigées dans un sens, par exemple, de B vers D, et
comme négatives, les vîtesses dirigées dans le sens opposé, ou de
D vers B. 423 il est important d' observer que le seul effet
du choc mutuel de deux corps non élastiques, est de réunir leur
masse en une seule, qui se trouve avoir la me vîtesse que si
les forces qui ont mis ces deux corps en mouvement, agissaient
simultanément sur cette masse totale. En effet, soit F la force
qui imprime la vîtesse V, à la masse M ; cette même force
communiquera une vîtesse (..) , à la masse (..) / N 3 i 5 / ; soit
aussi (..) , la force qui a communiqla vîtesse (..) , à la masse
; agissant sur la masse (..) , elle lui communiquera la vîtesse
; la vîtesse de (..) , due à l' action simultanée des deux forces
, sera donc égale à la somme (..) , quand (..) seront dirigées
dans le même sens ; elle sera égale à la différence (..) , lorsque
leurs directions seront contraires, et dans ce cas, cette vîtesse
sera
p212
dirigée dans le sens de la plus grande de ces deux forces, qui
pond à la plus grande des deux quantités (..) . Or, dans les deux
cas, la vîtesse de (..) cncide avec celle qui résulte du choc
des deux masses (..) . 424 si l' une des masses (..) , par exemple
la masse (..) , est en repos avant le choc, et qu' elle soit
extrêmement grande par rapport à la masse M, qui vient la
frapper, on aura (..) , et la vîtesse après le choc se réduira à
, quantité extrêmement petite, que l' on peut souvent regarder
comme nulle. Dans la nature, il n' existe aucun point absolument
fixe ; il n' existe que des masses qui sont comme infinies par
rapport à celles des corps en mouvement ; de manière que ces
grandes masses détruisent le mouvement des autres corps, sans
prendre une vîtesse appréciable. C' est, par exemple, ce qui
arrive par rapport aux différens mobiles qui viennent frapper la
surface de la terre. 425 lorsqu' on veut évaluer l' effet d'
une machine, ou comparer entre eux les effets que l' on peut
attendre de différentes machines, on a besoin de considérer le
produit de la masse qu' il s' agit de mouvoir, multipliée par le
carré de sa vîtesse. Ce produit est ce qu' on appelle une force
vive . C' est unegle générale que toutes les fois que le
mouvement d' un système de corps éprouve un changement brusque,
il en résulte une diminution dans la somme des forces vives de
tous ces corps.
p213
D' après un théorème que l' on doit à M Carnot, cette
diminution est équivalente à la somme des forces vives dues aux
vîtesses perdues ou gagnées par les mobiles. Pour le vérifier
dans le choc de deux corps durs, j' observe qu' on a alors / N 4
22 / (..) ; multipliant les deux membres de cette équation par 2
u, et la retranchant ensuite de l' équation identique : (..) , il
vient (..) , ou, ce qui est la même chose, (..) : équation qui
coïncide évidemment avec l' énoncé du théorème. 426 connaissant
les lois du choc des corps pourvus d' élasticité, il est facile
d' en conclure celles du choc des corps parfaitement élastiques.
Examinons d' abord ce qui arrive lorsqu' un corps de cette espèce
vient frapper un plan fixe, dans une direction perpendiculaire à
ce plan. L' observation nous apprend qu' alors le corps se
comprime contre le plan, c' est-à-dire, que son diamètre
perpendiculaire à ce plan diminue successivement, tandis que sa
section parallèle s' élargit ; en se comprimant
p214
ainsi, le mobile perd graduellement sa vîtesse, et la compression
cesse aussitôt que cette vîtesse esttruite ; à cet instant, le
corps commence à retourner vers sa forme primitive ; son diatre
perpendiculaire augmente, et sa section parallèle au plan fixe se
rétrécit ; pendant ce retour, la vîtesse qu' il a perdue, lui est
restituée en sens contraire et par les mêmes degrés qu' elle lui
a été enlevée ; de manière que, si l' élasticité est supposée
parfaite, le corps reprend une vîtesse exactement égale et
contraire à sa vîtesse primitive. Ainsi l' effet général de l'
élasticité est de rendre aux corps une vîtesse égale et contraire
à celle que la compression leur a fait perdre. S' il s' agissait,
par exemple, d' un corps pesant, abandonné à lui-même et tombant
dans le vide, d' une certaine hauteur, sur un plan horizontal :
la compression, produite par le choc, lui enleverait d' abord
toute la vîtesse acquise pendant sa chute ; ensuite l' élasticité
parfaite lui rendant une vîtesse égale et contraire, le corps
remonterait à la hauteur d' où il est tombé / Ni 9 o /. Dans le
cas d' une élasticité imparfaite, la vîtesse rendue serait plus
petite que la vîtesse perdue ; par conséquent, le mobile
remonterait à une hauteur plus petite que celle de sa chute ; d'
il résulte un moyen fort simple de comparer entre eux les
degrés d' élasticité de différens corps. 427 considérons
présentement les deux corps (..) , comme parfaitement élastiques,
et cherchons les vîtesses de chacun d' eux, après leur choc
p215
mutuel. Soient toujours (..) , leurs masses, et (..) leurs vîtesses
avant le choc. Supposons d' abord que ces deux corps vont au-
devant l' un de l' autre, avec des vîtesses telles, qu' ils se
feraient équilibre s' ils étaient dénués d' élasticité, c' est-à-
dire, supposons (..) . Soit aussi E / Fig 22 /, le point de la
droite Bd, où les deux mobiles se joignent ; concevons par ce
point, un plan Mn, perpendiculaire à la droite Bd ; nous
pouvons regarder Mn comme un plan fixe, contre lequel les deux
masses (..) viennent se comprimer, et perdre leurs vîtesses (..) ;
en reprenant leur forme sphérique, l' élasticité leur restituera,
en sens contraire, des vîtesses égales à celles qu' ils auront
perdues ; par conquent, dans ce premier cas, les deux mobiles
retrograderont après le choc, avec des vîtesses égales à celles
qu' ils avaient auparavant. Quelles que soient maintenant les
vîtesses (..) des deux mobiles avant le choc, nous pouvons
partager chaque vîtesse en deux autres, l' une, qui sera la même
pour les deux mobiles et que nous déterminerons comme nous le
jugerons convenable, et l' autre, égale à l' excès de la vîtesse
donnée, sur cette première vîtesse arbitraire. Désignons celle-ci
par U, ou, ce qui est la même chose, remplaçons par (..) , les
deux vîtesses (..) . Soient aussi (..) , les vîtesses de (..) après le
choc, et afin de n' avoir pas à distinguer les différens cas que
peuvent présenter les directions des mobiles, avant et après le
choc, convenons de regarder comme positives, les vîtesses
dirigées dans le sens du mouvement de M, avant le choc, et comme
p216
négatives, les vîtesses dirigées en sens opposé ; de cette
manière V sera toujours une quantité positive ; (..) , pourront
être des quantités positives ou négatives. Il est évident que les
deux corps sont dans le me état que s' ils allaient l' un au-
devant de l' autre, avec des vîtesses (..) , et qu' enme tems la
droite Bd que leurs centres parcourent, fût elle-même en
mouvement avec la vîtesse U ; or, le mouvement de cette droite
ne saurait avoir aucune influence sur le choc de ces deux corps ;
faisons donc abstraction, pour un moment, de la vîtesse U ; de
plus, supposons la quantité U déterminée par l' équation (..) ;
de manière que (..) soient les vîtesses avec lesquelles les masses
se feraient équilibre, si elles n' étaient point élastiques.
D' après ce qu' on vient de dire, ces vîtesses seront détruites
dans le choc ; mais en vertu de l' élasticité, les deux mobiles
rétrograderont l' un et l' autre, savoir, A avec la vîtesse (..) ,
et (..) , avec la vîtesse (..) ; d' l' on conclut, en
rétablissant la vîtesse U, que celle de A après le choc, sera
égale à U diminuée de (..) , et celle de (..) égale à U, augmentée
de (..) ; par conséquent on aura, pour les valeurs de (..) , (..) . L'
équation précédente donne (..) ;
p217
substituant cette valeur dans celles de (..) , elles deviennent (..)
. 428 il se présente plusieurs conséquences à déduire de ces
formules : I quand on a (..) , les dernières valeurs de (..) ,
deviennent : (..) ; ainsi, dans le cas particulier où les masses
sont égales, il arrive qu' après le choc, chacun des mobiles a la
vîtesse de l' autre avant le choc. 2 les deux valeurs (..) ,
donnent imdiatement : (..) ; ce qui signifie que dans tous les
cas la vîtesse relative des deux corps après le choc, est égale
et de signe contraire à leur vîtesse relative avant le choc. On
entend en général par tesse relative de deux mobiles, la
différence de leurs vîtesses absolues. 3 ces mêmes valeurs de
, donnent aussi : (..) . En ayant égard à la valeur de U, on voit
que le second membre de cette équation se réduit à (..) ; on a
donc (..) ;
p218
par conséquent, dans le choc de deux corps parfaitement
élastiques, la somme de leurs forces vives est la me avant et
après le choc. Les corps ne sont jamais ni parfaitement
élastiques, ni entièrement dénués d' élasticité ; c' est pour
cette raison qu' il y a toujours une perte de force vive dans le
choc de deux corps ; mais cette perte est moindre que celle qui a
été trouvée dans le N 425, et elle est d' autant plus petite que
les deux corps approchent davantage d' être parfaitement
élastiques. 429 le choc des corps durs et celui des corps
élastiques, ont une propriété commune qui n' est qu' un cas
particulier d' un principe général de mécanique, connu sous le
nom de principe de la conservation du mouvement du centre de
gravité . Il consiste en ce que l' action réciproque de
différens corps d' un même système, qui agissent les uns sur les
autres, soit en se choquant, soit de toute autre manière, n'
altère pas le mouvement du centre de gravité du système entier.
Nous en donnerons la démonstration dans le chapitre suivant : il
ne s' agit ici que de vérifier ce théorème, dans le cas du choc
de deux corps. Pour cela, je conserve les nominations du N 427
; de plus, je représente par (..) les distances variables des
centres des deux mobiles, au point fixe B, choisi arbitrairement
sur la ligne qu' ils crivent, et par X, la distance du centre
de gravité de ces deux corps au même point. En observant que les
poids sont proportionnels aux masses, on aura pour
p219
terminer X, (..) . Si l' on différentie cette équation par
rapport au tems, que nous appellerons T, il vient (..) ; or, (..)
expriment les vîtesses des deux mobiles au bout du tems T, et
exprime la vîtesse correspondante de leur centre de gravité ; on
obtiendra donc la valeur de cettetesse avant le choc, en
mettant (..) à la place de (..) , dans la dernière équation ; et
pour avoir la vîtesse du même point, après le choc, il faudra
mettre, dans cette équation, (..) à la place de (..) . Soient donc
, ces deux vîtesses du centre de gravité, nous aurons (..) . Cette
valeur de Y n' est autre chose que celle de la quantité que nous
avonssignée prédemment par U ; mais dans le cas où les deux
mobiles ne sont point élastiques, les vîtesses (..) après le choc,
sont égales entre elles, et l' on a (..) ; d' il résulte (..) ,
et par conséquent (..) . Si, au contraire, ces deux corps sont
parfaitement élastiques,
p220
on a (..) ; substituant ces valeurs dans celle de (..) , et
comparant celle-ci à la valeur de Y, on trouve (..) ; par
conséquent (..) , à cause de (..) . Ainsi, la vîtesse du centre de
gravité est la même immédiatement avant et après la rencontre des
deux mobiles ; de manière que le choc de deux corps, qui change
la vîtesse de chacun d' eux, n' apporte cependant aucune
altération dans la vîtesse de leur centre de gravité. Ii choc
de deux corps de forme quelconque. 43 o le mouvement d' un
corps solide dans l' espace est déterminé lorsqu' on connaît à
chaque instant : I la vîtesse et la direction du centre de
gravité ; 2 la direction de l' axe instantanée de rotation,
passant par ce point ; 3 la vîtesse angulaire de rotation
autour de cet axe. L' effet du choc mutuel de deux corps en
mouvement est, en général, de changer brusquement ces divers
élémens ; le problème qui va nous occuper, consistera donc à
terminer ces changemens, par rapport à l' un et à l' autre
mobile ; de sorte qu' en supposant ces élémens connus à l'
instant du choc, nous nous proposerons de trouver ce qu' ils
seront devenus imdiatement après. Or, si l' on fait d' abord
abstraction de l' élasticité des deux mobiles, il faudra, d'
après le principe de
p221
D' Alembert, que l' équilibre ait lieu entre les quantités de
mouvement perdues ou gagnées, dans leur choc mutuel, par toutes
leurs molécules. Soient donc (..) / Fig 23 /, les deux mobiles ;
supposons qu' à l' instant du choc leurs surfaces ont un seul
point de contact : soit (..) ce point ; soit aussi (..) , la normale
commune aux deux surfaces, la partie (..) étant comprise dans l'
intérieur de M, et l' autre partie (..) , dans l' intérieur de (..)
. Dans le choc, ces deux corps s' appuieront l' un contre l'
autre, par le point de contact (..) ; si donc on veut que des
forces quelconques, appliquées aux différens points de (..) , se
fassent équilibre au moyen de ce point d' appui, il sera
cessaire que toutes les forces appliquées au corps M se
duisent à une seule, dirigée suivant la normale (..) , du point
vers le point (..) , et que toutes celles qui agissent sur (..) , se
duisent de même à une force égale à la première résultante et
dirigée en sens contraire, c' est-à-dire du point (..) vers le
point K. Les quantités de mouvement que le choc fait perdre ou
gagner à toutes les molécules de chacun des deux corps auront
donc une résultante unique, dirigée suivant la normale, au point
de contact (..) ; la grandeur de cette force sera la même pour les
deux mobiles, et elle sera, pour chaque mobile, égale et
contraire à la percussion qu' il éprouve, laquelle percussion
s' exerce sur le corps M, suivant la direction (..) , et sur le
corps (..) , suivant la direction (..) . En appliquant donc à l' un
et à l' autre une force inconnue en grandeur,
p222
qui représentera cette percussion, et que j' appellerai N, on
pourra ensuite considérer chaque mobile isolément ; par
conséquent on aura, par rapport à chacun des deux corps, un
certain nombre d' équations d' équilibre entre la force N et les
quantis de mouvement perdues par ses molécules, savoir, six
équations, quand le mobile sera entièrement libre, et un moindre
nombre, quand il sera retenu par un point ou un axe fixe. Nous
allons d' abord former ces équations d' équilibre, dans le cas
les mobiles ne sont retenus par aucun point fixe ; nous verrons
ensuite si elles suffisent à la détermination complète du
mouvement des deux corps aps le choc, puis nous examinerons
comment ces résultats sont modifiés par l' élasticité.
p248
443 le problème du choc de deux corps étant un de ceux qui
trouvent le plus souvent une application utile dans la pratique,
on ne trouvera pas trop longs les détails dans lesquels je suis
entré à ce sujet. Les formules et les principes expos dans ce
paragraphe, donneront la solution complète du problème, dans tous
les cas qu' il peut présenter ; et cette solution est aussi
simple qu' il est possible, puisqu' elle se réduit, dans chaque
cas, à résoudre un nombre d' équations du premier degré égal à
celui des inconnues qu' on a à déterminer. Il est rare qu' on ait
à considérer le choc de plus de deux corps à-la-fois ; le choc
simultanée d' un nombre quelconque de corps, qui va nous occuper
dans le paragraphe suivant, n' est donc qu' une question de pure
curiosité, remarquable par l' uniformité de l' analyse dont nous
ferons usage, et par la généralité des résultats. Mais afin de ne
pas compliquer cette question, nous supposerons que les mobiles
sont des sphères homogènes qui pourront être de différens rayons
et de différentes matières. Si ces corps ont un mouvement de
rotation autour de leurs centres, il ne sera point altéré par le
choc, et nous serons dispensés d' y avoir égard. Nous supposerons
donc aussi que tous les points d' une même sphère se meuvent,
avant et après le choc, avec la même vîtesse et dans la même
direction que son centre ; mais cette vîtesse et cette direction
varieront d' une sphère à une autre, et chaque mobile aura, dans
l' espace, une direction et une vîtesse particulières.
