en distinguent surtout par le dégagement de chaleur, 6 à 8 fois
aussi considérable, qui s' accomplit lors de leur formation. En
raison de cette circonstance, les corps nitrés sont beaucoup plus
stables que les éthers azotiques. En effet l' eau et les alcalis,
mis en présence de ces corps, ne fournissent plus l' énergie
suffisante pour les dédoubler régulièrement dans leurs
générateurs. Cependant l' aptitude explosive des corps nitrés est
encore considérable, bien que leur tendance à éprouver une
combustion interne, ainsi que la violence de l' explosion qui en
résulte, sont moindres que pour les éthers isomères. 6
dérivés azoïques. un troisième groupe, celui des dérivés
azoïques, résulte de l' association des éléments de l' ammoniaque
avec les éléments azotiques ou azoteux dans un même composé : ce
sont des corps comparables à l' azotite d' ammoniaque, et qui se
décomposent de même très-aisément en dégageant de l' azote,
souvent même avec explosion ; par suite de la réaction interne du
résidu azoteux sur le résidu ammoniacal qui concourent à les
former. Ce groupe de composés azotés a été l' objet d' études
nombreuses et approfondies de la part de M Griess. Iv alcalis.
La découverte des alcalis végétaux, faite il y a soixante ans,
frappa au plus haut degré l' attention générale. On connaissait
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depuis longtemps les propriétés éminemment actives ou vénéneuses
de l' opium, du quinquina, des sucs de l' ellébore, de l' aconit,
du tabac, de la ciguë, de la fève de saint-Ignace et d' un grand
nombre d' autres substances végétales, employées pour la plupart
en médecine. Mais la nature des principes immédiats auxquels sont
dues de telles propriétés demeurait inconnue ; lorsque, en I 8 i
6, Sertürner découvrit que l' on pouvait extraire de l' opium
une substance cristallisée, la morphine, douée de propriétés
semblables à celles de l' ammoniaque et des alcalis minéraux,
apte à bleuir le tournesol et à former avec les acides des sels
parfaitement définis. C' est le premier alcali organique connu ;
il est formé de quatre éléments, le carbone, l' hydrogène, l'
oxygène et l' azote. L' action physiologique de l' opium réside
en grande partie dans la morphine qu' il renferme. Cette
découverte, d' abord contestée, puis démontrée sans réserve
possible, excita vivement l' étonnement des chimistes et dirigea
leur attention sur la recherche des principes analogues contenus
dans un grand nombre de sucs végétaux. Bientôt les principes
actifs et vénéneux des strychnées, du veratrum album et des
quinquinas furent isolés par Mm Pelletier et Caventou : ces
principes étaient également des alcalis puissants, aptes à s'
unir avec les acides ; tous étaient azotés et de nature
quaternaire. La voie ouverte, les recherches s' y multiplièrent.
Après la morphine, la strychnine, la brucine, la vératrine, la
quinine, la cinchonine, vinrent l' aconitine, principe actif de
l' aconit ; l' atropine et la solanine, principes actifs des
solanées ; la caféine, principe actif du thé et du café ; la
nicotine, principe actif du tabac ; la conine, principe actif de