champ qui a déjà été remanié dans le cours des âges, et qui l'
est encore incessamment suivant les modifications des niveaux de
base et les oscillations de climat. Ce qu' on appelle le climat
d' une contrée est une moyenne à laquelle contribuent la
température, l' humidité, la luminosité, les vents ; mais l'
évaluation de ces divers éléments ne donnerait qu' une idée fort
incomplète, si l' on ne cherchait pas de quelle façon ils se
combinent, non seulement entre eux, mais avec le relief, l'
orientation, les formes du sol, la végétation et même les
cultures. Voit-on, par exemple, le maximum saisonnier de chaleur
coïncider avec le maximum d' humidité ? Tous les caractères d' un
certain type de climat, celui du sud de la Méditerranée, se
dressent devant l' esprit. D' autres types, avec de multiples
nuances, correspondent, au contraire, aux divers régimes de
pluies d' été. La diversité d' éléments à considérer n' est pas
moindre dans le domaine des êtres vivants. La végétation d' une
contrée est un ensemble composite, dans lequel on distingue des
plantes de provenances diverses : les unes envahissantes, les
autres réfugiées, d' autres qui sont des legs de climats
antérieurs, d' autres qui ont suivi d' elles-mêmes les cultures
de l' homme. Tout indique aussi, à mesure que l' on avance dans
l' examen et l' analyse des faunes régionales, leur caractère
composite. Des migrations, dont le sens et les dates nous
échappent le plus souvent, ont brassé les tribus d' êtres vivants
, y compris les hommes ; et c' est de leurs résidus que se sont
formés, sur les diverses contrées où ils ont pu se concentrer,
les occupants qu' on y rencontre. Tandis que les classifications
linguistiques nous donnent
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l' illusion de grands groupes humains, les indices que
fournissent l' anthropologie et la préhistoire s' accordent à
montrer la diversité des races qui, à la manière d' alluvions
successives, ont formé la plupart de nos peuplements. L' analyse
de ces éléments, l' étude de leurs rapports et de leurs
combinaisons, composent la trame de toute recherche géographique.
Il ne peut plus être question, d' après ce point de vue, d' une
antinomie de principe entre deux sortes de géographie : l' une
qui, sous le nom de géographie générale, en serait la partie
vraiment scientifique ; et l' autre qui s' appliquerait, sans
autre fil conducteur qu' une curiosité superficielle, à la
description des contrées. De quelque côté qu' on les envisage, ce
sont les mêmes faits généraux, dans leurs enchaînements et leur
corrélation, qui s' imposent à l' attention. Ces causes, s' il
est permis de se servir de ce mot ambitieux, engendrent en se
combinant les variétés sur lesquelles le géographe travaille :
soit qu' il se propose de déterminer des types de climats, de
formes de sol, d' habitat, etc., comme il le fait quand il traite
de géographie générale ; soit qu' il s' efforce de caractériser
des contrées, de les peindre même, car le pittoresque ne lui est
pas interdit. Iii-les surfaces. Le champ d' étude par excellence