p249
Iii choc simultanée d' un nombre quelconque de corps
sphériques et homones. 444 la question que nous nous
proposons de résoudre, consiste à déterminer les vîtesses et les
directions de ces corps après le choc, connaissant leurs vîtesses
et leurs directions, avant le choc, les directions des droites
qui joignent leurs centres deux à deux, à l' instant du choc, et
enfin leurs masses. Supposons d' abord les mobiles sans
élasticité ; soient (..) , etc., leurs masses ; (..) , etc., leurs
vîtesses avant le choc ; (..) , etc., leurs vîtesses après le choc
; (..) , etc., les centres de ces corps sphériques. Pour fixer les
directions de ces vîtesses, menons arbitrairement par un point
quelconque O / Fig 27 /, trois axes rectangulaires Ox, Oy,
Oz ; désignons par A, B, C, les trois angles que fait la
direction de latesse V, avec des parallèles à ces axes ; par
; etc., les angles analogues qui se rapportent aux directions
des vîtesses (..) , etc. ; et par (..) ; etc., les angles qui
déterminent de la même manière, les directions des vîtesses (..) ,
etc. : tous ces angles étant comptés comme il a été dit au
commencement de ce traité / N 5 /, et les vîtesses (..) , etc. ;
, etc., étant toutes des quantités positives. Quant aux
directions des lignes (..) , etc., qui joignent les centres deux à
deux, nous n' emploierons pas de nouvelles lettres pour les
désigner : Cx, Cy, Cz, étant trois droites menées par le point
C,
p250
parallèlement aux axes Ox, Oy, Oz, la direction de la ligne
, ou de la force qui agit suivant cette droite, du point C vers
le point (..) , sera fixée par les trois angles (..) , aigus ou obtus
, que cette ligne fait avec les parallèles ; de me (..) , étant
des parallèles aux mêmes axes, menées par le point (..) , la
direction de la droite (..) , ou de la force qui agit suivant cette
ligne, de (..) vers C, sera déterminée par les trois angles (..) ,
qui sont supplémens des trois premiers ; et ainsi de suite pour
toutes les autres lignes. Nous distinguons, comme on voit, la
ligne (..) de la ligne (..) , afin de ne pas confondre la force qui
agit de C vers (..) , avec la force contraire qui agit de (..) vers
C. Cela posé, l' équilibre doit avoir lieu dans le système, en
conservant à tous les points des masses (..) , etc., leurs vîtesses
, etc., et leur imprimant, en outre, des vîtesses égales et
contraires à (..) , etc. / N 333 / ; ce qui revient à appliquer
aux centres (..) , etc., de ces sphères, des forces (..) , etc.,
dirigées dans le sens des vîtesses (..) , etc., et des forces (..) ,
etc., dirigées en sens contraire des vîtesses (..) , etc. Or, pour
que cet équilibre général subsiste, il faut qu' il ait lieu
parément dans chaque sphère, en ayant égard aux deux forces qui
sont appliquées à son centre, et aux quantités de mouvement qui
lui sont imprimées à l' instant du choc, par les sphères qui la
touchent ; et comme ces quantités de mouvement sont dirigées
suivant les rayons de la sphère touchée, qui aboutissent aux
points de contact, il s' ensuit
p251
que les directions de toutes les forces qui doivent se faire
équilibre sur une même sphère, viennent concourir à son centre ;
par conséquent il suffit que les trois sommes de leurs
composantes parallèles aux axes Ox, Oy, Oz, soient égales à
ro / N 22 /. Supposons donc qu' à l' instant du choc, la
sphère M, dont le centre est C, est touchée par les sphères (..)
, etc., dont les centres sont (..) , etc. ; soit / (..) /, la
quantité de mouvement que M reçoit de (..) , et qui est dirigée
suivant la ligne (..) , de (..) vers C ; / (..) / celle que M
reçoit de (..) , et qui est dirigée suivant la ligne (..) , de (..)
vers C ; et ainsi de suite : en décomposant ces forces, ainsi
que les forces Mvetmu, suivant les axes Ox, Oy, Oz, et
égalant ensuite à zéro la somme des composantes, suivant chaque
axe, on trouvera, d' après les notations convenues, (..) . On
trouve de même, pour l' équilibre de (..) , (..) ;
p252
pour l' équilibre de (..) , (..) ; et ainsi de suite. Dans ces
équations, nous représentons, en général, par la notation / (..) /
, la quantité de mouvement que la sphère dont le centre est (..) ,
imprime à celle dont le centre est (..) , à l' instant du choc,
quantité de mouvement qui est dirigée suivant la droite (..) , de
vers (..) . La notation / (..) / représente la quantité de
mouvement que la seconde sphère rend à la première, en sens
contraire de celle qu' elle en a reçue. Ces deux forces n'
existent pas, ou doivent être supposées nulles, lorsque les
centres (..) appartiennent à des sphères qui ne se touchent pas à
l' instant du choc ; de sorte que le nombre de ces notations, qui
entrent dans les équations précédentes, est égal au double des
contacts de toutes les spres entre elles. En joignant à ces
équations, celles-ci : (..) , etc., on en aura un nombre quadruple
de celui des masses (..) , etc., et par conséquent égal à celui des
inconnues (..) ; etc.,
p253
qu' il s' agit determiner ; mais comme ces équations
renferment en outre les inconnues / (..) /, etc., il nous reste
encore à trouver d' autres équations, en nombre égal à celui de
ces dernières inconnues.
p255
447 nous avons déjà remarqué / N 434 / que l' effet de l'
élasticité dans le choc est de doubler la quantité de mouvement,
et par conséquent aussi la vîtesse que chaque mobile roit,
suivant la direction de la normale au point de contact ; pour
étendre
p256
cette loi au choc simultanée de plusieurs corps, il faut supposer
que la communication du mouvement se fait au même instant entre
tous ces corps ; hypothèse admissible, dans le cas où l' un des
mobiles touche à-la-fois tous les autres, mais qui n' est plus
exacte, lorsque le mouvement se transmet successivement d' un
corps à un autre. Par exemple, si nous considérons une suite de
billes en repos (..) , etc. / Figire /, parfaitement élastiques,
juxta-poes et dont les centres sont rangés sur uneme droite
; et si nous supposons qu' une autre bille élastique B, dont le
centre se meut sur la même droite, vient frapper la première
bille A, la communication du mouvement n' aura pas lieu au même
instant dans toute cette suite de corps ; au contraire, le
mouvement s' y propagera successivement d' une bille à la
suivante, et il emploiera pour parvenir à la dernière, un
intervalle de tems qui deviendrait appréciable, si le nombre des
billes était fort grand. L' exrience prouve que les choses se
passent alors comme si les billes ne se touchaient pas
rigoureusement, et que chaque bille, avant d' agir sur celle qui
la suit, eût le tems de prendre latesse que celle qui la
précède doit lui communiquer. En effet, pour rendre le résultat
plus évident, donnons la même masse à B, et à chacune des billes
en repos (..) , etc., et ne supposons pas ces corps en contact ;
dans le choc B contre A, ces deux corps de me masse et
parfaitement élastiques, feront un échange de vîtesses / N 428 /
; B sera donc réduit au repos et A prendra la vîtesse de B
avant le choc ;
p257
par la même raison, A sera réduit au repos en choquant (..) qui
prendra sa vîtesse ; (..) perdra ensuite sa vîtesse qui passera à
; et ainsi de suite, jusqu' au dernier de ces corps. Il
arrivera donc qu' après cette suite de chocs, tous les corps (..) ,
etc., demeureront en repos, excepté le dernier, qui continuera de
se mouvoir avec la vîtesse primitive de B. Or, l' expérience
montre que lors me que les billes (..) , etc., sont juxta-posées
et forment une suite non interrompue, le choc de B contre A
détache seulement la dernière bille de cette suite, de sorte que
toutes les autres billes et le mobile, restent en repos et juxta-
posés après ce choc. Il serait difficile d' avoir égard à la
durée de la communication du mouvement dans le choc des corps
élastiques ; nous nous bornerons donc à considérer les cas dans
lesquels cette communication a lieu aume instant entre tous
les mobiles, en quelque nombre qu' on les suppose ; et nous
admettrons, comme dans le N 434, que l' effet de l' élasticité
se duit à doubler la vîtesse que chaque mobile a perdue ou
gage pendant sa compression. 448 la vîtesse que la sphère (..)
/ Fig 27 /, communique à la sphère M, suivant la droite (..) ,
conservera donc la même direction et deviendra double, quand ces
deux corps seront supposés parfaitement élastiques ; il en sera
de même à l' égard de la vîtesse que (..) rend à M, suivant la
droite (..) ; et généralement, si nous supposons tous les corps
, etc., doués d' une élasticité parfaite, les vîtesses
p258
que chaque corps reçoit de tous ceux qui le touchent, et celles
qu' il leur restitue, auront les mêmes directions que dans la
supposition d' une élasticité nulle, mais elles seront doubles en
grandeur, de ce qu' elles seroient dans cette hypothèse. En
décomposant donc parallèlement aux trois axes Ox, Oy, Oz, les
vîtesses qui sont imprimées à la sphère M, par toutes celles qui
la touchent à l' instant du choc, et faisant les sommes des
composantes suivant chaque axe, ces sommes seront doubles, dans
le cas d' une élasticité parfaite, de ce qu' elles seraient dans
le cas d' une élasticité nulle, toutes les données étant d'
ailleurs les mêmes dans les deux cas ; de plus, il est évident
que la somme relative à chaque axe est égale à la différence des
vîtesses du mobile, suivant cet axe, avant et après le choc ; or,
en conservant les notations précédentes, les différences de ces
vîtesses, dans le cas de l' élasticité nulle, sont (..) , suivant
l' axe Ox ; (..) , suivant l' axe Oy ; (..) , suivant l' axe Oz ;
donc, dans le cas de l' élasticité parfaite, ces mes
différences seront (..) . Si on les ajoute aux composantes (..) , de
la vîtesse de M avant le choc, on aura, enduisant, (..) , pour
les composantes de satesse après le choc ; d' il sera ai
de conclure la grandeur et la direction de cette vîtesse dans l'
espace.
p259
En accentuant une fois, deux fois, etc., les lettres (..) , on aura
les composantes parallèles aux mêmes axes Ox, Oy, Oz, des
vîtesses de (..) , etc., après le choc, lesquelles composantes
seront (..) . Lors donc que les vîtesses (..) , etc., après le choc,
et les angles (..) , etc., dont leurs directions dépendent, auront
été déterminées dans l' hypothèse d' une élasticité nulle, on
pourra aussi assigner les vîtesses et les directions de tous les
mobiles après le choc, dans l' hypothèse d' une élasticité
parfaite ; par conséquent la solution du problème de la
communication du mouvement, entre des corps sphériques et
homogènes, entièrement dénués d' élasticité, ou parfaitement
élastiques, se réduit àsoudre, dans chaque cas particulier,
les équations des N 444 et 446. On peut observer que ces
équations sont seulement du premier degré par rapport aux
inconnues / (..) /, etc., et aux produits (..) , etc., qui seront
les vîtesses des mobiles après le choc. De plus, ces équations
sont enme nombre que toutes ces quantités ; de manière que le
calcul de leurs valeurs sera toujours aussi simple qu' on peut le
desirer. Voici maintenant plusieurs conséquences générales qui se
déduisent de ces équations, avec une grande facilité.
p260
449 dans le cas des corps non élastiques, les quantités de
mouvement (..) , etc., se détruiront dans le choc, et les corps
resteront en repos, toutes les fois que les vîtesses (..) , etc.,
après le choc, seront nulles ; or, si l' on fait (..) , etc., les
équations du N 446 deviennent identiques, et les angles (..) , etc
., disparaissent en même tems que ces vîtesses, dans les
équations (..) , etc., du N 444 ; éliminant donc entre ces
dernières équations, les quantités (..) , etc., il restera des
équations de condition entre les quantités données (..) , etc. ;
; etc., qui devront être satisfaites pour que l' équilibre des
quantités de mouvement (..) , etc., ait lieu. Les équations d'
équilibre seront donc en nombre égal à trois fois celui des corps
, moins le nombre de leurs contacts ; d' où l' on voit que le
nombre des corps restant le même, celui des conditions d'
équilibre sera d' autant plus grand, qu' il y aura moins de
points de contact entre les corps, à l' instant du choc. L'
équilibre serait impossible, comme on le verra bientôt, si les
mobiles étaient élastiques.
p286
Ii conservation des forces vives ; principe de la moindre
action. 467 les principes généraux de la conservation des
aires et du mouvement du centre de gravité, ne sont autre chose,
comme on a pu le voir, que la traduction des six équations du
mouvement d' un système de forme invariable, étendues à un
système quelconque ; mais le principe de la conservation des
forces vives, qui va maintenant nous occuper, n' est point
compris dans les six équations du N 455 ; et pour le démontrer
dans toute sa généralité, il est nécessaire de recourir au
principe des vîtesses virtuelles, énon dans la statique / Ni 6
3 /. Appliquons donc ce principe aux quantités de mouvement
perdues (..) , etc. / N 454 /, qui doivent se faire équilibre.
Pour cela, supposons qu' on imprime arbitrairement au système des
points (..) , etc., un des mouvemens qu' il peut prendre, et que
par suite de ce mouvement, tous ces points soient transportés
dans des positions infiniment voisines de leurs positions
actuelles. Soient N la nouvelle position du point M, et (..) ,
les projections sur les axes Ox, Oy, Oz, de la droite
infiniment petite Mn, décrite par ce point M, et que nous avons
appelée sa vîtesse virtuelle / Ni 63 /. En substituant à la
force Mp, appliquée à ce point, ses trois composantes (..) , le
produit de cette force, par latesse virtuelle du point M,
sera,
p287
d' après le Ni 68, égal à (..) ; faisant donc la somme des
produits semblables, pour tous les points du système, et
indiquant toujours cette somme par la caractéristique (..) , l'
équation générale des vîtesses virtuelles aura cette forme : (..) .
Cette équation a également lieu, lorsque les mobiles (..) , etc.,
éprouvent, par une cause quelconque, un changement brusque dans
leurs vîtesses, c' est-à-dire, lorsque leurs vîtesses perdues (..)
, etc., sont supposées des quantités finies ; et quand la loi de
continuité n' est point interrompue dans le mouvement de ces
corps, ou, ce qui revient au même, quand les vîtesses perdues (..)
, etc., sont infiniment petites. Elle subsiste pour tous les
déplacemens que l' on peut faire subir au système, sans violer
les conditions qui lient les corps entre eux, et qui en
astreignent une partie à se mouvoir sur des surfaces ou sur des
courbes données. Dans chaque cas, cette équation générale donnera
autant d' équations particulières, qu' il y aura de ces mouvemens
possibles, et l' ensemble de ces équations servira à déterminer
le mouvement du système. Nous pourrions facilement en déduire les
six équations générales du mouvement d' un système de forme
invariable ; mais nous ne nous arrêterons point à cette recherche
, et nous continuerons de
p288
considérer un système quelconque de points matériels. 468 les
coordones de M, à un instant quelconque, étant X, Y, Z ;
celles de (..) , au même instant, étant (..) ; etc., on peut
supposer les conditions du système, expries par des équations
données entre ces coordonnées. Quelquefois ces équations
contiendront aussi la variable T, qui représente le tems ; ce
cas arrivera, par exemple, quand un des mobiles devra se trouver
constamment sur une surface, qui est elle-me en mouvement,
suivant une loi donnée ; car alors on aura une équation entre les
coordones du mobile et la variable T, qui sera l' équation de
cette surface, à un instant quelconque. Représentons donc, pour
plus de généralité, par (..) , une des équations de condition du
système. Pour que le mouvement arbitraire qu' on lui imprime à l'
instant où l' on considère l' équilibre des forces (..) , etc.,
soit permis, il faut que les coordonnées des mobiles dans la
nouvelle position du sysme, satisfassent encore à cette
équation ; or, ces coordonnées sont (..) , relativement à M ;
celles de (..) , seront (..) , si nous désignons par (..) , les
projections de sa vîtesse virtuelle sur les axes Ox, Oy, Oz ;
et de même, pour tous les autres points : donc l' équation
précédente devra être
p289
satisfaite, en y substituant (..) , à la place de (..) , à la place
de (..) ; etc. ; par conséquent la différentielle de la fonction
F doit être égale à zéro, cette différentielle étant prise en
regardant T comme une constante et en indiquant les variations
des coordonnées X, Y, Z ; (..) ; etc., par la caractéristique
; c' est-à-dire, qu' on doit avoir (..) . Mais les coordonnées des
mobiles sont des fonctions du tems, qui satisfont à l' équation /
2 /, pour toutes les valeurs de cette variable ; la
différentielle complète de la fonction F, par rapport à T, et
en regardant (..) , etc., comme des fonctions de cette variable,
est donc égale à zéro ; de manière qu' on a toujours (..) ; le
terme Tdt étant la différentielle de F, prise par rapport au
tems que cette fonction renferme explicitement. En comparant
cette équation à celle qui la précède, on voit qu' on satisfera à
celle-ci, toutes les fois que le terme Tdt sera nul, en prenant
, etc. Ainsi, lorsqu' aucune des équations de condition du
système ne renferme le tems explicitement, on peut supposer les
vîtesses virtuelles des mobiles, suivant les axes de leurs
coordones, égales aux différentielles de ces coordones, qui
sont les espaces
p290
parcourus par leurs projections sur ces axes, pendant l' instant
Dt ; hypothèse qui revient à imprimer au système, le mouvement
qu' il a ellement à l' instant on le considère ; et qui ne
sera plus permise, dès qu' une des équations de condition
contiendra le tems d' une manière explicite. 469 dans cette
supposition, l' équation / I / devient (..) . En y substituant les
valeurs de (..) , données dans le N 454, savoir : (..) , il vient,
après avoir divisé par Dt, (..) . Appelons V la vîtesse de M, à
un instant quelconque, nous aurons (..) , et par conséquent, (..) ;
équation qui s' intégrera immédiatement, quand le
p291
second membre sera la différentielle complète d' une fonction des
coordones des mobiles, considérées comme des variables
indépendantes. En supposant donc (..) , et intégrant, on aura (..) ;
C étant une constante arbitraire que l' on déterminera d' après
la valeur de (..) , dans une position déterminée du système. Or,
nous savons déjà que la formule (..) , est une différentielle
complète, lorsque les mobiles sont sollicités par des forces
dirigées vers des centres fixes, et dont les intensités sont des
fonctions de leurs distances à ces centres ; car alors (..) est
une différentielle complète, pour chaque mobile isolément / N 22
5 /. La même formule est encore une différentielle complète, en
ayant égard à l' attraction mutuelle des mobiles, pourvu que les
forces accélératrices dues à cette attraction soient
proportionnelles aux masses des corps attirans, et exprimées par
une fonction quelconque de la distance. En effet, soit F la
distance des deux points (..) du système ; F une fonction donnée
de F ; (..) la force accélératrice de M, provenant de l'
attraction de (..) : Mf la force accélératrice
p292
de (..) , provenant de l' attraction de M : la force (..) étant
dirigée suivant la ligne qui joint les points (..) , de M vers (..)
, il est aisé de voir que ses composantes parallèles aux axes Ox
, Oy, Oz, seront (..) ; donc en ne considérant que cette force,
on aura (..) . De même, en signant par (..) , les composantes
parallèles aux mêmes axes, des forces accélératrices qui agissent
sur (..) , on aura, relativement à la force Mf, (..) . Multipliant
la première de ces quantités par M, la seconde par (..) , et les
ajoutant ensuite, on voit que l' attraction mutuelle de (..) ,
introduit dans la formule (..) , le terme (..) . Mais on a (..) , et en
différentiant complètement, il vient (..) ; le terme précédent
devient donc (..) , quantité qui est la différentielle d' une
fonction de F, puisque F n' est fonction que de cette distance.
p293
Ainsi, l' équation / 4 / a lieu dans le mouvement de tout
système de corps soumis à leur attraction mutuelle et à d' autres
attractions dirigées vers des centres fixes ; les points du
système peuvent être liés entre eux et à des points fixes, de
telle manière qu' on voudra ; tous ces mobiles, ou seulement une
partie, peuvent être assujétis à se mouvoir sur des courbes ou
sur des surfaces fixes et données : dans un pareil système, la
somme des forces vives (..) , à un instant quelconque, sera don
par l' équation / 4 /, quand on connaîtra la valeur de cette
somme, à un instant déterminé, et les coordonnées des mobiles
dans ces deux positions du système. L' accroissement ou la
diminution de la somme des forces vives, en passant d' une
position à l' autre, ne dépendra nullement des courbes décrites
par les mobiles ; cet accroissement sera nul, et la somme des
forces vives redeviendra la même, toutes les fois que le système
reviendra à la même position ; enfin cette somme se conservera
constamment la même, lorsque les mobiles ne seront sollicités par
aucune force accélératrice. On voit par là, comment le théorème
relatif au carré de la vîtesse, que nous avions trouvé / N 3 oo
/ en considérant le mouvement d' un point matériel isolé, s'
étend au mouvement d' un système de corps. Ce théorème, qu' on a
souvent l' occasion de citer, est connu sous le nom de principe
général de la conservation des forces vives . 47 o ce que
nous venons de dire, par rapport à l' attraction mutuelle des
points du système, s' applique
p294
également à leurpulsion, produite par l' action de ressorts
interposés entre eux, en observant que la force d' un ressort
contracté entre deux points mobiles, ou entre un point mobile et
un point fixe, ne peut être qu' une certaine fonction de la
distance de ces points. Le principe des forces vives subsiste
donc encore dans le cas de ces forces de ressort ; d' où nous
pouvons conclure que la somme des forces vives n' est point
altérée, dans le choc des corps élastiques, entre eux ou contre
des obstacles fixes ; proposition que nous avons déjà vérifiée, à
l' égard du choc mutuel des corps sphériques et homogènes / N 45
i /. En effet, on peut considérer un système de corps élastiques
qui se choquent simultanément, les uns contre les autres, ou
contre des obstacles fixes, comme formant un assemblage de points
matériels, entre lesquels sont interposés des ressorts
immatériels, qui se contractent lorsque les corps se compriment.
La somme des forces vives de tous les points du système, est donc
variable pendant la durée du phénomène du choc, quelque courte
qu' on la suppose ; pour en avoir la valeur à un instant
quelconque, au moyen de l' équation / 4 /, il faudrait
connaître la loi des forces de ressorts ; mais si l' élastici
est parfaite, et que les corps reprennent exactement leur figure
primitive, il suit du théorème prédent que la somme des forces
vives se retrouvera, à la fin du choc, la même qu' elle était au
commencement ; donc cette somme a la me valeur immédiatement
avant et immédiatement après le choc.
p295
47 i le principe des forces vives n' a pas lieu, quand les
mobiles se meuvent dans un milieu résistant, ou quand ils
éprouvent un frottement contre des obstacles fixes ; car alors la
formule (..) ne satisfait plus aux conditions d' intégrabilité ;
et d' ailleurs il est facile de s' assurer que si les mobiles ne
sont pas sollicités par d' autres forces que ces résistances, la
somme de leurs forces vives diminue graduellement et finit par s'
anéantir. Ce principe exige aussi que le mouvement du système
soit soumis à la loi de continuité : chaque changement brusque
qui survient dans les vîtesses des mobiles, produit une
diminution dans la somme des forces vives du système ; et cette
somme peut être réduite à zéro, par une suite de semblables
diminutions. C' est pourquoi, lorsqu' on a à construire une
machine dont l' objet est d' entretenir le mouvement d' un
système, on doit surtout éviter les frottemens et les chocs des
corps non élastiques du système, entre eux ou contre des
obstacles fixes. Nous avons précédemment évalué la perte des
forces vives dans le choc des corps durs / N 452 / ; mais on
peut parvenir au même résultat, d' une manière plus simple et
plusnérale, au moyen de l' équation / 3 /. Pour cela, soit,
comme dans le N 459, A, B, C, les composantes parallèles aux
axes Ox, Oy, Oz, de la vîtesse de M, avant le choc ; A, B,
C, les composantes de sa vîtesse après le choc : les composantes
de la vîtesse perdue par ce point matériel seront (..) ; et par
p296
conséquent, à l' instant de ce changement brusque, on a (..) .
Imdiatement après le choc, les projections de M sur les axes,
parcourront les espaces Adt, Bdt, Cdt, pendant l' instant Dt
; les valeurs des différentielles Dx, Dy, Dz, qui entrent dans
l' équation / 3 /, sont donc (..) . En faisant les substitutions
convenables, et divisant par Dt, l' équation / 3 / devient (..)
; et si l' on suppose (..) , il sera aisé de lui donner cette autre
forme : (..) . Or, Vetv sont les vîtesses de M avant et après le
choc, U est satesse perdue dans le choc ; cette dernière
équation signifie donc que la somme des forces vives de tous les
points du système avant le choc, est égale à la somme des forces
vives dues aux vîtesses perdues par tous ces points. Lorsque le
système est compode points matériels libres, et de points qui
se meuvent sur des courbes ou sur des surfaces dones,
assujéties à la loi de continuité, la vîtesse perdue à chaque
instant par chacun de ces points, en vertu de sa liaison
p297
avec tous les autres, est une quantité infiniment petite ; la
somme des forces vives perdues au me instant, par le système
entier, n' est donc qu' une quantité infiniment petite du second
ordre : répétée une infinité de fois, pendant un tems fini, il n'
en résulte qu' une perte infiniment petite de forces vives ; et
voilà pourquoi la somme des forces vives se conserve constamment
la même, dans un pareil système, si toutefois les mobiles ne sont
sollicités par aucune force accélératrice. 472 l' équation /
4 / nous montre que (..) est un maximum ou un minimum , en
me tems que la fonction désignée par (..) , c' est-à-dire, quand
la différentielle de cette fonction est égale à zéro, ou quand on
a (..) . Or, cette équation a lieu toutes les fois que le système
se trouve dans une position il resterait en équilibre, en
vertu des forces accélératrices qui le sollicitent, si on l' y
plaçait directement sans lui imprimer aucune vîtesse. En effet,
dans une semblable position, on a, d' après le principe des
vîtesses virtuelles, (..) ; (..) , étant les variations des
coordonnées X, Y, Z, du point quelconque M, provenant d' un
déplacement arbitraire, compatible avec les conditions du système
; de plus, on vient de voir que, relativement au système que nous
considérons, il est permis de prendre (..) ;
p298
supposition qui change l' équation / 6 / dans l' équation / 5
/ : donc le premier membre de cette équation / 5 / est nul, et
la somme des forces vives (..) atteint son maximum ou son
minimum , toutes les fois que le système vient à passer, pendant
son mouvement, par une des positions d' équilibre. Ainsi, par
exemple, lorsqu' un cylindre à base elliptique, pesant et
homogène, roule sur un plan horizontal, la somme des forces vives
de tous ses points est la plus grande ou la plus petite, quand l'
un des quatre sommets de sa base atteint le plan horizontal ; car
c' est alors que le cylindre resterait en équilibre, si ses
points n' avaient aucune vîtesse. Ennéral, dans le mouvement
d' un système de corps pesans, liés entre eux d' une manière
quelconque, les positions d' équilibre correspondent aux instans
le centre de gravité est le plus haut ou le plus bas qu' il
est possible / Ni 76 / ; donc la somme des forces vives est
toujours, ou un maximum ou un minimum , quand le centre
cesse de monter et commence à descendre, et quand il cesse de
descendre et commence à monter. On peut même ajouter que le
minimum a lieu dans le premier cas, et le maximum dans le
second. En effet, si l' on prend l' axe des Z, vertical et
dirigé dans le sens de la pesanteur ; que l' on désigne par G,
cette force constante, par M, la somme des masses de tous les
points matériels du système, par (..) , la valeur de Z qui pond
à leur centre de gravité, il est aisé de voir que l' équation /
4 /, deviendra, relativement à ce système, (..) ;
p299
l' on voit clairement que (..) atteindra son maximum ou son
minimum , en me tems que (..) . 473 supposons maintenant que
le système étant sollicité par des forces aclératrices données,
on le place dans une de ses positions d' équilibre : la valeur de
la fonction (..) , qui répond à cette position, sera toujours un
maximum ou un minimum , par rapport à toutes les positions
voisines qu' on pourrait faire prendre au système, sans violer
les conditions de la liaison de ses parties. En effet, la
variation de cette fonction, en passant d' une position à une
autre, infiniment voisine de la première, estnéralement
exprie par le premier membre de l' équation / 6 / ; or, si la
première position est une position d' équilibre, ce premier
membre sera nul pour tous les placemens compatibles avec les
conditions du système ; ce qui est le caractère commun au
maximum et au minimum de la fonction (..) . Réciproquement,
on voit aussi que ce n' est que dans les positions d' équilibre,
que la valeur de la fonction (..) peut être, ou plus grande, ou
plus petite que dans toutes les positions voisines du système.
Mais je dis de plus, que l' équilibre sera stable, ou seulement
instantanée, dans une position done, selon que la fonction (..)
y sera un maximum ou un minimum . Relativement aux
systèmes de corps pesans, cette nouvelle proposition revient à
dire que l' équilibre est stable dans les positions où le centre
de gravité du système est le plus bas, et que l' équilibre n' est
pas stable, dans les positions où ce centre est le plus haut,
ainsi que nous l' avons déjà vérifié dans le
p300
Ni 78, sur plusieurs exemples pour lesquels la différence des
deux états d' équilibre était évidente. 474 pour démontrer, d'
une manière générale, la stabilité de l' équilibre dans le cas du
maximum de la fonction (..) , imaginons que l' on trouble l'
équilibre, en imprimant des vîtesses très-petites à tous les
points du système ; soit, après un tems T quelconque, U la
vîtesse du point M, (..) celle de (..) , etc., et (..) , la somme des
forces vives de tous ces points ; soit aussi, au même instant,
, les coordonnées de M, les constantes A, B, C étant les
coordonnées de M, dans la position d' équilibre ; (..) , les
coordonnées de (..) , les constantes (..) , étant les coordonnées de
dans la position d' équilibre ; et ainsi de suite pour tous
les autres points. En substituant ces coordonnées à la place de
X, Y, Z ; (..) ; etc., dans la fonction (..) , nous aurons, d'
après le principe des forces vives, (..) . Je développe la fonction
, suivant les dimensions croissantes des variables (..) , etc. ;
le premier terme de ce développement est (..) , et il se réunit à
la constante arbitraire C ; la somme des termes de première
dimension est nulle, puisque (..) est un maximum ; on démontre
aussi, dans le calcul différentiel, que la somme des termes de
seconde dimension peut se mettre, lors du maximum , sous la
forme d' une somme de carrés, pris avec le signe (..) , et qui sont
p301
en même nombre que les variables indépendantes du problème : si
donc nous désignons ces carrés par (..) , etc., de sorte que (..) ,
etc., soient des fonctions linéaires de (..) , etc., qui deviennent
nulles en même tems que ces variables, et si nous représentons
par R, le reste du développement de la fonction (..) , comprenant
les termes de dimension supérieure à la seconde, nous aurons (..) .
La constante C est égale à la somme des forces vives dues aux
vîtesses très-petites que l' on a imprimées aux mobiles ; cette
constante est donc une quantité positive et très-petite, que l'
on peut même supposer aussi petite que l' on voudra, en diminuant
convenablement ces vîtesses. Les variables (..) , etc., qui sont
nulles dans la position d' équilibre, commencent d' abord par
être très-petites, quand le système commence à s' écarter de
cette position ; tant que ces variables sont très-petites, les
quantités (..) , etc., le sont aussi ; et réciproquement, à des
valeurs très-petites de (..) , etc., correspondent toujours des
valeurs très-petites de (..) , etc. ; d' ailleurs, on sait que pour
de semblables valeurs, chaque terme de seconde dimension est plus
grand, abstraction faite du signe, que R, qui ne renferme que
des termes de dimension supérieure ; par conséquent, tant que
tous les carrés (..) , etc., sont encore très-petits, chacun d' eux
surpasse la valeur de R. Cela posé, nous sommes en droit de
conclure
p302
que les quantités (..) , etc., demeureront toujours très-petites,
et qu' aucune d' elles ne deviendra égale à (..) ; car si la plus
grande de ces quantités, S par exemple, pouvait devenir égale à
, on aurait enme tems (..) , etc., et (..) ; résultat absurde,
puisque cette valeur de (..) serait négative. Donc aussi les
variables (..) , etc., resteront constamment très-petites, et le
système ne fera qu' osciller autour de sa position d' équilibre.
475 lorsque la fonction (..) est un minimum , la somme des
termes de seconde dimension, dans son développement, est
essentiellement négative ; l' équation des forces vives peut
alors être satisfaite, sans que les variables (..) , etc., soient
assujéties à rester toujours très-petites ; mais cela ne suffit
pas pour prouver que ces quantités n' ont pas de limites. Ce n'
est qu' en déterminant leurs valeurs, en fonction du tems, qu' on
parvient à prouver qu' elles croissent indéfiniment, quelque
petites que soient les vîtesses initiales des mobiles : d' où l'
on conclut que l' état d' équilibre, qui répond au minimum de
la fonction (..) , n' est pas un équilibre stable. Si la fonction
est un maximum ou un minimum , selon que l' équilibre est
stable ou non stable, il suit de ce qu' on a vu dans le N 472,
que la somme des forces vives d' un système de corps en mouvement
, est la plus grande, quand le système passe
p303
par une position d' équilibre stable, et la plus petite, quand il
passe par une position d' équilibre non stable. 476 la théorie
des petites oscillations d' un système de corps autour d' une
position d' équilibre stable, est une des plus intéressantes de
la mécanique, à cause de ses nombreuses applications à des
questions de physique. Les variables qui déterminent les lieux
des mobiles à chaque instant, pendent d' équations
différentielles linéaires, qui sont susceptibles d' une solution
générale ; mais quoique cette solution donnée par M Lagrange,
soit aussi simple qu' on peut le desirer, elle exige encore trop
de développemens pour trouver place ici ; et nous sommes forcés
de renvoyer à la cinquième section de la canique analytique /
2 e partie /, elle est complètement exposée. Nous nous
contenterons de faire connaître d' une manière générale et sans
le démontrer, le principe de la co-existence des petites
oscillations , que l' on doit à Daniel Bernoulli, et auquel il
a été conduit par induction. Les petites oscillations d' un
système de corps dépendent de la cause qui a troublé son
équilibre ; deux causes différentes produisent des oscillations
différentes : or, d' après le principe de Daniel Bernoulli, si
ces deux causes concourent ensemble à troubler l' équilibre du
système, les deux esces d' oscillations qu' elles auraient
produites, en agissant séparément, ont lieu à-la-fois et sans se
nuire ; et il en est deme pour un plus grand nombre de causes
simultanées. La co-existence des petites
p304
oscillations est surtout remarquable dans les ondes qui sont
produites à la surface de l' eau, en plusieurs points à-la-fois,
et qui se superposent sans s' altérer mutuellement. Les sons qui
se croisent en tous sens, dans une masse d' air, sans se modifier
en aucune manière, offrent encore une application du principe que
nous citons.
p307
Notions générales sur les fluides. 478 un fluide est un
amas de points matériels qui cèdent au moindre effort que l' on
fait pour les séparer les uns des autres. Les fluides que la
nature nous présente, approchent plus ou moins de cet état de
fluidité parfaite que notre définition suppose : l' adhérence qui
existe entre les molécules de plusieurs de ces substances, et qui
produit ce qu' on appelle la viscosité du fluide, s' oppose à
la séparation de leurs parties ; mais dans la théorie que nous
allons exposer, nous ferons abstraction de cette adrence, et
nous ne considérerons que des fluides parfaits. On distingue deux
espèces de fluides : les uns sont incompressibles , comme l'
eau et tous les liquides ; ils peuvent prendre une infinité
de figures différentes ; mais sous toutes ces formes, ils
conservent toujours leme volume. Les fluides de la seconde
espèce comprennent l' air, les gaz et les vapeurs ; ils sont
p308
compressibles et doués d' une élasticité parfaite ; de sorte
qu' ils peuvent changer à-la-fois de forme et de volume, par la
compression, et revenir exactement à leur figure primitive,s
que cette compression a cessé. Les vapeurs diffèrent de l' air et
des gaz permanens, en ce qu' elles perdent leur forme de fluides
élastiques, et se réduisent en liquides, lorsqu' on les comprime
à un certain degré, ou quand on diminue leur température ; tandis
que l' air et les gaz ont toujours conservé cette forme, quelles
que soient la compression et la température, auxquelles on les a
soumis jusqu' à présent. 479 la propriété caractéristique et
fondamentale des fluides, celle qui les distingue des solides, et
qui servira de base à la théorie de leur équilibre et de leur
mouvement, est la faculté qu' ils ont de transmettre également,
en tout sens, les pressions que l' on exerce à leur surface. Nous
admettrons cette propriété, comme un fait constaté par l'
expérience et avoué de tous les physiciens ; c' est au reste la
seule hypothèse sur laquelle est fondée l' hydrostatique , ou
la partie de la mécanique qui traite de l' équilibre des fluides.
Pour développer cette hypothèse, et nous en former une idée
précise, considérons d' abord les fluides incompressibles ;
représentons-nous un vase Be / Fig 29 /, prismatique droit,
posé sur un plan horizontal fixe, et rempli, jusqu' à une
certaine hauteur Bc, d' un liquide tel que l' eau, par exemple ;
supposons que l' on recouvre cette eau, par un piston
p309
horizontal Cd, qui ferme le vase exactement ; afin de ne pas
compliquer l' état de la question, faisons abstraction de la
pesanteur de l' eau, de sorte que ce fluide n' exerce, par lui-
me, aucune pression sur les parois du vase ; enfin, posons sur
le piston un poids donné P, qui sera, si l' on veut, le poids
me du piston. Il est évident que la base horizontale du prisme,
se trouve pressée de la même manière que si le poids P était
posé immédiatement sur cette base, et qu' il fût distribué
uniformément sur toute son étendue : tous ses points éprouveront
des pressions verticales, égales entre elles ; la pression qui en
sultera pour une portion quelconque A de cette base, sera
proportionnelle à A ; elle équivaudra à une force verticale,
appliquée au centre de gravité de l' aire A, et égale à (..) , A
étant l' aire de la base entière. Or, le principe de l' égalité
de pression en tout sens , consiste en ce que la pression que
le poids P exerce à la partie supérieure de l' eau, se transmet
par l' interdiaire du fluide, non-seulement sur la base du vase
, mais encore sur toutes les autres parois : tous les points du
vase sont également pressés, dans des directions perpendiculaires
aux parois ; et une aire A, prise sur une des faces latérales du
prisme, éprouve la même pression (..) , que si elle faisait partie
de la base horizontale. Généralement, supposons que le vase ait
la forme d' un polyèdre quelconque / Fig 3 o /, qu' il soit
fer
p310
de toutes parts, et exactement rempli d' un liquide sans
pesanteur ; détachons la face Cd du polyèdre, et remplaçons-la
par un piston ; appliquons à ce piston une force donnée P,
perpendiculaire à la surface du liquide adjacent. Le fluide ne
sera pas mis en mouvement par cette force, et d' après notre
principe, la pression qu' elle exerce sur la surface adjacente,
se transmettra, par l' intermédiaire du liquide, sur toutes les
faces du polyèdre. Tous les points du vase, en y comprenant les
points de la surface du piston, seront également pressés, de
dedans en dehors, dans des directions perpendiculaires aux parois
; si l' on considère une aire A prise sur une de ces parois ou
sur la surface du piston, sa pression sera une force
perpendiculaire à son plan, appliquée à son centre de gravité, et
égale à (..) , A étant l' aire entière du piston. Ce résultat s'
étend sans peine au cas où une partie des parois du vase sont des
surfaces courbes, continues ou discontinues : il suffit alors de
composer ces surfaces en élémens infiniment petits, que l' on
regardera comme les faces planes d' un polyèdre d' une infini
de faces ; et si l' on désigne par (..) l' aire d' un de ces
élémens, on aura (..) , pour la pression qu' il éprouve ; A étant
toujours l' aire du piston, et P la force perpendiculaire qui y
est appliqe. En appelant P la pression constante que
supporterait une aire plane, égale à l' unité de surface, il est
évident qu' on aura (..) ; donc (..)
p311
sera la pression sur l' élément (..) , et Pa, la pression sur l'
aire égale à A. 48 o quand le liquide contenu dans le vase,
est pesant, il transmet les pressions que l' on exerce à sa
surface, de la même manière que quand il est dén de pesanteur ;
mais il exerce en outre sur les parois du vase, une pression due
à son poids, et variable d' un point à un autre de ces parois. Il
en est de même à l' égard d' une masse fluide en équilibre, dont
les molécules sont sollicitées par des forces accélératrices
données, et qui est contenu dans un vase fermé de toutes parts.
Si les parois de ce vase sontcessaires à l' équilibre, ensorte
qu' on ne puisse pas y faire une ouverture sans que le liquide ne
s' échappe aussitôt, il en faut conclure que ces parois éprouvent
, en chaque point, une pression particulière, dirigée de dedans
en dehors, suivant la normale à la surface du vase ; car ce n'
est que suivant cette normale, qu' une surface peut éprouver une
pression, et latruire par sa résistance. La grandeur de cette
pression en chaque point, nous est inconnue ; elle dépend des
forces accélératrices dones et de la position du point ; nous
apprendrons dans la suite à la déterminer ; mais il est bon de
dire d' avance comment on mesure cette pression variable. Comme
elle change, ennéral, d' un point à un autre, on ne peut la
supposer rigoureusement constante, que dans une étendue
infiniment petite ; or, pour mesurer la pression
p312
qu' un élément terminé de la surface éprouve, on conçoit une
aire plane, que l' on prend pour unité, et qui soit pressée dans
toute son étendue, comme cet élément : P étant la pression
totale que cette aire supporte, et (..) l' étendue infiniment
petite de l' élément, le produit (..) exprime la pression de cet
élément. La quanti P est ce que nous appellerons la pression
en chaque point du vase, rapportée à l' unité de surface ; quand
on est parvenu à la déterminer en fonction des coordones de ce
point, on a la pression (..) sur un élément quelconque ; d' où l'
on conclut, par les règles du calcul intégral, la pression sur
une portion plane de la surface du vase. On trouve aussi le point
d' application de cette force, au moyen de la théorie connue des
momens des forces parallèles. Cela posé, imaginons que l' on
enlève une portion plane de la surface du vase, qu' on la
remplace par un piston de même étendue, et qu' on applique à ce
piston une force égale et contraire à la pression que le vase
éprouvait en cet endroit. Il est évident que l' équilibre
subsistera comme auparavant ; il ne sera pas encore troublé, si,
à cette première force, on ajoute une force quelconque P ; car
les forces appliquées aux molécules étant en équilibre, tout doit
se passer, relativement à la force P, comme si ces forces n'
existaient pas ; donc, d' après le principe exposé dans le N
précédent, la force P ne mettra pas le fluide en mouvement, et
la pression qu' elle exerce sur la surface du fluide adjacent au
piston, sera transmise par le fluide, également
p313
en tous sens ; par conséquent la pression P, rapportée à l'
unité de surface, se trouvera augmentée, en chaque point du vase,
d' une quantité constante et égale à (..) ; A étant l' étendue de
la surface plane du fluide, en contact avec le piston. Il est
important de bien distinguer, comme nous le faisons ici, les deux
sortes de pressions que supportent les parois d' un vase qui
contient un fluide en équilibre : l' une est due aux forces
motrices des molécules du fluide, et varie d' un point à un autre
du vase ; l' autre, constante pour tous ces points, provient des
pressions que l' on exerce directement à la surface, et qui sont
transmises sur toutes les parois, par l' intermédiaire du fluide.
Ces deux pressions s' ajoutent en chaque point, pour former la
pression totale. 48 i d' après le principe de l' égalité de
pression en tout sens, un fluide incompressible, contenu dans un
vase de position fixe, doit être regardé comme une véritable
machine ; car une machine est, en général, un appareil au
moyen duquel une force agit sur des points qui sont hors de sa
direction, et produit sur ces points un plus grand ou un plus
petit effet que si elle y était immédiatement appliquée ; or, c'
est le cas d' une force appliquée à la surface du liquide, au
moyen d' un piston, puisqu' elle agit, par l' intermédiaire de ce
fluide, sur tous les points du vase, et qu' elle exerce, sur
chaque portion plane des parois, une pression égale à son
intensité
p314
multipliée par le rapport de l' aire de la paroi à l' aire du
piston. Le principe des vîtesses virtuelles s' observe dans l'
équilibre de cette machine, comme dans celui de toutes les autres
machines connues. Pour le prouver, prenons un vase de position
fixe et de forme quelconque / Fig 3 i /, qui ait plusieurs
ouvertures en (..) , etc. ; à chacune de ces ouvertures, ajustons
un cylindre prolongé indéfiniment hors du vase ; emplissons ce
vase d' un liquide tel que l' eau, dont nous ne considérerons pas
la pesanteur ; supposons que cette eau s' élève dans tous les
cylindres, jusqu' à une certaine hauteur, et qu' elle soit
termie, dans chaque cylindre, par une surface plane,
perpendiculaire à la longueur du cylindre ; enfin, posons sur ces
surfaces, des pistons (..) , etc., qui les recouvrent exactement,
et qui puissent glisser sans frottement dans les cylindres.
Soient (..) , etc., les bases de ces pistons, qui sont aussi les
bases des cylindres ; appliquons à ces pistons, des forces
données (..) , etc. ; la première, au piston dont la base est A,
la seconde, au piston dont la base est (..) , etc. ; et supposons
que ces forces qui agissent les unes sur les autres, par l'
intermédiaire de l' eau, se fassent équilibre. Dans cet état, la
pression rapportée à l' unité de surface doit être la même sur
toutes les parois du vase, en y comprenant les bases des pistons
/ N 479 / ; en désignant donc sa valeur par P, on aura (..) , etc
., pour toutes les pressions
p315
dirigées de dedans en dehors, que supportent les bases des
pistons ; mais ces pressions doivent évidemment être égales et
contraires aux forces (..) , etc. ; donc on a ces équations : (..) .
L' une d' elles servira à déterminer l' inconnue P ; éliminant
ensuite cette quantité, on aura les équations d' équilibre du
système, qui seront en nombre égal à celui des pistons moins un.
Maintenant, imaginons, conformément à l' énoncé du principe des
vîtesses virtuelles, que l' on déplace le système, de manière qu'
une partie des pistons s' abaisse, et que l' autre partie s'
élève dans les cylindres : par exemple, le piston Cd est
transporté en Cd, et le piston (..) , en (..) . Comme l' eau qui
remplit le vase est incompressible et doit toujours conserver le
même volume, il est évident que la somme des quantités d' eau qui
s' élève doit toujours être égale à la somme des quantités d' eau
qui s' abaisse ; d' ailleurs, le volume d' eau qui s' élève ou
qui s' abaisse, dans chaque cylindre, est égal à sa base,
multipliée par l' espace que le piston a parcouru ; donc si l' on
signe cet espace par une quantité positive, quand le piston s'
est abaissé, et par une quantitégative, dans le cas contraire,
et que l' on représente par (..) , etc., les espaces parcourus par
les pistons dont les bases sont respectivement (..) , etc., on aura
l' équation de condition (..) .
p316
Multipliant cette équation par P, et remplaçant les pressions
, etc., par les forces (..) , etc., il vient (..) : or, il est
facile de reconnaître dans ce résultat, le principe des vîtesses
virtuelles, énoncé en statique / Ni 63 /. 482 le principe de
l' égalité de pression en tout sens, convient aux fluides
élastiques, comme aux fluides incompressibles ; mais relativement
aux premiers, il n' est pas cessaire que des forces motrices
agissent sur leurs molécules, ou que l' on exerce des pressions
sur leur surface, pour qu' ils pressent eux-mêmes les parois des
vases qui les contiennent : il suffit pour cela de leur
élasticité, en vertu de laquelle ces fluides font continuellement
effort pour se dilater et pour occuper un plus grand volume.
Ainsi, qu' une masse d' air ou d' un gaz quelconque, soit
contenue dans un vase fermé de toutes parts, et qu' on fasse
abstraction de la pesanteur du fluide, les parois du vase
éprouveront des pressions égales en tous leurs points, et
dirigées de dedans en dehors, suivant les normales à ces parois.
La pression rapportée à l' unité de surface sera la même dans
toute l' étendue du vase ; pour la déterminer, on fera une
ouverture dans un endroit du vase, pris au hasard ; on y
appliquera un piston, et à ce piston, la force nécessaire pour le
maintenir en équilibre : cette force sera égale
p317
et contraire à la pression que le piston éprouve ; en la divisant
par l' aire de la base du piston, on aura la pression rapportée à
l' unité de surface ; et l' on trouvera toujours le me quotient
, quel que soit l' endroit du vase l' on a appliqué le piston.
Si, par exemple, le vase représenté par la figure 3 i, est
rempli d' un fluide élastique, les forces, qu' il faudra
appliquer aux différens pistons (..) , etc., pour les empêcher de
glisser dans les cylindres, seront proportionnelles aux bases (..)
, etc., de ces pistons, et le rapport de chaque force à sa base,
sera le même pour tous les pistons. Lorsque l' on aura égard à la
pesanteur du fluide, ou plus généralement, quand ses molécules
seront sollicitées par des forces accélératrices données, la
pression variera d' un point à un autre du vase, suivant une
certaine loi qu' il s' agira determiner dans la suite.
p318
équations générales de l' équilibre des fluides. 484 pour
traiter la question de la manière la plus générale, considérons
une masse fluide, homogène ou hétérogène, compressible ou
incompressible, dont toutes les molécules sont sollicitées par
des forces accélératrices données, et proposons-nous d' exprimer
par des équations, les conditions de son équilibre. Soient X, Y
, Z, les coordonnées rectangulaires d' un point quelconque de
cette masse, parallèles aux axes Ox, Oy, Oz / Fig 32 /. Nous
supposerons, pour fixer les idées, le plan des X, Y, horizontal
et sitau-dessus de la masse fluide Abcd, et l' axe vertical
Oz, situé au-dessous de ce plan. Désignons par X, Y, Z, les
sommes des composantes parallèles aux axes des X, des Y et des
Z, des forces accélératrices qui agissent sur ce point.
Partageons la masse fluide en une infinité d' élémens infiniment
petits, par des plans parallèles à ceux des coordones, et
infiniment rapprochés les uns des autres ; ces élémens seront des
parallélépipèdes rectangles, qui auront leurs côtés parallèles
aux axes et égaux aux différentielles des coordonnées ; les deux
bases horizontales de celui qui correspond aux coordones X, Y
, Z, et qui est représenté dans la figure,
p319
seront égales à Dxdy ; sa hauteur verticale sera égale à Dz ;
et l' on aura le produit Dxdydz, pour son volume. La densité du
fluide peut être regardée comme constante dans toute l' étendue
de cet élément ; en la désignant donc par (..) , et par Dm, la
masse, on aura (..) : (..) sera une quantité constante, dans les
liquides homogènes, et une fonction de X, Y, Z, dans les
fluides hétérogènes et dans les fluides élastiques homogènes, qui
ne seront pas partout également comprimés. Dans cette même
étendue de l' élément Dm, les forces X, Y, Z peuvent aussi
être regardées comme constantes ; par conséquent les produits
Xdm, Ydm, Zdm, sont les forces motrices de Dm, parallèles aux
axes Ox, Oy, Oz. Cela posé, j' observe que le parallélépipède
Dxdydz est pressé de dehors en dedans, sur ses six faces, par le
fluide environnant, et que les pressions qu' il éprouve, doivent
faire équilibre aux trois forces Xdm, Ydm, Zdm. Désignons donc
par P la pression verticale rapportée à l' unité de surface, qui
s' exerce sur la base supérieure Dxdy suivant la direction Cb,
de manière que P soit la pression totale que supporterait une
aire plane, égale à l' unité de surface, qui serait pressée dans
tous ses points, comme l' aire infiniment petite Dxdy / N 48 o
/. Cette pression verticale varie avec la position de l' élément
que l' on considère ; la quantité P, qui en représente la valeur
, et qui se rapporte à un élément quelconque, est
p320
donc une fonction de X, Y, Z ; alors Xety restant les mêmes,
et Z devenant (..) , P devient (..) , et exprime la pression
verticale, rapportée à l' unité de surface, qui a lieu sur la
base inférieure de l' élément Dxdydz ; d' il suit que les
pressions verticales et contraires, que cet élément éprouve sur
ses deux bases horizontales, suivant les directions Cb et (..) ,
sont égales à Pdxdy et (..) : la première tend à l' abaisser, et
la seconde, à l' élever ; par conséquent il faut, pour que cet
élément reste en équilibre, que l' excès de la seconde sur la
première, soit égal à la force verticale Zdm ; ce qui donne (..) .
On trouvera de même les équations (..) , qui sontcessaires pour
que l' élément ne se meuve, ni dans le sens des Y, ni dans celui
des X, et dans lesquelles Qetr représentent les pressions
rapportées à l' unité de surface, qui s' exercent sur les faces
parallèles aux plans des X, Z et des Y, Z, les plus voisines
de ces plans. Substituant dans ces équations, la valeur de Dm,
et supprimant ensuite le facteur commun Dxdydz, il vient (..) .
p321
Or, si les élémens dans lesquels nous avons partagé la masse
fluide, étaient solides au lieu d' être fluides, ensorte que
cette masse fût un assemblage de parallélépipèdes rectangles,
solides et juxtaposés, il n' y aurait aucune relation nécessaire
entre les pressions que chacun de ces parallélépipèdes
éprouverait sur ses faces non parallèles : l' élément Dxdydz
pourrait, par exemple, éprouver une pression quelconque sur ses
bases horizontales, et n' en éprouver aucune sur ses faces
verticales ; mais ces élémens étant fluides, comme la masse
entière, la propriété fondamentale des fluides leur convient
aussi bien qu' à cette masse ; et en vertu de cette propriété,
les trois pressions P, Q, R, sont égales entre elles, ou du
moins, il ne peut exister entre ces pressions, qu' une différence
infiniment petite. En effet, la pression que le fluide
environnant exerce sur une des faces de l' élément Dxdydz, se
transmet sur les autres faces, par l' intermédiaire du fluide
dont l' ément est composé ; cette transmission se fait de la
manière qu' on a expliquée précédemment, et dont il résulte que
si l' on représente par Pdxdy, la pression qui a lieu sur l' une
des bases horizontales, les pressions transmises sur les faces
verticales devront être représenes en même tems, par
Pdxdzetpdydz ; donc, pour avoir la pression entière Qdxdz, qu'
éprouve la face verticale, parallèle au plan des X, Z, et la
plus voisine de ce plan, il faut encore ajouter au terme Pdxdz,
la pression due aux forces motrices Xdm, Ydm, Zdm de l'
élément ;
p322
mais quoique nous ne sachions pas encore calculer cette dernière
pression, il est néanmoins évident qu' elle est infiniment petite
du troisième ordre, comme la masse Dm ; la quantité Qdxdz est
donc égale à Pdxdz, plus un terme infiniment petit du troisième
ordre ; et en divisant par Dxdz, nous voyons que Q ne diffère
de P, que d' une quantité infiniment petite ; conclusion qui s'
applique également aux deux quantités Retp. Si les trois
pressions P, Q, R, ne peuvent différer entre elles que d' une
quanti infiniment petite, on doit les supposer égales dans les
trois dernières équations, qui deviennent alors (..) .
p346
498 lorsqu' un corps solide est plongé en tout ou en partie dans
un fluide pesant, il éprouve, dans tous les points de la partie
plongée de sa surface, une pression perpendiculaire à cette
surface, et dirigée de dehors en dedans. La pression totale que
supporte une portion plane de cette surface, se déterminera de la
même manière que la pression qui a lieu sur une paroi plane du
vase qui contient le fluide ; si cette portion de surface est
courbe, il faudra, pour déterminer sa pression totale, la
partager en élémens infiniment petits ; décomposer sa pression
sur chaque élément, en trois forces parallèles à des axes
rectangulaires ; chercher ensuite, à l' aide du calcul intégral,
la résultante des forces dirigées suivant chaque axe, et le point
d' application de cette résultante ; enfin,duire, s' il est
possible, les trois résultantes qu' on aura obtenues, en une
seule force, qui sera la pression demandée. Mais cette recherche
se simplifie beaucoup, quand on se propose de trouver la
sultante des pressions que le fluide exerce sur la surface
entière du corps plon; car alors il est inutile d' avoir égard
aux composantes horizontales des pressions élémentaires, à cause
que ces composantes se détruisent deux à deux, quelle que soit la
forme du corps. Pour le prouver, soit Amb / Fig 36 / le corps
dont il est question ; désignons par X, Y, Z, les coordonnées
p347
d' un point quelconque M de sa surface, et prenons, comme
précédemment, le plan horizontal du niveau du fluide, pour le
plan des X, Y, et l' axe des Z vertical et dirigé dans le sens
de la pesanteur ; considérons une portion de cette surface,
infiniment petite dans ses deux dimensions, terminée par une
courbe quelconque, et qui répond au point M ; représentons
toujours par (..) , l' aire de cet élément, et par (..) la pression
qu' il éprouve, P étant la pression rapportée à l' unité de
surface : la valeur de P sera la même, dans l' état d' équilibre
, pour tous les points qui sont à la même distance Z du niveau
du fluide, soit que ce fluide stagnant soit homogène, soit que
seulement il soit composé de couches homogènes et horizontales.
Appelons encore (..) , les angles que la direction de la pression
, ou la normale Mn à la surface du corps, fait avec les axes
des X, des Y et des Z ; de sorte que (..) , soient les
composantes de cette force, suivant ces axes. Enfin, supposons
qu' on projette l' élément (..) sur les trois plans des
coordones ; etsignons ses projections, par A, sur le plan
des Y, Z ; par B, sur le plan des X, Z ; et par C, sur le
plan des X, Y. En observant que le plan tangent au point M, ou
le plan perpendiculaire à la droite Mn, n' est que le
prolongement indéfini de l' élément (..) , on aura, comme dans le
N 8 o, (..) . Multipliant ces équations par P, il vient (..) ;
p348
donc Pa, Pb, Pc, sont les composantes suivant les axes des X,
des Y et des Z, de la pression (..) ; ce qui fait voir que la
composante de cette pression, perpendiculaire à un plan
quelconque, se déduit de la pression elle-même, en y remplant
l' élément (..) , par sa projection sur ce plan. Or, le corps étant
termi de toutes parts, il y a nécessairement au moins un second
élément de sa surface, qui a la même projection sur un plan donné
, que l' élément (..) . Ainsi, par exemple, en prolongeant dans l'
intérieur du corps toutes les perpendiculaires abaises du
contour de l' élément (..) , sur le plan des Y, Z, elles
rencontreront une seconde fois la surface ; elles détermineront
donc sur cette surface un second élément, que je désignerai par
, et qui aura la même projection que (..) , sur le plan des Y, Z
. Ces deux élémens (..) seront à la même distance Z du niveau du
fluide ; les pressions qu' ils éprouvent seront donc représentées
par (..) , le coefficient P étant le même pour l' un et pour l'
autre ; donc leurs composantes parallèles à l' axe des X seront
égales entre elles et représentées par Pa, puisque A est la
projection commune de (..) sur le plan des Y, Z. D' ailleurs les
pressions normales (..) agissant de dehors en dedans du corps, il
s' ensuit que leurs composantes suivant une droite quelconque,
sont dirigées en sens contraire l' une de l' autre ; donc les
composantes parallèles à l' axe des X de ces deux pressions, se
truisent réciproquement. Dans la figure, l' élément (..) répond
au point (..) ; la pression (..) s' exerce suivant la normale (..) ,
et sa composante
p349
Pa, suivant la droite (..) , du point (..) vers le point M : au
contraire, la composante Pa de la pression (..) , est dirigée
suivant cette droite (..) , mais de M vers (..) . Si l' on prolonge
de même les perpendiculaires abaissées du contour de (..) sur le
plan des X, Z, jusqu' à ce qu' elles rencontrent une seconde
fois la surface du corps, onterminera un élément (..) de cette
surface, dont la projection sur le plan des X, Z, sera B,
comme celle de (..) . La composante parallèle à l' axe des Y, de
la pression (..) qui a lieu sur cet élément, sera égale et
contraire à la composante parallèle au même axe, de la pression
qui a lieu sur l' élément (..) ; ces deux composantes se
truiront donc réciproquement ; par conséquent les deux
composantes horizontales de la pression (..) , sont détruites, l'
une par la composante suivant l' axe des X, de la pression (..) ,
l' autre par la composante suivant l' axe des Y, de la pression
. C' est de cette manière que les pressions horizontales que le
fluide exerce sur tous les élémens de la surface du corps, se
truisent mutuellement dans chaque tranche horizontale de ce
corps. 499 quant aux composantes verticales de ces pressions
élémentaires, pour en trouver la résultante, je suppose que l' on
prolonge les perpendiculaires abaises du contour de l' élément
, sur le plan des X, Y, jusqu' à ce qu' elles rencontrent de
nouveau la surface du corps, ce qui déterminera sur cette surface
un autre élément (..) , qui aura la même
p350
projection horizontale que (..) . Ces perpendiculaires formeront un
cylindre vertical, terminé de part et d' autre à la surface du
corps par les élémens (..) ; sa section horizontale est égale à la
projection C, commune à ces deux élémens ; sa hauteur verticale
est la distance d' un de ces élémens à l' autre ; nous la
signerons par L, et alors Cl sera son volume. Dans la figure,
l' élément (..) , répond au point (..) , et L est la longueur de la
verticale (..) . Si le corps est entièrement plongé dans le fluide,
le cylindre terminé par les élémens (..) , éprouvera, à ses deux
extrémités, des pressions normales à la surface du corps, et
représentées par (..) ; (..) étant les pressions rapportées à l'
unité de surface qui répondent aux élémens (..) , et qui ne sont
pas les mêmes, parce que ces élémens ne se trouvent pas à une
même distance du niveau du fluide. Les composantes verticales de
ces pressions sont (..) ; elles agissent en sens contraire l' une
de l' autre ; la force verticale qui tend à élever le cylindre,
est égale à l' excès de la pression inférieure sur la pression
supérieure ; elle sera donc exprimée par (..) , en supposant que
soit l' élément inférieur. Quand le fluide est homogène, on a
, G étant la gravité, et (..) la densité ; donc alors la
différence des pressions devient (..) , c' est-à-dire, qu' elle est
égale au poids d' un volume Cl du fluide, égal au volume du
cylindre que nous considérons. En partageant ainsi le corps en
une infinité de cylindres verticaux, on voit que chacun de ces
cylindres sera poussé de bas en haut par une
p351
force verticale, égale et contraire au poids du cylindre fluide
dont il tient la place ; par conséquent la résultante de toutes
ces forces, sera aussi égale et contraire au poids entier de la
masse fluide remplacée par le corps ; de sorte qu' en désignant
par V son volume, on aura (..) , pour l' intensité de cette
sultante ; et cette force sera dirigée de bas en haut, suivant
la verticale qui passe par le centre de gravité de la masse
fluide déplae. Quoique nous ayons supposé le corps entièrement
plongé dans le fluide, notre raisonnement s' applique également
au cas il n' y est plongé qu' en partie : il est aisé de voir
que dans ce cas la résultante des pressions verticales du fluide,
est égale au poids de la masse fluide déplacée par la partie
plongée du corps, et qu' elle est dirigée de bas en haut, suivant
la verticale menée par le centre de gravité de cette masse. Il
est encore facile d' appliquer le même raisonnement au cas où le
fluide est composé de couches horizontales et homogènes, de
différentes densités. Pour avoir la résultante des pressions
verticales qu' un semblable fluide exerce sur un corps qui y est
plongé en tout ou en partie, on imaginera chaque couche homogène
prolongée dans l' intérieur du corps ; ce qui formera une masse
fluide, analogue à celle qui environne le corps, et de me
volume que sa partie plone : la pression demane sera égale au
poids de cette masse fluide et appliquée à son centre de gravité.
p352
5 oo on parvient immédiatement à tous ces résultats relatifs aux
pressions horizontales et verticales, par une considération
indirecte, qu' il est bon de connaître. Considérons un fluide
pesant et homogène, ou seulement composé de couches horizontales
et homogènes, en équilibre dans un vase ouvert à sa partie
supérieure ; l' équilibre ne sera pas troublé, si l' on suppose
qu' une partie de ce fluide vient à se solidifier ; et l' on peut
prendre cette portion à la surface ou tout-à-fait dans l'
intérieur de la masse fluide entière. Dans l' un et l' autre cas,
on aura un corps solide pesant, suspendu et en repos dans le
reste du fluide : il faut donc que les pressions normales que le
fluide exerce sur la surface de ce corps, se réduisent à une
seule force, égale et contraire au poids du fluide solidifié. Or,
si l' on remplace ce corps solide par un autre, qui soit
exactement de même forme, il est évident que celui-ci éprouvera
en tous ses points les mêmes pressions que le premier ; d' l'
on conclut, I que les pressions qu' un corps fluide pesant
exerce sur tous les points de la surface d' un corps solide,
plongé dans ce fluide, ont une résultante unique ; 2 que cette
sultante est verticale et dirigée de bas en haut ; 3 qu' elle
est égale au poids de la portion de fluide déplae par le corps
; 4 qu' elle est appliquée au centre de gravité de cette
portion de fluide : résultats qui s' accordent avec ceux des Nos
précédens, et qui comprennent à-la-fois le cas où une partie du
corps surnage, et celui où le corps entier est plongé dans le
fluide.
p353
5 oi connaissant en grandeur et en direction, la résultante des
pressions qu' un fluide pesant exerce sur un corps solide, il est
aisé d' enduire les conditions d' équilibre de ce corps, en
ayant égard à son poids et à cette résultante. Dans tous les cas,
ces conditions seduiront à deux : la première, que le centre
de gravité du corps et celui de la portion de fluide déplacée,
soient sur une même verticale ; la seconde, que le poids de cette
portion de fluide soit égal au poids du corps. Il est évident que
ces deux conditions suffisent et sont nécessaires pour que la
sultante des pressions et le poids du corps se fassent
équilibre. Quand le corps est homogène et entièrement plongé dans
un fluide également homogène, la première condition est toujours
remplie, parce qu' alors les deux centres de gravité coïncident ;
il suffit donc, pour que ce corps ne prenne aucun mouvement, que
son poids soit égal à celui du fluide qu' il déplace ; et comme
le volume du fluide et celui du corps sont les mêmes, cette
condition se réduit à ce que leurs densités soient égales : bien
entendu qu' il faut en outre que le corps soit capable de
sister aux pressions qu' il éprouve dans tous ses points,
pressions qui tendent à le comprimer de toutes parts, et qui sont
d' autant plus grandes que le corps est placé à une plus grande
profondeur au-dessous du niveau du fluide. Si les densités sont
différentes, le corps montera ou descendra selon que sa densité
sera plus petite ou plus grande que celle du fluide : on le
maintiendra en repos, dans
p354
le premier cas, en l' attachant au fond du vase par un fil
inextensible ; et dans le second cas, en le suspendant à l'
extrémité inférieure d' un semblable fil, attaché par son autre
extrémité à un point fixe. Or, si nous supposons, dans ce second
cas, que le point de suspension soit pris sur un plateau d' une
balance, il est évident que ce plateau ne soutiendra qu' une
partie du poids du corps, savoir, l' excès de son poids entier
sur celui qui représente la sultante des pressions verticales
du fluide ; on ne devra donc poser dans l' autre plateau de la
balance, pour la tenir en équilibre, qu' un poids égal à la
différence de ces deux poids ; d' l' on conclut ce principe d'
hydrostatique, qu' un corps pesé dans un fluide, y perd une
partie de son poids, égale au poids du fluide qu' il déplace .
5 o 2 nous considérerons plus entail, dans le chapitre
suivant, les conditions d' équilibre des corps pesans, soutenus
par un fluide ; mais c' est ici le lieu d' indiquer l' usage de
la balance hydrostatique , qui ne diffère pas
essentiellement d' une balance ordinaire, et que l' on emploie à
peser les corps successivement dans le vide et dans l' eau, afin
de déterminer le rapport de leur densité à celle de ce fluide.
Cette détermination se fait au moyen d' une formule très-simple
dans laquelle il n' entre que le poids du corps dans le vide et
dans l' eau. Soient, en effet, P le poids donné d' un corps dans
le vide ; (..) le poids aussi donné dume corps, quand il est
entièrement
p355
plongé dans l' eau ; V son volume, D sa densité, (..) le poids
de l' eau qu' il déplace, et dont le volume est le même que le
sien, (..) la densité de ce fluide, G la gravité ; nous aurons
; et à cause que le poids du corps pedans l' eau, est dimin
du poids du volume d' eau qu' il déplace, nous aurons aussi (..) .
éliminant V et (..) entre ces équations, G s' en va en même tems
, et l' on trouve (..) ; en prenant donc la densité de l' eau pour
unité, cette équation fera connaître le nombre D qui doit
représenter la densité du corps, ou ce que les physiciens
appellent sa pesanteur spécifique . Ce moyen ne s' applique
qu' aux substances solides qui ne se dissolvent pas dans l' eau.
On peut voir dans les traités de physique, les méthodes que l' on
a imaginées pour obtenir les pesanteurs spécifiques des autres
substances, et pour en former des tables.
p359
Ii conditions d' équilibre des fluides contenus dans des
vases communiquans. 5 o 7 la considération des couches de
niveau nous a déjà fait connaître les conditions d' équilibre de
différens fluides renfermés dans un même vase ;
p360
mais ces conditions ne sont plus suffisantes, lorsque ces fluides
sont contenus dans plusieurs vases, dont chacun est ouvert à sa
partie supérieure, et qui communiquent entre eux par des
ouvertures latérales, de manière que les fluides peuvent couler
d' un vase dans l' autre. Si l' équilibre existe dans un pareil
système de fluides, il est certain qu' il ne sera pas troublé, en
supposant qu' on ferme les ouvertures latérales des vases. Cet
état ne saurait donc subsister dans le système entier, à moins
qu' il n' ait lieu séparément dans chaque vase ; ainsi, il faudra
d' abord que les fluides de différentes densités contenus dans un
même vase, y soient disposés par couches horizontales ; cette
condition étant remplie, il faudra en outre qu' il existe un
certain rapport entre les densités des fluides et les hauteurs de
leurs niveaux dans les vases communiquans ; et c' est ce rapport
qu' il s' agit maintenant de déterminer. 5 o 8 d' abord
supposons qu' on ait un seul fluide, homogène et incompressible,
répandu dans plusieurs vases communiquans, dont chacun est ouvert
à sa partie supérieure ; il faudra que le fluide s' élève à la
même hauteur, ou qu' il ait le même niveau dans tous ces vases.
En effet, s' il y avait un vase dans lequel le fluide s' élevât à
une plus grande hauteur que dans les autres, la pression ne
saurait être nulle à la surface libre du fluide dans ceux-ci :
elle y serait proportionnelle à la distance de cette surface au
niveau le plus élevé ; par conquent il faudrait, pour l'
équilibre, que le vase dans lequel le fluide
p361
s' élève à la plus grande hauteur, rest seul ouvert, et que
tous les autres fussent fermés par des parois fixes, adjacentes à
la surface supérieure du fluide. Ainsi, toutes les fois qu' un
fluide, tel que l' eau, par exemple, peut couler d' un vase dans
un autre, et que nous le voyons anmoins demeurer en repos, nous
en pouvons conclure que le fluide est alors de niveau dans les
deux vases. L' usage qu' on fait du niveau d' eau , dans les
opérations trigonométriques, est une application immédiate de ce
principe. 5 o 9 l' eau étant ainsi de niveau dans deux vases
communiquans Adcetbef / Fig 38 /, versons un nouveau fluide
dont la densité soit (..) , dans le premier, et un autre fluide
dont la densité soit (..) , dans le second ; soit Cdef le niveau
de l' eau dans les deux vases, (..) , ceux des nouveaux fluides,
, les hauteurs de ces niveaux au-dessus du niveau de l' eau.
Quelle que soit la forme des deux vases au-dessus du niveau Cdef
, la pression que le premier fluide exerce sur la surface Cd de
l' eau, sera égale à (..) , A étant l' aire de cette surface ; et
la pression exere par le second fluide sur la surface Ef, sera
égale à (..) , B étant l' aire de la section Ef du second vase /
N 493 / : or, pour que ces deux pressions ne troublent pas l'
équilibre de l' eau, il faut qu' elles soient entre elles comme
les surfaces Aetb / N 48 i / ; donc, il faut qu' on ait (..) , c'
est-à-dire, que les hauteurs des deux fluides au-dessus du niveau
primitif, doivent être réciproquement proportionnelles à leurs
densités.
p362
Sans entrer dans de plus grands tails, il est aisé de voir que
si l' on a un nombre quelconque de vases communiquans par des
ouvertures latérales, qu' ils soient remplis d' un premier fluide
, d' eau par exemple, jusqu' à une certaine hauteur au-dessus de
ces ouvertures, que ce fluide ait le même niveau dans tous les
vases, et qu' on verse à-la-fois dans chaque vase, plusieurs
fluides de différentes densités, disposés par couches
horizontales : il suffira et il sera nécessaire pour l' équilibre
, que la somme des hauteurs verticales de ces couches,
multipliées respectivement par les densités, soit la même dans
tous les vases. Pour déterminer la pression sur le fond, ou sur
toute autre paroi de l' un de ces vases, on aura seulement égard
aux fluides qu' il contient, et l' on fera abstraction de ceux
qui sont contenus dans les autres vases. En effet, on peut, sans
troubler l' équilibre et sans rien changer aux pressions, fermer
toutes les communications de ces vases par des parois fixes, et
considérer ensuite chaque vase isolément. 5 io au lieu de
verser un nouveau fluide dans les deux vases Adcetbef, on aurait
pu recouvrir la surface de l' un de ces vases, par une paroi
mobile, et poser un poids quelconque sur cette paroi ; en donnant
au fluide verdans l' autre vase, une hauteur convenable, au-
dessus du niveau de l' eau, la pression due à ce fluide pourra
toujours faire équilibre à ce poids quelque grand qu' il soit. C'
est sur ce principe qu' est fone la construction
p363
de la presse hydrostatique , dans laquelle un simple filet d'
eau peut faire équilibre à un poids énorme, et qu' on avait
proposé, dans ces derniers tems, d' employer à peser à-la-fois
les voitures et leurs charges. Qu' on se représente, en effet,
une caisse ouverte à sa partie supérieure, et à laquelle nous
donnerons, pour plus de simplicité, la forme d' un
parallélépipède rectangle Mn / Fig 39 / : cette caisse est
remplie d' eau jusqu' à une certaine hauteur ; on pose sur la
surface Abcd de ce fluide, un couvercle, ou une paroi mobile,
qui ferme la caisse exactement ; au-dessous du niveau de l' eau,
on fait une ouverture E, à l' une des parois latérales, à
laquelle on ajuste un tuyau recourbé Efg, ouvert à sa partie
supérieure, et dont nous supposerons la branche Fg, verticale. à
cause du poids du couvercle, et de tout autre poids qu' on y peut
ajouter, l' eau doit s' élever dans le tube au-dessus de son
niveau dans la caisse ; ainsi K étant le point le
prolongement du plan horizontal Abcd vient couper le tube, l'
eau s' élevera jusqu' en un point N, situé au-dessus du point K
. Pour déterminer la position de ce point N, appelons H la
hauteur verticale Nk, (..) la densité de l' eau, G la gravité,
P le poids posé sur la surface Abcd de l' eau, A l' aire de
cette surface, A l' aire de la section horizontale du tube au
point K ; la pression de l' eau en ce point sera égale au
produit (..) ; pour qu' elle fasse équilibre à la pression P qui
s' exerce sur la surface A, il faudra qu' on ait (..) ;
p364
d' l' on tire (..) . Les choses étant dans cet état, ajoutons au
point P, un nouveau poids X, inconnu et qu' il s' agit de
terminer : l' eau s' élevera au-dessus du point N jusqu' en un
point tel que (..) ; en même tems le niveau de ce fluide s'
abaissera dans la caisse et deviendra, je suppose, (..) ; soit (..)
le point où le plan horizontal (..) prolongé, vient couper le tube
; faisons (..) ; nous aurons dans ce nouvel état d' équilibre (..)
; mais à cause que l' eau est un fluide incompressible, l'
abaissement Y et l' élévation X, devront être en raison inverse
des surfaces Aeta / N 48 i /, c' est-à-dire, qu' on aura (..) ;
mettant donc Ax à la place de Ay, et pour P sa valeur, dans la
dernière équation, elle se réduit à (..) ; formule qui fera
connaître immédiatement le poids X, quand on aura mesuré la
hauteur X, ou l' élévation de l' eau dans le tube, au-dessus de
son niveau primitif, produite par ce poids X. 5 ii la pression
atmosphérique qui s' exerce sur la surface des fluides contenus
dans des vases communiquans, ne saurait jamais troubler l'
équilibre de ces fluides ; car cette pression est toujours
proportionnelle
p365
à l' étendue de la surface du fluide, en contact avec l' air / N
494 /, ou, ce qui est la même chose, la pression rapportée à l'
unité de surface est la même partout ; condition suffisante et
cessaire pour qu' elle ne détruise pas l' équilibre des fluides
qu' on suppose exister / N 48 i /. Mais si l' un de ces vases s'
ouvre dans le vide, tandis que les autres s' ouvrent dans l' air,
on conçoit que l' équilibre sera troublé, et que le fluide s'
élevera au-dessus du niveau dans le vase où il n' éprouve pas la
pression de l' air. En supposant donc que les vases communiquans
Adcetebf / Fig 38 /, soient tous deux ouverts à leur partie
supérieure Dcetef, et que l' on y verse un fluide homogène, tel
que l' eau : ce fluide se mettra de niveau dans les deux vases,
et y demeurera malgré la pression atmosphérique ; mais si l' on
fait le vide dans le vase Ebf, et qu' on le ferme exactement
dans sa partie supérieure, l' eau s' élevera aussitôt dans ce
vase, et s' abaissera en même tems dans l' autre. Soit donc (..)
le niveau de l' eau dans le vase, fer Ebf, et Cd le niveau du
même fluide dans le vase ouvert Adc. Sans la pression de l' air
qui s' exerce sur la surface Cd, le niveau dans le vase Edf
serait Ef, qui se trouve dans le même plan horizontal que Cd ;
appelons H la hauteur verticale du niveau (..) , au-dessus de Ef
; la pression rapportée à l' unité de surface que la portion d'
eau (..) exerce sur la surface Ef, sera égale à (..) , (..) étant
toujours la densité du fluide et la gravité ; donc, pour que
cette pression fasse
p366
équilibre à celle de l' air, il faudra qu' on ait (..) ; en
signant par (..) , la pression atmosphérique rapportée à l' unité
de surface. On voit, par cette équation, que l' élévation des
fluides au-dessus de leur niveau, produite par la pression de l'
air, ne pend ni de l' étendue de la surface qui éprouve cette
pression, ni de la forme des vases dans lesquels ces fluides sont
contenus ; elle ne dépend que de la densité de chaque fluide, et
la pression de l' air restant la même, l' élévation d' un fluide
quelconque est en raison inverse de sa densité. Relativement à un
même fluide, cette élévation est la plus grande à la surface de
la terre ; elle est moindre au sommet d' une montagne d' une
hauteur sensible, et elle décroît à mesure qu' on s' élève au-
dessus de cette surface, parce qu' alors la pression
atmosphérique diminue. La loi de ce décroissement et l'
application importante qu' on en a faite à la mesure des hauteurs
verticales, seront l' objet spécial de l' un des chapitres
suivans. L' élévation de l' eau due à la pression atmosphérique,
est d' environ Io mètres et 4 décitres, à la surface de la
terre. En partant de cette donnée, il sera aisé de conclure l'
élévation de tout autre fluide, produite par la même cause, quand
on connaîtra le rapport de sa densité à celle de l' eau.
p369
5 i 4 la pesanteur est la seule force que nous ayons considérée
dans ce paragraphe ; nous n' avons point eu égard à l' attraction
mutuelle des molécules fluides, non plus qu' à l' attraction des
parois des vases
p370
sur ces mêmes molécules ; cependant les lois de l' équilibre des
fluides pesans sont modifiées en plusieurs points, par l' action
de ces forces. Il ne faut pas confondre l' attraction dont je
veux parler maintenant, avec celle dont il a été question dans le
premier chapitre du livre précédent. Toutes les parties de la
matière sont en effet soumises à deux sortes d' attractions
mutuelles, essentiellement distinctes l' une de l' autre. L'
intensité de l' une de ces forces suit la raison inverse du carré
des distances des molécules. Son action s' étend à de très-
grandes distances ; c' est elle qui produit tous les phénomènes
que nous présentent les mouvemens des corps célestes ; et elle
comprend, comme cas particulier, la pesanteur terrestre.
Relativement aux plus grandes masses que l' on puisse considérer
à la surface de la terre, cette attraction est toujours une force
très-petite par rapport à la pesanteur / N 328 /, et quand on
cherche les conditions d' équilibre d' un fluide pesant contenu
dans un vase, on peut, sans qu' il en résulte aucune erreur
appréciable, négliger l' attraction de cette esce que le vase
exerce sur le fluide, et celle du fluide sur lui-même. L' autre
espèce d' attraction est extrêmement grande dans le contact des
molécules : son action s' étend à distance autour de la molécule
attirante, mais elle croît avec une extrême rapidité, et l'
étendue de sa sphère d' activité sensible est plus petite qu'
aucune distance que nous puissions apprécier. La loi de ce
croissement est inconnue ; on ignore si elle est la même pour
toutes les substances de la nature ; l' expérience
p371
a seulement appris que la grandeur absolue de cette force varie
avec ces diverses substances, c' est-à-dire qu' uneme molécule
, dans lesmes circonstances, n' exerce pas une attraction
égale sur des molécules de différentes matières. Quoi qu' il en
soit, la réaction est toujours égale à l' action, entre des
molécules égales en masse, de sorte que cette attraction mutuelle
ne peut jamais mettre en mouvement le centre de gravité d' un
assemblage de molécules qui lui sont soumises. C' est cette
dernière espèce d' attraction qui modifie les conditions d'
équilibre des fluides pesans. En vertu de cette force, la surface
d' un fluide contenu dans un vase, n' est plus rigoureusement
horizontale ; elle est concave ou convexe près des parois de ce
vase, et elle ne devient plane et horizontale qu' à une certaine
distance de ces parois ; mais de toutes ces modifications, la
plus remarquable est l' élévation ou l' abaissement du niveau des
fluides dans les tubes capillaires . L' expérience prouve, en
effet, que si l' on plonge un tube très-étroit dans un fluide, ce
fluide ne prend pas dans le tube le niveau qu' il a en dehors :
le niveau s' élève dans un tube de verre, plondans l' eau ; au
contraire, le niveau du mercure s' abaisse dans le même tube ; or
, cette élévation et cet abaissement sont dus à l' attraction du
tube, sur les molécules du fluide, combinée avec l' attraction du
fluide sur lui-même. On doit à M Laplace une théorie
mathématique et complète du phénomène de la capillarité, et d' un
grand nombre d' autres phénomènes qui dépendent
p372
d' une cause semblable, quoiqu' ils paraissent d' abord n' avoir
aucun rapport entre eux : les bornes et la nature de ce traité ne
nous permettent pas d' exposer, d' une manière convenable, cette
importante théorie dont on trouvera tous les veloppemens dans
le supplément au Ioe livre de lacanique céleste . Iii
notions sur les pompes. 5 i 5 les machines que l' on emploie
le plus commument à élever l' eau au-dessus de son niveau, sont
les différentes espèces de pompes. Leur théorie est une
application imdiate et fort simple des lois de l' équilibre des
fluides pesans, et pour cette raison, nous allons maintenant en
expliquer les points principaux. Une pompe consiste, en
général, en un tuyau cylindrique Ced / Fig 44 /, dans lequel un
piston Ab glisse en le remplissant exactement et de façon
que ni l' air, ni l' eau ne puissent passer entre le cylindre et
le piston. Le tuyau Ced est composé de deux parties Eceted, qui
sont le plus souvent des cylindres de différens diamètres,
exactement joints l' un à l' autre, et séparés par une espèce de
cloison Ef, qui leur est fixement attachée. Cette cloison est
percée vers son centre ; l' ouverture est fermée par un couvercle
à charnière S, qu' on appelle une soupape , et qui s' ouvre
de bas en haut, comme l' indique la figure. La soupape, en s'
ouvrant, permet à l' eau de passer du cylindre inférieur Ed,
dans le cylindre supérieur Ce ; mais quand elle
p373
est fermée, elle emche ce fluide de revenir du second cylindre
dans le premier. Le piston Ab est pareillement percé vers son
centre, et l' ouverture est aussi fermée par une soupape (..) , qui
s' ouvre, comme la première, de bas en haut. Dans toutes les
espèces de pompes, l' eau est élevée d' un cylindre dans l' autre
par le jeu du piston ; mais dans celles qu' on appelle pompes
foulantes , le fluide est immédiatement foulé ou pous par le
piston ; dans les autres, c' est l' aspiration de l' air contenu
entre le piston et l' eau, qui produit l' élévation de ce fluide,
et pour cette raison, on les nomme pompes aspirantes :
quelquefois aussi ces deux moyens sont combinés ensemble dans une
même pompe, de manière qu' elle est à-la-fois aspirante et
foulante . Examinons d' abord lecanisme de la pompe aspirante
. 8
p389
de l' équilibre des corps flottans. 523 pour qu' un corps
pesant puisse se tenir en équilibre à la surface d' un fluide
stagnant, il est nécessaire que son poids soit plus petit que
celui d' un volume du fluide égal au sien. Cette règle générale
souffre cependant une exception, relativement aux corps d' un
très-petit volume, formés d' une matière qui n' exerce aucune
attraction sur les molécules du fluide, ou dont l' action est
beaucoup plus faible que celle du fluide sur lui-même. Dans ce
cas le fluide s' abaisse au-dessous de son niveau, autour du
corps flottant ; il se forme un vide près de sa surface ; on peut
regarder cet espace vide comme faisant partie du volume du corps,
et à raison de cette augmentation de volume, on conçoit que le
corps peut surnager, quoique sa pesanteur spécifique soit plus
grande que celle du fluide. Afin de n' avoir pas à tenir compte
de cet effet, nous supposerons aux corps flottans, que nous
allons considérer, un volume assez grand pour que l' espace vide
qui peut se former autour d' eux, et qui est toujours fort petit,
puisse être négligé, sans erreur sensible par rapport à ce volume
. La condition que le poids du corps soit plus petit
p390
que celui du fluide sous le même volume, étant remplie, le corps
s' enfonce dans le fluide, jusqu' à ce que le poids du fluide
déplacé soit devenu égal à celui du corps ; et lorsque ces deux
poids sont égaux, le corps reste en équilibre, si son centre de
gravité et celui du fluide déplacé, se trouvent sur une même
verticale / N 5 oi /. Relativement aux corps homogènes, ce
second centre de gravité coïncide avec celui de la partie du
corps, plongée dans le fluide ; pour que le poids du fluide
déplacé soit égal à celui du corps, il faut que les densités
soient en raison inverse des volumes, ou que le volume de la
partie plongée soit au volume entier du corps, comme sa densi
est à celle du fluide ; il s' ensuit donc que la recherche des
positions d' équilibre d' un corps homogène, placé à la surface
d' un fluide d' une densité done et plus grande que celle du
corps, seduit à un problème de pure géométrie, dont l' énon
est fort simple : il s' agit de couper le corps par un plan, de
manière que le volume d' un des segmens soit à celui du corps
entier, dans un rapport donné, et que les centres de gravité de
ce segment et du corps, se trouvent sur une même perpendiculaire
au plan coupant. Dans chaque cas particulier, on exprimera ces
deux conditions par des équations dont la solution complète fera
connaître toutes les directions qu' on peut donner au plan
coupant, et d' résulteront autant de positions d' équilibre du
corps. Quelquefois, le nombre de ces positions sera infini, comme
, par exemple, dans le cas des solides de révolution dont l' axe
de
p391
figure est horizontal ; d' autres fois, ce nombre sera fini et
termi; mais il serait difficile de démontrer, à priori,
qu' il y a toujours au moins une position d' équilibre, quelle
que soit la forme du corps.
p399
528 outre leurs positions d' équilibre horizontales, les corps
prismatiques ou cylindriques terminés par des bases
perpendiculaires à leurs arêtes,
p400
ont aussi des positions verticales dans lesquelles leurs bases
sont parallèles au niveau du fluide, et qui sont doubles pour
chaque corps, parce que l' une ou l' autre des deux bases peut
être plongée dans le fluide. Il ne s' agit alors que de
terminer l' enfoncement du corps dans le fluide, et pour cela
on prendra sur l' une des arêtes, à partir de la base plone,
une partie qui soit à la longueur entière de l' ate, comme la
densité du corps est à celle du fluide : le volume du prisme
plongé sera au volume du prisme entier dans le même rapport. Les
solides de révolution ont de même deux positions d' équilibre
dans lesquelles l' axe de figure est vertical, et qui sont
faciles à déterminer pour chaque solide en particulier. Si, par
exemple, le solide est un cône droit, il pourra demeurer en
équilibre, quand le sommet sera plondans le fluide, et lorsqu'
il en sera dehors : dans le premier cas, le solide plon sera un
ne semblable au cône entier ; leurs volumes seront entre eux
comme les cubes de leurs hauteurs ; donc en appelant X la
hauteur du premier cône, où la partie de l' axe de figure,
plongée dans le fluide, H la hauteur du cône entier, et R le
rapport de la densité de ce corps à celle du fluide, il faudra
qu' on ait (..) ; d' où l' on tire (..) . Dans le second, on
trouvera (..) , en désignant
p401
par Y, la hauteur du cône tronqué, plongé dans le fluide. En
général, les corps qui sont symétriques par rapport à une droite,
jouissent de la même propriété que les prismes et les solides de
volution. J' entends ici par corps symétrique , un corps
homogène ou hétérogène, composé d' une suite de tranches
perpendiculaires à une même droite, d' une épaisseur infiniment
petite, et qui ont toutes leurs centres de gravisur cette
droite, que j' appellerai l' axe du corps. Tout plan
perpendiculaire à l' axe partage un corps de cette espèce en deux
parties dont chacune a son centre de gravité sur l' axe, ainsi
que le corps entier ; par conséquent, en tenant l' axe vertical,
et en plongeant une partie du corps dans un fluide, on sera
toujours certain que le centre de gravité de la partie plongée et
celui du corps entier, seront sur une même verticale ; de sorte
qu' il suffira, pour l' équilibre, que le poids du fluide déplacé
soit égal au poids entier du corps. Cette égalité sera toujours
possible, si la densité du corps, quand il est homogène, ou sa
densité moyenne, quand il est hétérogène, est plus petite que
celle du fluide ; d' où l' on peut conclure que dans ce cas le
corps a deux positions d' équilibre, inverses l' une de l' autre,
et dans lesquelles son axe est vertical. L' instrument qu' on
appelle aréomètre ou se-liqueur , est un corps symétrique
par rapport à un axe vertical ; on l' emploie à comparer entre
elles les densités de différens fluides, dont il indique les
rapports par ses différens degrés d' enfoncement dans
p402
ces fluides ; on le fait aussi servir d' une manière innieuse,
à déterminer la pesanteur spécifique des corps solides. 529 les
diverses positions d' équilibre d' un me corps solide flottant
à la surface d' un fluide, jouissent d' une propriété remarquable
, qui peut se démontrer sans aucun calcul. Supposons qu' on fasse
tourner le corps autour d' un axe mobile, assujéti à rester
constamment parallèle à une droite fixe et horizontale ; et que
de cette manière on le fasse passer successivement par toutes ses
positions d' équilibre, dans lesquelles cet axe a cette direction
; je dis que les positions d' équilibre stable et non-stable, se
succéderont alternativement, de sorte que s' il part d' une
position d' équilibre stable, la seconde position d' équilibre
qu' il rencontrera, ne sera pas stable, la troisième le sera, la
quatrième ne le sera pas ; et ainsi de suite, jusqu' à ce qu' il
soit revenu à sa position primitive. En effet, tant qu' il sera
encore très-voisin de sa position primitive, il tendra à y
revenir, puisque cette position est supposée stable ; cette
tendance diminuera graduellement, et enfin le corps tendra à s'
écarter de cette position ; mais avant que cette tendance change,
pour ainsi dire, de signe, il y aura une position dans laquelle
elle sera nulle, et où le corps ne tendra ni à revenir à sa
position primitive, ni à s' en écarter davantage ; ce sera donc
sa
p403
seconde position d' équilibre ; or, on voit qu' en deçà de cette
position, le corps tend à revenir à la première ; par conquent
à s' écarter de la seconde : au-delà de cette même position, le
corps tend à s' écarter de la première, et enme tems de la
seconde ; donc la seconde position d' équilibre n' est pas stable
, puisque de part et d' autre de cette position, le corps tend à
s' en écarter davantage. Lorsqu' il apassé sa seconde position
d' équilibre, sa tendance à s' en écarter diminue continuellement
; elle devient nulle ; puis le corps tend à revenir à cette
seconde position. La position où cette tendance est nulle, est
une troisième position d' équilibre, qui est évidemment stable ;
car en-deçà et au-delà, le corps tend à y revenir, soit pour s'
éloigner, soit pour se rapprocher de la seconde position. Si la
troisième position est stable, on prouvera par notre même
raisonnement que la quatrième ne l' est pas ; et la quatrième ne
l' étant pas, la cinquième le sera, et ainsi de suite. Ainsi,
quand le corps sera revenu à sa position initiale, il aura
nécessairement passé par un nombre pair de positions d' équilibre
, alternativement stable et non stable. Par exemple, si l' on
fait tourner autour d' une droite horizontale, le prisme
équilatéral que nous venons de considérer / N 527 /, il passera
par les six ou par les douze positions d' équilibre que nous
avons déterminées ; or, la moitié de ces positionspondra à des
états stables, et l' autre moitié à des états non stables ; et
les positions d' équilibre
p404
de l' une et de l' autre espèce, se succéderont alternativement.
53 o il est important de savoir distinguer l' équilibre stable
d' un corps flottant, de celui qui ne l' est pas. On a pour cela
une règle générale, qui s' applique à tous les cas, et qui se
déduit du principe des forces vives / N 469 / ; mais avant de la
faire connaître, je crois utile de considérer un cas particulier
qui se psente souvent, et dans lequel la stabilité dépend d'
une condition très-facile à vérifier. Ce cas est celui d' un
corps qui est partagé par un plan vertical Ced / Fig 48 / en
deux parties parfaitement semblables, et pour la forme, et pour
la densité. On suppose de plus, que l' on écarte ce corps de sa
position d' équilibre, de manière que cette section Ced reste
verticale, et qu' après l' avoir ainsi dérangé, on l' abandonne à
lui-même sans lui imprimer aucune vîtesse initiale ; de cette
manière la section Ced demeurera dans un même plan vertical,
pendant tout le mouvement du corps ; car, tout étant semblable de
part et d' autre de cette section, il n' y a pas de raison pour
qu' elle sorte jamais du plan vertical où elle se trouvait à l'
origine. Par la même raison le centre de gravité du fluide
déplacé, sera toujours un point de la section Ced, ainsi que le
centre de gravité du corps entier. Soit donc G, ce dernier
centre ; soit aussi, dans la position d' équilibre, O le centre
de gravité du fluide placé, et Ab l' intersection du niveau du
fluide avec le plan Ced ; dans cette position, la droite Go qui
joint les deux centres, est verticale, et
p405
par conséquent perpendiculaire à la droite Ab ; elle s' incline
en général, quand on écarte le corps de cette position ; et en
me tems, le centre de gravité de la partie plongée, et la ligne
d' intersection du niveau avec le plan Ced, changent de position
sur ce plan. Je supposerai donc que ce centre et cette ligne
deviennent le point (..) et la droite (..) , après qu' on a troublé
l' équilibre ; les forces qui mettront le mobile en mouvement,
sont le poids du corps qui est dirigé suivant la verticale Gh,
menée par le centre de gravité G, et la résultante des pressions
verticales du fluide sur la surface du corps ; résultante qu' on
appelle la poussée du fluide, qui est égale au poids du
fluide déplacé, et qui agit au point (..) / N 5 oo /, en sens
contraire de la pesanteur, ou suivant la verticale (..) . Cette
verticale et la droite inclinée Go étant dans unme plan, se
couperont en un certain point M ; on appelle ce point d'
intersection, le métacentre ; et c' est, comme on va le voir,
de la position de ce point par rapport au centre de gravité G,
quepend la stabilité de l' équilibre. Il est permis de le
prendre pour point d' application de la poussée du fluide, qui
agira alors suivant la droite (..) ; le corps sera donc sollicité
par deux forces parallèles et contraires, appliquées aux
extrémités de la droite Go ; or, il s' agit d' examiner le
mouvement que prendra le mobile, et si ces forces tendront à le
ramener à la position d' équilibre, ou à l' en écarter davantage.
D' abord elles produiront un mouvement d' oscillations du point
G. En effet le centre de gravité
p406
doit se mouvoir comme si ces deux forces lui étaient directement
appliquées / N 398 / ; donc, à cause que sa vîtesse initiale est
nulle, son mouvement sera rectiligne, vertical, et uniquement dû
à l' excès de la plus grande des deux forces sur la plus petite.
Si, à l' origine du mouvement, le poids du corps l' emporte sur
la poussée du fluide, le point G commencera par descendre : son
mouvement sera d' abord accéléré ; mais à mesure que le corps s'
enfoncera dans le fluide, il enplacera un plus grand volume ;
la poussée du fluide augmentera donc ; et enfin, il arrivera un
instant où elle sera égale au poids du corps. Le point G
continuera encore de se mouvoir dans le même sens en vertu de sa
vîtesse acquise ; mais alors la poussée du fluide l' emportant
sur le poids du corps, son mouvement sera retardé ; le point G
s' arrêtera quand il aura perdu toute sa vîtesse, puis il
remontera vers sa position initiale, et il oscillera ainsi jusqu'
à ce que la résistance que le fluide me oppose au mouvement du
corps, ait entièrementtruit ce mouvement. L' amplitude de ces
oscillations sera d' autant plus petite, que la différence
initiale entre le poids du corps et celui du fluide déplacé sera
elle-même plus petite par rapport au poids du corps. Si le corps
a été très-peu écarté de sa position d' équilibre, cette
différence sera très-petite, l' amplitude de ces oscillations le
sera aussi, et ces petites oscillations du centre de gravité n'
auront aucune influence sur la stabilité de l' équilibre. Pendant
les oscillations du point G, le corps tournera autour de ce
centre comme s' il était fixe / N 4 o 2 / ;
p407
son mouvement de rotation sera donc produit par la poussée du
fluide, qui agit au point M suivant la direction (..) ; et son
état d' équilibre sera stable ou non stable, selon que, dans ce
mouvement, la droite Go reviendra à la position verticale, ou s'
en écartera davantage. Or, l' inspection de la figure suffit pour
montrer que la poussée du fluide ramènera la droite Go à la
position verticale, toutes les fois que le point M sera au-
dessus du point G ; au contraire, si le métacentre est au-
dessous du point G, en (..) , par exemple, la poussée du fluide
qui agira alors suivant (..) , écartera la droite Go de la
position verticale, et fera chavirer le corps flottant. Donc
quand le métacentre est au-dessous du centre de gravité d' un
corps flottant, tel que celui que nous considérons, l' équilibre
n' est pas stable ; et au contraire, lorsque le métacentre est au
-dessus de ce centre, l' équilibre est stable, du moins pour les
dérangemens dans lesquels le plan Ced reste vertical. Si, dans
un cas particulier, le métacentre coïncide avec le centre de
gravité, il n' y aura pas de mouvement de rotation, et la droite
Go conservera l' inclinaison qu' on lui aura donnée. 53 i
lorsque la forme du corps flottant sera connue, il sera toujours
facile, en le mettant dans une position très-voisine de sa
position d' équilibre, de déterminer le lieu du métacentre, ou
plutôt de reconnaître si ce point est au-dessus ou au-dessous du
centre de gravité du mobile. Supposons, par exemple, que ce corps
est un cylindre horizontal
p408
à base elliptique homogène, et d' une densité égale à la moitié
de celle du fluide ; soit Aebd / Fig 49 et 5 o /, une section
verticale, faite à égale distance des deux bases ; dans la
position d' équilibre, l' un des deux axes de cet ellipse sera
vertical ; et comme la moitié du volume sera plongée dans le
fluide, il s' ensuit que l' autre axe se trouvera à fleur d'
eau , et représentera le niveau du fluide. L' axe vertical Ed
est le grand axe dans la Fig 49, et le petit, dans la Fig 5 o ;
or, je dis que, dans le premier cas, le tacentre est au-dessous
du centre G de l' ellipse qui est aussi le centre de gravité du
cylindre, et qu' au contraire il est au-dessus dans le second cas
. En effet, menons par le point G une droite (..) qui fasse un
angle très-petit avec Ed ; concevons ensuite que l' on incline
l' axe Ed, de manière que (..) devienne verticale, et en même
tems, supposons qu' on élève ou qu' on abaisse un tant soit peu
le centre G, ensorte que le niveau du fluide devienne la droite
, perpendiculaire à la droite (..) au point (..) . Dans cette
position, la partie (..) de l' ellipse Aedb se trouvera plongée
dans le fluide ; cette partie est divisée en deux portions
inégales (..) , par la droite (..) ; or, il est évident que le
centre de gravité du fluide déplacé se trouvera quelque part en
un point (..) , compris dans la plus grande de ces deux portions ;
d' où l' on voit, en considérant les deux figures que la
parallèle (..) , à la droite (..) , ira rencontrer la droite De au-
dessous du centre G, dans la première figure, et au-dessus, dans
la
p409
seconde. L' intersection M est le métacentre qui se trouve placé
comme nous l' avions annoncé. Ainsi le cylindre que nous
considérons est dans une position d' équilibre stable ou non
stable, selon que le petit axe ou le grand axe de sa base est
vertical. En supposant que le corps tourne autour de la droite
horizontale qui joint les centres de ses deux bases, il passera
successivement par quatre positions d' équilibre, qui seront
alternativement stables et non stables, ce qui est conforme au
théorème du N 529.
p429
Usage du baromètre pour la mesure des hauteurs verticales. 539
un baromètre est formé, en général, d' un tube de verre
recourbé Abc / Fig 52 / ; la branche Ab est fere à son
extrémité supérieure A ; l' autre branche Bc est ouverte en C
; le tube est en partie rempli de mercure qui s' élève à des
hauteurs inégales dans les deux branches. Je suppose que ce
fluide s' élève jusqu' au point D, dans la branche Ab, et que
l' intervalle Ad, compris entre son niveau et le sommet de la
branche, soit exactement vide d' air ; soit aussi E, le niveau
du mercure dans la branche Bc qui communique avec l' atmosphère
; par le point E, concevons un plan horizontal qui coupe en F
la branche Ab ; la portion Feb de mercure sera d' elle-même en
équilibre ; il faut donc, quand la masse entière est en repos,
que la pression rapportée à l' unité de surface, exercée en F
par la colonne Df de mercure, soit égale à celle que l' air
exerce en E. La première de ces pressions est exprimée par Gmh,
G étant la pesanteur, M la densité du mercure, H la hauteur
verticale de son niveau D, au-dessus du point F ; puisque le
tube est ouvert au point C, la colonne d' air qui presse
p430
sur le mercure en E, doit être censée prolongée indéfiniment
dans l' atmosphère ; la pression que la surface du mercure
éprouve, est donc égale au poids de la colonne cylindrique d' air
, qui a pour base cette surface, et qui se termine à la limite de
l' atmosphère ; donc la pression rapportée à l' unité de surface,
qui a lieu au point E, est égale au poids d' une semblable
colonne, dont la base serait la surface qu' on prend pour unité :
on aura donc, en désignant ce poids par (..) , (..) . Diverses
circonstances, telles que les vents, la température, la quanti
d' eau suspendue dans l' air, font varier le poids (..) de la
colonne atmosphérique ; la hauteur H du mercure dans le
baromètre, doit varier dans le même rapport ; aussi cette hauteur
n' est-elle pas constamment la même dans le me lieu de la terre
. La hauteur la plus commune du baromètre, à Paris, paraît être
de 76 centimètres ; ses variations sont très-petites au-dessus
de ce terme ; mais au-dessous, elles s' élèvent souvent jusqu' à
environ de la hauteur moyenne. à mesure qu' on s' élève au-
dessus de la surface de la terre, le poids (..) et la hauteur H
diminuent ; ces diminutions dépendent de la hauteur à laquelle on
s' est élevé, et de la loi que suivent les densités des couches
atmospriques ; si cette loi nous était connue, on conçoit qu'
on pourraitterminer la différence des hauteurs verticales de
deux points, par la comparaison des hauteurs du baromètre en
p431
ces deux points ; mais pour découvrir cette loi, il est
nécessaire de recourir à quelques données de l' expérience qui
sont relatives à la densité de l' air sous différentes pressions
et à différentes températures, et que nous allons d' abord
exposer. 54 o supposons que la branche Bc de notre tube, au
lieu de s' ouvrir dans l' air libre, s' ouvre maintenant dans un
vase fermé, de petites dimensions, et rempli d' air ou d' un gaz
quelconque. On peut alors faire abstraction du poids de cette
petite portion de fluide ; mais à raison de son élasticité, ce
gaz exerce une certaine pression sur les parois du vase, qui est
la même en tous leurs points / N 482 / ; c' est la pression qu'
il exerce sur la surface du mercure, en E, qui soutient ce
fluide au-dessus du niveau F dans la branche Ab ; par
conséquent, H étant toujours la hauteur Df du mercure, le
produit Gmh sera la mesure de la pression du gaz, due à son
élasticité, et rapportée à l' unité de surface ; c' est-à-dire,
la mesure de ce qu' on appelle la force élastique du gaz. L'
appareil qui sert à la mesurer, se nomme un manomètre : il
consiste, comme on voit, en un baromètre ordinaire Abc, dont la
branche ouverte Bc communique dans un vaisseau fermé, dans
lequel on place le gaz ou la vapeur dont on veut connaître la
force élastique. La hauteur du mercure dans un baromètre dont la
branche ouverte communique avec l' atmospre, donne la mesure de
la force élastique de l' air, au point où ce fluide est en
contact avec le mercure ; car si l' on
p432
ferme l' ouverture C du tube Abc, sans rien changer à l' état
de l' air contenu dans la branche Ec, il est évident que l'
équilibre du mercure et de cet air ne sera pas troublé ; la force
élastique de cette portion d' air Ec, fait donc équilibre à la
pression de la colonne de mercure Fd ; donc cette force
élastique a pour mesure le produit Gmh. La force élastique d'
une portion d' air, contenue dans un vaisseau fer, ne varie pas
tant que cet air conserve la même densité et la même temrature
; si donc on transporte un manomètre d' un lieu dans un autre, et
qu' on ait soin de ne changer en aucune manière l' état de l' air
qu' il contient, le produit Gmh, qui mesure la force élastique
de cet air, ne devra pas changer non plus ; par conséquent, si la
gravité G varie d' un lieu à l' autre, la hauteur H du mercure
variera en raison inverse, en supposant que la densité M de ce
fluide ne change pas ; d' où l' on voit comment les variations
des hauteurs du mercure dans le manomètre, peuvent rendre
sensibles celles de la pesanteur à la surface de la terre, et
servir même à les déterminer / N 94 /. 54 i l' expérience a
appris que, la température restant la même, la force élastique d'
unme gaz à différentes densités, est proportionnelle à ces
densités. Ainsi, que l' on ait un gaz quelconque, contenu dans un
vase cylindrique vertical, et recouvert à sa partie supérieure,
d' un piston qui ferme exactement ce vase ; que ce piston soit
chargé d' un poids donné P, en y comprenant le poids même du
p433
piston ; qu' on substitue successivement à ce poids P, une suite
de poids 2 p, 3 p, 4 p, etc. : le gaz se comprime de plus
en plus, et l' expérience prouve que son volume devient
successivement la moitié, le tiers, le quart, etc., de ce qu' il
était d' abord ; sa densité devient donc, au contraire, double,
triple, quadruple, etc., de sa densité primitive ; c' est-à-dire,
que la densité croît dans le même rapport que le poids comprimant
; or, ce poids est la mesure de la force élastique du gaz ; donc
la densité est toujours proportionnelle à la force élastique, et
ciproquement. Maintenant supposons que le poids P restant le
me, on élève la température du gaz soumis à sa pression ; ce
gaz se dilatera, son volume croîtra et sa densité diminuera ; or,
on sait, par les exriences de M Gay-Lussac, I que tous les
gaz se dilatent uniformément, du moins dans l' intervalle de la
température zéro, à celle de (..) du thermomètre centigrade ; 2
que la dilatation due à un même accroissement de température, est
exactement la me pour tous les gaz, vapeurs ou mélanges de gaz
et de vapeurs ; 3 que le volume du gaz à la température zéro,
étant pris pour unité, cette dilatation commune est de O, Oo 37
5, par chaque degré du thermomètre ; de sorte qu' à la
température X, ce volume sera exprimé par (..) . Quoique cette loi
de dilatation ne soit vérifiée par l' exrience, qu' entre les
limites ro et (..) , nous pouvons l' étendre, par analogie, hors
de ces limites, et supposer que X représente ici un nombre
p434
quelconque de degrés du thermomètre centigrade, positif quand la
température est au-dessus dero, négatif quand elle est au-
dessous. On peut ramener ce volume (..) , à son état primitif, soit
en ramenant la température à zéro, soit en changeant le poids P,
qui comprime le gaz, sans changer la température ; de cette
seconde manière, il faudra substituer au poids P, un poids (..) ,
qui sera la mesure de la force élastique du gaz ramené à sa
densité première ; d' l' on conclut que le volume et la
densité d' un gaz quelconque restant les mêmes, sa force
élastique augmente dans leme rapport que sa température. Si,
d' une part, la force élastique d' un gaz est proportionnelle à
sa densité, quand la température ne varie pas ; que d' un autre
té, cette force croisse dans le me rapport que la température
, lorsque la densité reste la même, il est aisé d' en conclure l'
intensité de cette force, en fonction de ces deux élémens
supposés variables ensemble : en signant par (..) , la densité ;
par X, le nombre de degrés du thermomètre centigrade, qui marque
la température ; par P la force élastique du gaz, ou la pression
qu' il exerce sur l' unité de surface, nous aurons (..) ; A étant
le rapport de la force élastique à la densité, à la température
ro. Ce coefficient A est constant pour un même fluide
élastique ; mais il varie d' un fluide à un autre, et il doit
êtretermi
p435
par l' expérience, pour chaque gaz en particulier.
p443
Du mouvement d' un fluide pesant. 545 l' hydrodynamique est la
partie de la mécanique rationnelle qui traite du mouvement des
fluides ; l' application des principes de cette science à l' art
de conduire les eaux et de les faire servir à mouvoir les
machines, se nomme hydraulique . En appliquant aux fluides le
principe de D' Alembert, on formera immédiatement les équations
générales de leur mouvement, d' après celles de leur équilibre ;
mais comme ces équations sont très-compliquées, il y a des
questions relatives au mouvement des fluides, dont il est plus
simple de chercher directement la solution, que d' essayer de la
déduire de ces équations générales ; c' est pour cette raison qu'
avant de les donner, je vais considérer en particulier le
mouvement des fluides pesans, et résoudre, par rapport à ces
fluides, plusieurs probmes importans qui dépendent d' une
analyse fort simple.
p458
554 la dépense par un orifice très-petit, calculée d' après
cette théorie, ne s' accorde point avec celle qui résulte de l'
expérience : celle-ci est toujours moindre que la première, et il
paraît que le rapport de l' une à l' autre est une quanti
constante qui ne varie ni avec la largeur de l' orifice, ni avec
la hauteur du niveau. D' après les expériences les plus récentes,
ce rapport est égal à la fraction O, 62 ; de sorte que la
dépense qui a réellement lieu, par l' orifice K, la hauteur du
niveau étant constante et égale à H, doit être exprimée par (..) ,
au lieu de (..) ; (..) étant toujours la hauteur qu' un
p459
corps pesant parcourt dans le vide, pendant le tems correspondant
à cette dépense. Cette différence entre la théorie et l'
expérience est due à la contraction que le fluide éprouve à
la sortie du vase ; phénone qu' on attribue aux directions que
prennent les molécules, quand elles s' approchent de l' orifice,
et d' après lesquelles elles concourent toutes vers cet orifice :
lorsqu' elles sont sorties du vase, elles conservent encore, en
partie, ces directions ; ce qui produit un rétrécissement dans la
largeur de la veine fluide, qui subsiste jusqu' à une certaine
distance de l' orifice. On s' est assuré par l' expérience, qu'
en enfermant la veine fluide dans une enveloppe exactement de
me forme qu' elle, partant de l' orifice, et se terminant à l'
endroit de la plus grande contraction, la pense n' est ni
augmentée, ni diminuée par l' addition de cette paroi ; d' où l'
on a conclu que la dépense est la même que si le vase se
prolongeait jusqu' à la plus petite section de la veine fluide,
et que cette plus petite section fût effectivement l' orifice par
lequel l' eau s' écoule. La distance à l' ouverture du vase est
toujours très-petite, de manière que la hauteur H du niveau
reste à-peu-près lame, en substituant un orifice à l' autre ;
en désignant donc par (..) , la largeur de la veine fluide à l'
endroit de la plus grande contraction, on devra avoir (..) , pour
la dépense pendant un tems don; or, cette dépense est égale,
d' après l' expérience, à (..) ; il en faut donc conclure que (..) ,
c' est-à-dire, que la plus petite largeur de la veine fluide est
à la largeur
p460
de l' orifice, dans le rapport constant de la fraction O, 62 à
l' unité : conclusion qui est confire par des mesures directes.
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